Il y a 20 ans en Europe, Konami décidait de sortir sur la toute première console de Microsoft son jeu d’infiltration star, Metal Gear Solid, par l’intermédiaire de l’édition “Substance” du deuxième volet. Les joueurs Xbox, qui n’avaient d’yeux que pour Sam Fisher (Splinter Cell) à cette époque, ont alors pu découvrir toutes les forces du titre d’Hideo Kojima. Cette première incursion de Solid Snake sur la machine américaine fut le point de départ d’une histoire avec des hauts et des bas entre le célèbre créateur et la firme de Redmond.
2003 : Solid Snake tente le X
C’est le 7 mars 2003 que l’édition spéciale de Metal Gear Solid 2 : Sons of Liberty, sous-titrée Substance, débarqua sur la toute première console de jeux de Microsoft en Europe. Alors que la machine n’avait pas encore soufflé sa première bougie chez nous, Konami – et plus précisément son directeur exécutif Kazumi Kitaue – respectait la promesse faite au géant américain pendant le développement de sa machine, celle d’accompagner le succès de la Xbox avec ses productions. Après l’édition Inner Fears de Silent Hill 2 qui contenait un scénario bonus, le groupe japonais livra sa version gonflée à bloc de MGS 2, l’autre franchise forte de Konami.
Outre la possibilité de refaire le jeu en choisissant son personnage, MGS 2 : Substance proposait plus de 500 missions annexes afin de pousser le joueur à dompter toutes les mécaniques du système de jeu, grâce à 300 VR missions et 200 missions alternatives (dans les environnements du tanker et de Big Shell). Le titre contenait également les “Snake Tales” avec ses cinq histoires s’inspirant de diverses situations du jeu original. Le mini-jeu de skateboard était quant à lui réservé à la version PlayStation 2 du titre, quand bien même il aurait été montré dans les bandes-annonces Xbox de l’époque.
Metal Gear Solid 2 : Substance fut bien accueilli par la presse et les joueurs. Nous lui avions attribué un joli 18/20, le qualifiant d’achat “qui s'impose pour les inconditionnels et pour ceux qui ne connaissent pas encore le chef-d'œuvre de Kojima”. Malheureusement pour les joueurs Xbox de l’époque, cette sortie ne signifiait pas que les autres aventures de Snake allaient arriver naturellement sur la console américaine puisque Metal Gear Solid 3 : Snake Eater resta exclusif à la PlayStation 2. En réalité, malgré le soutien affiché publiquement par Konami à la firme de Redmond, l’éditeur opérait des frappes chirurgicales. Zone of the Enders, une autre série cette fois-ci produite par Kojima, fut elle aussi dédiée à la machine de Sony.
Le fait que Sony distribuait directement sur le sol japonais les jeux des éditeurs tiers obligeait les grands groupes tels que Square, Capcom ou Konami à maintenir de bonnes relations avec le constructeur nippon. “Nos interlocuteurs japonais étaient très nerveux. Leurs relations avec Sony étaient comparables aux pires rumeurs diffusées au sujet de Microsoft et des développeurs Windows lors du procès antitrust” expliquait Kevin Bachus, un des créateurs de la Xbox, dans les lignes d’Au Coeur de la Xbox (Dean Takahashi, ed. Pix’n Love). Avant d’ajouter : “nous avons entendu certaines rumeurs comme quoi Sony engageait des représailles à l’encontre des développeurs qui pouvaient leur manquer de loyauté”.
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En pointillé
Quand le nom d’Hideo Kojima est cité, le commun des mortels pense immédiatement à l’univers de la PlayStation. Quoi de plus normal ? Après tout, Metal Gear Solid fut un carton sur la PSOne, et le troisième comme le quatrième volet furent des exclusivités PlayStation 2/3. Avec la Xbox 360, Konami continua de soutenir à sa façon la marque américaine. La société japonaise opta pour une arrivée des Castlevania : Lords of Shadow simultanément sur PlayStation 3 et Xbox 360, tandis que des compilations de MGS, Zone of the Enders et Silent Hill furent proposées afin que les joueurs Xbox puissent enfin se frotter à ZoE, MGS 3, MGS Peace Walker et Silent Hill 3.
C’est lors de la conférence E3 Xbox de 2009 que les liens entre Kojima et Microsoft semblèrent se resserrer. Le célèbre créateur donna en effet de sa personne en jouant un petit sketch avec Don Mattrick, l’ancien patron de la marque américaine, pour révéler Metal Gear Rising : Revengeance. Cette présentation avait fait l'effet d'une petite bombe sur la Toile.
Il revint lors de la conférence de 2013 pour présenter Metal Gear Solid V : The Phantom Pain. Malheureusement, lors de la sortie du jeu sur Xbox One et PlayStation 4, Digital Foundry démontra que la superior version n’était autre que la version PS4, ce qui raviva la guerre des consoles à un moment où Microsoft était déjà en difficulté. Bien que le célèbre créateur figurait sur la vidéo d’annonce de la Xbox One aux côtés de Spielberg, ses jeux sortaient surtout chez la concurrence. À la gamescom 2014, Konami révéla le futur projet d’Hideo Kojima, un nouvel épisode de Silent Hill, via un teaser jouable qui fit sensation avec P.T. Cette démo était exclusive à la console de Sony tandis que le projet Silent Hills n’était annoncé que sur PlayStation 4. Quand Hideo Kojima quitta Konami en 2015 et fonda Kojima Productions, c’est une fois de plus vers la firme de Tokyo qu’il se tourna pour développer Death Stranding.
Alors que les joueurs Xbox n’attendaient plus rien du papa de Metal Gear Solid, Microsoft annonça pendant son Showcase de 2022 le développement d’un projet exclusif à l’écosystème Xbox avec Kojima Productions. Un titre dont on ne sait officiellement pas grand-chose, si ce n’est qu’il est décrit comme “fou” par son créateur.
With MS team. pic.twitter.com/GmSU6i9V94
— HIDEO_KOJIMA (@HIDEO_KOJIMA_EN) March 1, 2023
Après toutes ces années faites de rendez-vous manqués, Xbox et Kojima s’unissent enfin autour d’un projet commun dont nous espérons avoir bientôt des nouvelles. Est-ce le début d’une véritable relation de confiance entre le créateur japonais et le constructeur américain ? Cela semble en prendre le chemin.