87% des jeux seront perdus à jamais, c'est la conclusion alarmante de la toute première étude sur l'héritage des jeux à travers les générations.
Le jeu vidéo est aujourd'hui, et à juste titre, communément admis comme un art. La conservation dans l'art a toujours été un sujet important, pour continuer de transmettre la culture aux futures générations, de perpétrer l'héritage. La question de la conservation vient donc logiquement se greffer au jeu vidéo. D'autant plus que pour celui-ci, conserver un jeu veut aussi dire le rendre utilisable sur des équipements modernes, faciles à trouver. Plusieurs associations, telles que MO5 en France, sont chargées de conserver le patrimoine du jeu vidéo. Notamment pour le faire découvrir au plus grand nombre en conservant et en entretenant d'anciennes machines.
Les responsables de ce genre d'associations sont souvent des passionnés de rétrogaming et désireux de partager leur savoir, mais le public reste relativement limité par rapport à la masse entière de joueurs. Par conséquent : 87% des jeux d'anciennes générations ne sont plus disponibles "facilement". À l'heure actuelle, on ne peut pas utiliser 87% de l'histoire du jeu vidéo et de son patrimoine puisqu'ils ne sont tout simplement pas compatibles avec le matériel moderne. Ces jeux n'ont pas connu de réédition ou de portage, ou même de technique facile d'usage (Mini console rétro par exemple).
Presque 9 jeux sur 10
C'est donc la triste conclusion de la toute première étude sur le sujet, tenue par la Video Game History Foundation. L'étude ne se limite pas à cette donnée et beaucoup d'autres sont intéressantes. Par exemple, aucune génération de consoles n'a un taux supérieur à 20% de "réutilisation des titres". Cela paraît évidemment complexe d'atteindre les 100%, et pour plusieurs raisons. Premièrement, il y a énormément de jeux qui sortent, devoir tous les portés à chaque fois sur les générations suivantes semblent impossible. D'autres jeux avaient peu de choses à proposer à leurs sorties et n'ont pas forcément marqué les esprits, et ils n'auraient pas non plus grand chose à proposer aujourd'hui.
Tout le monde devrait pouvoir facilement chercher, trouver et jouer à d'anciens jeux vidéo, de la même manière qu'on peut lire de vieux romans, écouter d'anciens albums de musique et regarder des vieux films. Video Game History Foundation dans "87% MISSING: THE DISAPPEARANCE OF CLASSIC VIDEO GAMES"
Le problème majeur se trouve en réalité du côté de la loi des copyrights (équivalents des droits d'auteur), qui empêchent des organismes comme la fondation pour l'histoire du jeu vidéo de rendre ces copies libres d'accès. Le jeu vidéo est alors renvoyé à son statut d'objet commercial qui doit forcément générer un minimum de revenu pour être rentable, et donc impossible d'imaginer un financement pour une réédition gratuite. Cette étude est donc là pour servir d'argument à la bataille en cours avec les institutions chargées des droits d'auteur qui assurent que le jeu vidéo en tant qu'art est bien préservé.