Les adaptations en live-action des mangas sont-elles toujours loin de la qualité attendue ? Si c'est souvent le cas, les deux films sortis en 2015 concernant l'Attaque des Titans ne semblent pas faire exception à la règle. On vous explique pourquoi.
À l'approche de la sortie de l'épilogue de l'adaptation télévisée de L'attaque des Titans, la rédaction de JV s'est convaincue de revoir l'intégralité de la saga. L'occasion aussi de comparer la série animée (réalisée par Wit puis par MAPPA) avec les deux films live-action sortis en 2015. De quoi définitivement se faire un avis dessus.
Sommaire
- Très loin du matériau de base
- Cringe af, jeu d'acteur naze et persos mal écrits
Très loin du matériau de base
On savait que les bonnes adaptations de manga en live-action étaient rares. Quelque chose loin d'être surprenant au vu du traitement apporté par le réalisateur Shinji Higuchi. S'il a apporté sa contribution en étant artiste pour le storyboard sur de nombreux animés comme Kill La Kill ou les films Évangélion, Shinji Higuchi ne brille pas avec son adaptation de l'univers créé par Hajime Isayama avec son manga prépublié en 2009 (et terminé en 2021). En cause, son éloignement avec le matériau d'origine.
Quelque chose que l'on ne peut pas systématiquement reprocher aux réalisateurs de films et ou de séries. Ces derniers disposent souvent d'un temps plus court (comparé à celui d'un anime ou d'un livre) pour transposer l'univers et doivent faire des choix scénaristiques. Un choix très bien expliqué par la réalisatrice Lauren S. Hissrich pour l'adaptation télévisée de The Witcher sur Netflix. Toutefois, il convient de reconnaître que certaines des initiatives prises pour cette adaptation en live-action interrogent à de nombreuses reprises... et surtout pour les amateurs de l'œuvre originale.
Les deux films L'Attaque des Titans durent une heure et demi chacun et racontent la même histoire : l'un constitue la première partie et l'autre la deuxième. On retrouve les protagonistes principaux avec Eren, Armin et Mikasa. Ils vivent cloîtrés à l'intérieur de murs, érigés pour repousser les assauts de créatures appelées Titans. Des humains géants dénués de conscience jetant à leur bouche les insectes qui ont le malheur de se trouver sur leur passage. À la différence du Eren du manga, celui du film (joué par Haruma Miura) ne croit pas en leur existence... Jusqu'au jour où, souhaitant dépassant les murs avec ses amis, un Titan nommé le Titan Colossal vient semer la zizanie : il ouvre une brèche et permet l'invasion de titans. Les résidents sont alors obligés de se réfugier dans au sein d'un village intérieur.
Jusque-là, rien de très différent avec le manga d'origine (si ce n'est l'écriture des personnages qui est bien distincte, mais on y reviendra). Voulant s'échapper des titans, Mikasa et Eren se trouvent pris au piège : Mikasa disparaît alors, laissant le personnage principal endeuillé. Un événement ne se produisant pas dans l'œuvre originale probablement intégrée au film pour le développement psychologique d'Eren... qui ne se ressent à aucun moment lors des trois heures de visionnage. Souvent soulignée par les spectateurs, la présence de SUV militaires à la place des chevaux en tant que moyen de locomotion fait plus que polémique. Ce sont aussi les changements de noms observés pour certains personnages (Souda pour Hannes, Shikishima pour Levi) qui ne sont jamais vraiment justifiés. C'est sans évoquer tous les retournements de situations (parfois assez incohérents), cette histoire originale force sa conclusion avec un happy-ending bien loin de tous les drames et peines traversés par ces jeunes militaires lors de leurs différentes expéditions.
Cringe af, jeu d'acteur naze et persos mal écrits
En tout état de cause, ces films devraient faire grincer des dents les ayatollahs du manga et de l'anime. Si l'on peut accorder le bénéfice du doute sur la difficulté d'adapter une telle icône de ces dernières années, il convient aussi de reconnaître que à l'échelle même d'un film, certaines choses ne passent pas.
Connue et reconnue pour ses nombreuses scènes d'action, l'adaptation télévisée de L'Attaque des Titans tranche aussi avec les films à ce niveau-là. Pour la première partie d'une heure et demie, seulement trois ou quatre scènes d'action sans saveur sont adaptées à l'écran. Difficile d'y être vraiment immergé à cause de l'absence d'effets visuels notoires sur les affrontements puisque les séquences au ralenti (ou slow motion) sont privilégiées pour des passages impliquant la relation amoureuse implicite entre Eren et Mikasa (qu'il retrouve finalement deux ans après sa disparitifon puisqu'elle est la chef de son bataillon d'exploration) même si cette dernière semble plus intéressée par Shikishima : c'est le capitaine du bataillon d'exploration et bien qu'il soit le seul avec Mikasa à se débrouiller au combat, son allure et ses phrases toutes faites lui vaut plus la comparaison avec un prince charmant arrogant qu'à un réel militaire prêt à donner sa vie pour son pays.
C'est à ce sujet aussi que le bât blesse. S'il y a peu de séquences de combats, les passages impliquant les Titans sont nombreux. Comme dans l'anime, ils inspirent la peur à chacune de leur présence (surtout les majeurs, dont on peut souligner l'apparence assez travaillée). On devrait redouter donc à chacun de leur pas qu'ils cannibalisent nos protagonistes comme a su si bien le faire le manga et son anime... sauf que ce n'est pas le cas. La faute à une écriture un poil à côté : les personnages principaux attirent plus le mépris que la sympathie, d'autant qu'ils ne sont pas aidés par le jeu des acteurs qui n'ont pas l'air de croire eux-même à ce qu'ils disent.
Au final, les films n'apportent rien de plus à l'univers si ce n'est l'envie définitive de revoir l'animé avant la sortie de la troisième partie de la saison ultime. En somme, des longs-métrages peu mémorables que les néophytes de l'univers devraient simplement mettre de côté au profit de l'adaptation télévisée tandis que les connaisseurs doivent simplement éviter s'ils ne veulent pas empiler les manquements à l'œuvre originale. Un constat partagé par les critiques sur Rotten Tomatoes (47% pour la presse, 34% pour le public) par exemple. C'est la dure loi de l'adaptation, surtout lorsque l'on se frotte à un monument aussi titanesque que celui d'Hajime Isayama.
