
Avec l'avancement des systèmes de télétravail, la mobilité de la main-d'œuvre des talents nécessaires dans certaines industries n'est plus nécessairement liée à une mobilité réelle. Un ingénieur spécialisé résidant en Lettonie peut travailler sans problème majeur pour une entreprise en France sans avoir à s'y installer. L'Europe semble encourager ces nouvelles pratiques, bien qu'il faille y apposer un nouveau cadre législatif.

L'essor du télétravail : des avantages mais aussi des inconvénients pour les travailleurs
La pandémie de COVID-19 a accéléré la transformation du marché du travail européen, avec un recours massif au télétravail. En 2022, près d'un tiers des travailleurs de l'Union européenne ont télétravaillé au moins une partie de leur temps, contre 10 % en 2019.
S'il est devenu extrêmement important pour une entreprise du tertiaire de proposer des jours de télétravail à ses employé(e)s, ce n'est pas pour rien : le télétravail présente de nombreux avantages pour les travailleurs, tels que la flexibilité, la réduction des temps de transport et une meilleure conciliation entre vie professionnelle et vie privée. Ceci étant dit, cette pratique pose également des défis, notamment en matière de :
- Coordination des législations nationales : puisque le télétravail permet de bosser pour une entreprise française depuis l'étranger (ou l'inverse), il faudrait que les législations nationales en matière de travail s'harmonise, au moins au niveau de l'UE.
- Protection des droits des travailleurs : Le télétravail peut entraîner une perte de droits pour les travailleurs, notamment en matière de santé (pas de médecine du travail à distance, différents régimes de sécurité sociale entre les pays...), de sécurité (votre employeur ne sera pas forcément tenu responsable en cas d'accident domestique), de temps de travail et de rémunération.
Tous les analystes sont unanimes : le développement du télétravail est une tendance qui va se poursuivre dans les années à venir. Les nouvelles mesures proposées par l'Union européenne permettront de garantir que cette évolution se fasse dans le respect des droits des travailleurs et des principes de l'économie sociale de marché.
Vers un marché du travail européen plus unifié ?
Car oui, à l'échelle nationale ou européenne, les législateurs des pays membres de l'UE sont en train de travailler pour faire advernir cette harmonisation. Dans cet élan, un communiqué de presse du ministère du Travail en date du 30 juin 2023 affirme que la France sera signataire d'un accord-cadre européen concernant le télétravail transfrontalier. Mais ce n'est pas tout.
Grâce à des initiatives telles que le portail EURES, les outils nécessaires sont activés pour permettre aux entreprises et aux travailleurs d'entrer en contact. Cet outil sera renforcé à la fin de l'automne avec l'arrivée d'une plateforme commune à l'ensemble de l'UE et d'un système informatique comparant l'offre et la demande à partir des données fournies par les entreprises et les candidats.
Cependant, tous ces efforts seront vains si les procédures entre les administrations du travail et de la sécurité sociale des différents pays ne sont pas simplifiées pour établir un accord qui amène la liberté de mouvement pour résider et travailler dans n'importe quel État également au domaine du télétravail. Face à la pénurie de talents et de main d'œuvre qualifiée dans certains pays, il semble que tout sera fait pour que le marché du travail évolue vers toujours plus de flexibilité.
Afin d'illustrer au mieu ce constant, nous pouvons citer le ministre de l'Inclusion de la Sécurité sociale et des Migrations espagnol, interrogé à ce sujet chez La Información : "Les nouvelles façons de travailler, comme le travail à distance, soulignent que cette coordination est plus que jamais nécessaire, dans le but de promouvoir la mobilité du travail intra-européenne, d'évoluer vers un marché du travail plus intégré ou d'attirer des talents internationaux, dans un marché du travail européen affecté. par les tendances démographiques".