L'Union européenne envisage d'imposer des droits de douane sur les voitures électriques venant de Chine, et cela pourrait mettre Tesla dans une situation délicate. Alors que presque la moitié des ventes mondiales de Tesla sont réalisées en Europe et proviennent de Chine, quel sera l'impact de ces possibles droits de douane sur l'entreprise?
La France ouvre la voie
Pour rappel, la France avait déjà amorcé une mesure comparable, retirant certains avantages pour les véhicules électriques en provenance de Chine. Cette démarche franco-française était motivée par un équilibre subtil visant à éviter les foudres réglementaires de l'Union européenne. Le gouvernement français a opté pour un critère environnemental pour trancher, en prenant en compte les émissions de CO2 générées durant le cycle de production et de distribution des voitures.
La stratégie française a une incidence surtout sur les voitures importées, notamment celles en provenance de Chine. Ce choix repose sur la conviction que le processus de fabrication en Chine est plus polluant qu'en Europe. En y ajoutant l'impact écologique du transport jusqu'au Vieux Continent, ces véhicules sont écartés des aides à l'achat.
L'Europe en plein questionnement
Au-delà de la France, c'est maintenant au tour de l'Union européenne de se pencher sérieusement sur la question. Une enquête est en cours pour évaluer les avantages que le gouvernement chinois accorde aux constructeurs de voitures électriques, afin de déterminer s'il s'agit d'une concurrence déloyale. Cette enquête, citée par Bloomberg, comprend également Tesla dans son périmètre d'investigation.
Les informations actuelles laissent penser que Tesla aurait pu profiter de conditions fiscales avantageuses en Chine, sans avoir à s'associer à des entreprises locales comme c'est le cas pour certains constructeurs européens. Si l'Union européenne conclut que Tesla a bénéficié d'un avantage compétitif grâce à ces conditions, des droits de douane pourraient être imposés, bouleversant ainsi l'équilibre économique de la marque sur le marché européen.
Tesla, le cas particulier
Tesla n'est pas n'importe quel constructeur. Son modèle le plus vendu en Europe, la Model Y, est justement fabriqué à Shanghai. Cette voiture, ainsi que la Model 3, représente une part significative des ventes européennes de l'entreprise. Selon les données de Schmidt Automotive Research, Tesla a vendu 93 700 véhicules fabriqués en Chine en Europe au cours des sept premiers mois de 2023, ce qui représente près de la moitié de ses ventes mondiales.
La situation pourrait cependant être différente pour la Tesla Model 3, fabriquée à Berlin. Il serait techniquement possible pour Tesla de réaffecter une partie de sa distribution et de remplacer les véhicules venant de Chine par ceux fabriqués en Allemagne.
Le futur se trouble pour les voitures électriques chinoises en Europe et Tesla pourrait bien être un dommage collatéral de cette nouvelle orientation politique. Tandis que l'Union européenne continue sa réflexion, la question reste ouverte : osera-t-elle franchir le pas et imposer des droits de douane ? Si c'est le cas, cela pourrait avoir un impact non négligeable sur le paysage automobile européen et sur les ambitions de Tesla en particulier.