Cela fait maintenant plusieurs années que l’empreinte carbone liée à la consommation électrique de Bitcoin inquiète les écologistes. Après une première campagne sur le sujet, la célèbre ONG Greenpeace a réitéré en ce sens. Seulement cette fois-ci, l’opération de communication ne s'est pas déroulée comme prévu…
Bitcoin la nouvelle cible des écologistes
Le Bitcoin est généralement présenté comme un gouffre énergétique contribuant à la concentration du gaz à effet de serre et donc au réchauffement climatique. Ce constat vient principalement du fait que pour fonctionner, Bitcoin nécessite l’utilisation d’une quantité importante d’électricité.
Selon plusieurs études, le bitcoin consommerait plus d’électricité que certains pays comme le Nigéria ou encore la Finlande.
En effet, son système basé sur la preuve de travail (proof of work) consiste à résoudre des calculs très complexes par le biais de machines (ASICs, RIG de cartes graphiques…) dotées d’une grande puissance de calcul. Afin de générer une énergie suffisante et d’économiser les coûts de productions, les fermes de minage ont parfois même recours aux recyclages d’énergies fossiles.
Pour cette aspect polluant et énergivore, la première cryptomonnaie est souvent pointée du doigt par les associations de protection de l'environnement. L’association non-gouvernementale Greenpeace fait évidemment partie de ceux qui lutte contre le Bitcoin :
« Le Bitcoin génère des quantités massives de pollution et est devenu un obstacle majeur dans notre lutte pour éliminer progressivement les combustibles fossiles », avance Greenpeace.
Greenpeace tente une action coup de poing contre le Bitcoin
Avec sa campagne de communication baptisée « Change the code, not the climate » ( Changez le code, pas le climat), l’association pense avoir trouvé la solution pour que Bitcoin passe au vert. Lancé l’année dernière, l’objectif de Greenpeace est de convaincre les développeurs et utilisateurs de Bitcoin de passer à un système de preuve d'enjeu, au même titre qu’Ethereum en 2022.
En passant à ce système, le Bitcoin pourrait être miné non pas grâce à de la force de calcul, mais par l’utilisation active de sa trésorerie. Concrètement, la preuve d’enjeu permettrait aux détenteurs de Bitcoin d’utiliser leur capital, au lieu d'une carte graphique, dans la validation des blocs – ce qui réduirait drastiquement l’empreinte carbone du Bitcoin.
Bitcoin n’ayant pas de fondateur actif, comme Vitalik Buterin pour Ethereum, il ne dépend d’aucune entité unique. Ainsi, dans cette logique, il est plus dur d’opérer un quelconque changement dans le code open source de Bitcoin. Si toutefois un développeur veut tenter le coup, il doit obtenir le consentement d'une majorité de ses utilisateurs : les mineurs et les nœuds du réseau.
L’apparition du nouvelle mascotte : le « Skull of Satoshi »
Malgré cette barrière technique, l’ONG ne cesse de multiplier les actions pour essayer de mettre en place sa solution. Après avoir dédié 1 million de dollars pour accompagner cette initiative, l’association s’est associée à l’artiste activiste Benjamin Von Wong pour une action symbolique.
L’artiste a imaginé une œuvre d’art représentant l’effet néfaste du Bitcoin sur l’environnement. Nommée « Skull of Satoshi », la sculpture géante de 3 mètres de haut en forme de crâne a été conçue avec des déchets électroniques, représentant la quantité de déchets liés à l’activité de minage crypto. Comme si cela n’était pas assez explicite, les yeux du crâne reprenant le logo du Bitcoin font office de yeux laser, une référence à la communauté crypto. Enfin, son crâne arbore des tours de refroidissement nucléaire comme symbole de la consommation énergétique du Bitcoin.
Cette allégorie péjorative du Bitcoin n’a finalement pas eu l’effet escompté… Pensant marqué les esprits avec cette œuvre, Greenpeace a été quelque peu déconcertée lorsqu’elle s’est aperçue que le « Skull of Satoshi » était devenu finalement une nouvelle mascotte des aficionados de Bitcoin.
« Cette oeuvre est vraiment top ! » commente un utilisateur arborant un ₿ dans son pseudo.
So badass honestly pic.twitter.com/z68XVws6by
— Will Foxley (@wsfoxley) March 24, 2023
Cependant, d’autres le concèdent, Bitcoin consomme beaucoup d’énergie :
« Vous faites le mauvais constat. Il s'agit d'un problème de production d'énergie et non d'un problème d'utilisation de l'énergie. » indique BitKronyte.
Si pour le moment, il semble peu probable que Greenpeace parvienne à convaincre la communauté Bitcoin de faire cette transition, plusieurs voies semblent tout de même être des alternatives. Au-delà de ces plaisanteries, certains utilisateurs de Bitcoin ont insisté sur une donnée du Bitcoin Mining Council : près de 60 % du minage de Bitcoin était d’ores et déjà basé sur l’exploitation d’énergie renouvelable.