Dune pierre, Deck coups : assez pour battre FF16 ?

Hier, les développeurs du studio Deck13, épaulés par l’éditeur Focus Entertainment, sortaient Atlas Fallen avec la sensation d’être attendu au tournant. Et pour cause, le studio s’est fait remarquer, de manière positive, avec la sortie de The Surge 2 quelques années plus tôt. Au-delà de livrer un jeu de bonne facture, Deck13 réussissait l’exercice périlleux de la suite et embellissait la licence qui n’avait pas fait la meilleure des entrées en matière. On comprend donc mieux l’attente autour de cette première incursion du studio sur les consoles de nouvelle génération. Maintenant, Atlas Fallen a l’ambitieuse mission de faire d’une pierre deux coups en transformant l’essai, d’un côté, et en proposant un action-RPG original et pêchu, de l’autre. Après une grosse dizaine d’heures, on est en mesure de dire que la nouvelle production de Deck13 ne parvient pas vraiment à faire ce ricochet.

Pourtant, il y a un monde où Atlas Fallen avait l’opportunité de s’engouffrer dans une brèche, ouverte par les joueurs de Final Fantasy 16 qui pouvaient lui reprocher son manque de profondeur. Finalement, on réalise que même si le gameplay de FF16 n’est pas irréprochable, il y a tout de même une classe d’écart entre les deux softs. Manette en mains, Atlas Fallen est bel et bien un jeu vidéo AA qui cherche à compenser son budget moindre en ressassant tout un tas d’inspirations néanmoins saupoudrées de quelques touches d’originalité. Oui, il y a du Souls-like dans Atlas Fallen avec ses décors démesurés qui nous écrasent et nous font nous sentir extrêmement vulnérables, avec ses combats exigeants et ses monstres à ne pas sous-estimer, … Cependant, le titre prend habilement le contrepied avec des environnements plus chaleureux – du moins, en apparence –, et avec un dynamisme et quelques idées de gameplay qui changent la manière d’appréhender les affrontements, au-delà de l’éternel combo esquive-parade. C’est donc en partie sur ce point et sur son système de combat qu’Atlas Fallen atténue la déception globale.

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Une main de fer dans un gant(elet) bien usé

Plus le temps passe, plus Atlas Fallen apparaît comme un titre inégal, le genre de production qui s’appuie sur de bonnes idées mais qui échoue à les concrétiser totalement. Prenons les combats, par exemple. Dès les premiers instants, on apparaît sous les traits d’un piètre guerrier sans-nom dont la destinée a bien plus d’ambition qu’une vie dans l’anonymat et la servitude. Tombant nez à nez avec un artefact mystique des temps anciens, notre héros – dont on peut personnaliser l’apparence en début d’aventure – « s’élève » dans un monde en ruine et rempli à ras bord de sable. De cet univers, des pierres d’essence (que l’on récolte ou que l’on peut crafter) prennent vie et seront source de pouvoirs pour cet artefact qui n’est autre qu’un gantelet. Grâce à lui, on est en mesure de se défendre face aux Ombres tandis que chaque coup contribue à alimenter notre jauge de Ferveur.

L’idée originale de Deck13 a été de penser ce système de pierres d’essence en le jumelant à la jauge de Ferveur. On s’explique. Votre Gantelet se décompose en trois niveaux (déblocables au fur et à mesure) où l’on peut placer deux types de pierres d’essence (actives (les compétences) et passives (les attributs)) qui ne s’activent, en combat, qu’au fur et à mesure du remplissage de la jauge de Ferveur. Concrètement, une pierre en deuxième position ne sera active que lorsque notre Ferveur aura atteint sa position sur la jauge. Au fil de l’aventure, les possibilités s’étendent (on peut placer plus de pierres, on en récolte davantage, on peut multiplier les combinaisons) et on peut même planifier des préréglages pour changer de manière de combattre à la volée. Toutefois, plutôt qu’une escalade de puissance – quand bien même l’accroissement de la force de son personnage se fait clairement sentir au fil du jeu –, il y a un twist qui vient pimenter cela : la Dévastation.

On l’a dit, notre Gantelet est segmenté en trois portions et à chacune d’elles, sur la jauge de ferveur, correspond un niveau de Dévastation. Ce coup spécial, déclenché par une double pression des gâchettes, est effectivement destructeur mais il y a un revers à cette médaille. Si vous voulez déclencher le plus haut niveau de Dévastation, il faudra accumuler énormément de ferveur sauf que cela expose votre personnage à des coups tout aussi dévastateurs de la part des ennemis. En l’occurrence, une attaque ennemie vous fera subir plus de dégâts en fonction du remplissage de la jauge de Ferveur, ce qui veut dire qu’il faudra soit être très vigilant au moment de placer une parade, soit d’être d’une agilité sans faille au moment d’esquiver les coups. Auquel cas, la santé du héros se retrouve rapidement dans le rouge. Dommage que la globalité du système de combat ne soit pas aussi exaltante que cette idée…

Certes, il y a d’autres choses qui viennent s’y greffer : un système d’idole (qui permet de se soigner et de bénéficier d’un passif), un trio d’armes (courte/moyen/longue portée), un système d’armure rudimentaire, … Mais on ne peut s’empêcher d’avoir quelques regrets : pourquoi si peu d’armes, pourquoi pas de builds autour de l’équipement, pourquoi pas plus de flexibilité sur les pièces d’armure ? En réalité, il y a de bonnes choses dans le gameplay mais l’on se heurte à la gourmandise qu’il suscite en nous et qui nous laisse sur notre faim. Après, ce n’est pas le seul souci. Ce qui nous vient en tête, ce sont les combats parfois imprécis voire même brouillons en raison d’un manque de lisibilité et d’une caméra parfois à la rue, surtout quand on doit gérer un boss (la technique est de détruire les parties de son corps, ce qui impacte également la qualité du loot final octroyé par le monstre) et que d’autres créatures nous assaillent. Et puis, il y a aussi la sensation ambiguë d’avoir, à la fois, un personnage agile (esquive, dash) qui, à l’inverse, ne paraît pas aussi vif dans ses coups. Bref, un problème d'inertie. En fin de compte, la globalité ne fait pas honneur à l’originalité et on se lasse des combats qui sont, en plus de ça, assez épars compte tenu de la grandeur des lieux.

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« Seum sur le sable, les yeux en eau »

Avec le recul, on a le sentiment qu’Atlas Fallen a le postérieur entre deux monticules de sable. Un peu comme nous d’ailleurs puisque l’on est mitigé par cette expérience mi-cahier des charges mi-originale, et l’on ne fait pas seulement allusion au cœur même du gameplay et à son côté action-RPG. L'univers est clairement dépaysant mais les soucis liés à l’aventure le rendent bien moins impactant : on a du mal à s’impliquer dans la trame principale – bien qu’il y ait des sous-textes intéressants comme la révolte des esclaves, la critique religieuse, … –, notamment parce qu’elle ne parvient pas à définitivement nous emporter et à souffler un vent épique, celui-là même qui aurait pu nous faire dévaler les pentes de sable d’Atlas Fallen avec le sourire et l’exaltation au bord des lèvres. C’est bien dommage et ça nous attriste parce que son lore méritait plus. Et, il fallait s’y attendre, son contenu annexe, assez superficiel, ne change pas la donne.

Le jeu a beau être rempli d’essences, il paraît en manquer en termes de contenu : les quêtes annexes et autres missions nous font certes apprécier de glisser sur le sable chaud d’Atlas Fallen, mais cela agrémente très rarement la narration. À peine a-t-on le droit d’avoir un peu plus d’informations sur le quotidien des habitants de ce monde et leurs difficultés. La plupart du temps, le gras du jeu en matière d’activités annexes se résume à aller d’un point A à un point B, éliminer quelques monstres, trouver tel ou tel objet/personnage, accomplir telle ou telle tâche : plutôt que d'ajouter une saveur particulière, cela contribue seulement à l'indigestion.

À noter aussi que la trame principale n’est guère révolutionnaire dans ses objectifs à accomplir et qu’elle est même étirée à l’aide des sempiternels allers-retours et des mêmes schémas frustrants qui consistent, à intervalles réguliers, à balayer la carte – le jeu fait le choix de plusieurs zones semi-ouvertes et n’est pas un véritable open-world – pour récupérer des fragments de Gantelet, cassant ainsi le rythme de la narration. Cerise sur le gâteau d’une déception des plus amères qui nous fait essuyer quelques larmes, on souligne aussi des problèmes de lisibilité au niveau de la carte des différentes zones (notamment les zones désertiques) et du remplissage un peu flagrant (cartes au trésor, faisceaux à relier, collectibles disséminés dans les zones) qui vise à gonfler une durée de vie aux alentours d’une trentaine d’heures pour être bouclée à 100%. Ce qui peut à la rigueur sauver une partie du jeu, c’est la possibilité de parcourir l’aventure, de A à Z, avec un autre joueur en ligne grâce à sa composante coopérative. Malgré cela, on ne peut que déplorer la chute de Deck13 et non celle d’Atlas.

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Rattrapé par un classicisme des plus décevants, Atlas Fallen n’arrive pas à inverser la tendance à l’aide de ses idées originales (notamment dans son gameplay) et de son univers si particulier et parfois même chatoyant. Au-delà d’avoir du sable entre les mains, Deck13 avait peut-être de l’or mais celui-ci a seulement permis de forger une réplique en toc à l’aspect clinquant. Non, ce n’est pas un grain de sable qui nous provoque de telles rougeurs aux yeux, mais bien l’infinie tristesse de voir que cette promesse d’un bel action-RPG a été si vite balayée par les nombreux défauts d’une aventure soufflant beaucoup trop le froid et pas assez le chaud.

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