De nombreux pays font face à une pénurie de métaux rares. Pour en trouver, certains d’entre eux ont décidé de jouer la carte du recyclage, en réutilisant certains éléments de vieilles éoliennes. Un choix qui résout deux problèmes d’un coup.
Face à la pénurie de certains métaux rares, certains pays, comme le Royaume-Uni, cherchent des solutions pour en trouver dans des appareils à recycler. Cela concerne notamment les turbines des éoliennes qui, une fois arrivées en fin de vie, doivent être démantelées de toute façon. Pour l’entreprise SEM, cette démarche a d’autant plus de sens qu’elle est en totale cohérence avec l’esprit de développement durable que l’on associe généralement aux éoliennes.
En effet, les éoliennes sont conçues pour générer de l’électricité grâce au vent, une source d’énergie écologique et renouvelable qui facilite la décarbonation. Cependant, lorsqu’elles arrivent en fin de vie, elles deviennent un véritable boulet pour l’environnement, car leur démantèlement est long et coûteux. Selon WindEurope, d’ici 2025, ce sont près de 25 000 tonnes de pales d’éoliennes qui vont arriver en fin de vie chaque année.
Les éoliennes, une source de métaux rares
Essentiellement composées de résines et de fibres de carbone, les pales des éoliennes contiennent aussi du niobium, du tantale et du rhénium, des métaux rares qui sont essentiels à la résistance et à la stabilité des machines à fort impact. Ces métaux rares sont généralement extraits dans des pays étrangers, avec des méthodes qui sont novices pour l’environnement. C’est là tout le paradoxe de cette énergie verte.
Cependant, en récupérant ces métaux rares, les fabricants d’éoliennes pourraient les réutiliser pour concevoir de nouveaux modèles. C’est une démarche qui semble tout à fait logique, et pourtant aujourd’hui, les pays comme le Royaume-Uni ne disposent pas de solutions pour extraire ces matériaux des anciennes éoliennes. Les entreprises britanniques qui veulent le faire et récupérer les métaux sont obligées d’envoyer les déchets au Canada, où se trouve une usine de traitement. Une démarche coûteuse, et pas vraiment écoresponsable.
Un objectif pas seulement environnemental
Aujourd’hui, l’Industrial Biotechnology Innovation Center (IBIOIC) demande de l’aide au SEM et à l’Université d’Édimbourg pour chercher une solution viable pour « extraire des éléments rares des métaux d’alliage de ferraille ». Si une méthode efficace était trouvée, non seulement cela rendrait la démarche plus écologique, mais cela permettrait aussi au Royaume-Uni de réduire sa dépendance aux chaînes d’approvisionnement étrangères, qui comportent certains risques, comme ont pu le prouver la pandémie et les conflits géopolitiques.
Le SEM semble être en bonne voie de trouver une solution viable. La firme a développé un système, nommé, DRAM, qui utilise des produits issus de la distillation du malt de whisky, et a été conçu à l’origine pour extraire les métaux précieux des déchets électroniques : « Après avoir traité les matériaux d’alliage et séparé les différents composés, le système DRAM agit comme un filtre pour garantir que les déchets liquides résultants peuvent être éliminés en toute sécurité. »
« Nous avons déjà travaillé avec l’Université d’Édimbourg sur des méthodes d’extraction en toute sécurité des métaux des déchets électroniques et avons vu une opportunité d’explorer une technique similaire pour séparer les différents métaux dans les alliages », explique Leigh Cassidy, scientifique principal au SEM. « S’il est utilisé à grande échelle, ce type de processus pourrait donner un grand coup de pouce à la fabrication britannique et débloquer une nouvelle chaîne d’approvisionnement circulaire durable où les métaux rares sont récupérés à partir d’alliages existants. »
Une lueur d’espoir qui pourrait donc résoudre de multiples problèmes, y compris écologiques : « Seules de petites quantités de ces métaux rares sont obtenues à la suite des processus miniers destructeurs, mais avec un processus comme celui-ci adopté à grande échelle, il ne devrait pas être nécessaire de causer des dommages supplémentaires à la planète. » Désormais, les chercheurs et ingénieurs doivent persévérer pour rendre cette solution viable, pour pouvoir commencer à l’utiliser au moment où les pales vieillissantes des éoliennes vont se faire plus nombreuses que jamais dans quelques années.