Un mois après la sortie de son jeu, ce développeur indépendant français partage sa déception face aux ventes qui peinent à décoller. Mais tout n’est pas perdu pour cette pépite française et, surtout, les développeurs indés…
The Wreck, le naufrage ?
Il y a un mois, un petit jeu indépendant (et français) pointait le bout de son nez. Son nom ? The Wreck. Développé par The Pixel Hunt (Enterre-moi, mon Amour, Inua - A Story in Ice and Time), le titre est un jeu narratif un peu particulier et surtout très émouvant. À travers l’histoire de Junon, ce sont des émotions telles que le deuil, l’amour, le pardon et la rancune familiale qui sont décortiquées avec soin. Ces thèmes résonnent tout particulièrement chez Florent, à la tête de The Pixel Hunt. Il y a quelques années, il a eu un accident de voiture avec sa fille à l’arrière du véhicule. C’est cet événement traumatique et les angoisses qui ont suivi qui ont notamment inspiré The Wreck. Et ça se voit.
The Wreck aborde des sujets graves avec un ton criant de vérité, une authenticité brute comme on en voit rarement. Et forcément, cela s’est ressenti sur les retours et les critiques. En France, le jeu a reçu des retours plus que positifs et on avait nous-même beaucoup apprécié le jeu. Mais cela n’a hélas pas suffi. Le jeu s’est vendu à quelques milliers d’exemplaires et, un mois après sa sortie, il suscite peu d’intérêt de la part des joueurs (2 versions vendues sur Steam par jour en moyenne). Florent, qui a partagé son ressenti sur Reddit, se dit “triste” de la situation, bien qu’il savait que la tâche ne serait pas facile : “premièrement, il ne correspond pas à un genre en particulier, mais la famille dont il se rapproche le plus, les visual novel (même si ça n’en est pas vraiment un mais bon), se classe souvent parmi les pires ventes sur Steam. Et puis, il y a le thème. Le monde d’aujourd’hui est dur, et les gens ont tendance à jouer à des jeux pour s’échapper du monde réel, pas pour s’y replonger.” Son post Reddit est chargé en émotions, l’émotion d’un créateur qui se met à nu et qui se demande “à quoi bon ?”
J'ai pu jouer à The Wreck en avance et j'ai adoré. C'est particulièrement bien écrit, ça aborde des thèmes difficiles, mais de manière très subtile et sans misérabilisme. Si vous cherchez un jeu narratif (n'y allez pour le gameplay) qui se fait en moins de 5h, foncez https://t.co/vFUJ1qvLuJ
— JK Lauret (@jklauret) March 14, 2023
Tout n’est pas perdu pour les indés
Mais tout n’est pas morne et gris. Florent lui-même reconnaît qu’au vu des circonstances, The Wreck ne s’en sort pas si mal après tout : “peu importe à quel point vous rêvez de sortir un jeu qui se vend à plus d’un million d’exemplaires, ces chiffres ne sont pas mauvais. The Wreck n’est pas un naufrage. Le marché est plutôt dur ces derniers temps, et je sais de source sûre que nous ne sommes pas les seuls dans cette situation.” Vous l’aurez compris, il n’est pas facile d’être un indé aujourd’hui, tant le monde du jeu vidéo est devenu concurrentiel. Nombreux sont les très bons jeux à voir le jour sans que personne ne le sache. Et forcément, ça peut facilement décourager les petits développeurs qui travaillent sur des projets de niche ou personnels. Et avec son post, c’est à ces développeurs indépendants que Florent s’adresse, avec un message aussi triste que bourré d’espoir : ce n’est pas vain !
Je suis triste et, les jours suivant la sortie du jeu, je me suis même senti foutrement déprimé. Et il y avait cette question qui n’arrêtait pas de revenir dans mon esprit : pourquoi on se fait chier à faire des jeux indé ?
Pour aller mieux, le développeur a en effet décidé de faire une liste des raisons qui l’ont poussé à faire ce métier et, surtout, à continuer. Développer des jeux indépendants, c’est sa façon à lui de faire quelque chose qui compte, de parler de sujets importants et de se sentir un peu moins seul. Dans les mots de Florent, on ressent tout le sens du terme “métier passion” avec ses hauts et ses bas. Mais la morale de cette histoire est que chaque développeur indépendant a très certainement une bonne raison de faire ce métier et que c’est “probablement une bonne idée pour vous de prendre le temps de vous rappeler pourquoi VOUS vous faites chier à créer des jeux indés”. Un beau message qui valait le partage.