Depuis mardi 17 janvier, Elon Musk comparaît devant le tribunal de San Francisco. Si certains tweets du milliardaire sont au cœur de cette affaire, elle concerne en réalité principalement son lien avec Tesla. Explications.
Bien avant d’être le propriétaire de Twitter, Elon Musk était déjà très bavard sur le réseau social, et quelques-uns de ses gazouillis l’ont mené devant le tribunal de San Francisco. Depuis le 17 janvier et pendant trois semaines, Elon Musk y est jugé pour fraude. Mais cela n’a rien à voir avec son rachat de Twitter.
En effet, l’homme d’affaires est, ici, accusé d’avoir manipulé le cours de l’action Tesla en 2018 en publiant une série de tweets évoquant le retrait de l’entreprise de la bourse. Une affaire qui pourrait lui coûter très cher, alors que le milliardaire est attendu à la barre ce vendredi.
Une histoire d’action Tesla à 420 dollars
Le patron de Tesla doit désormais le savoir : publier des messages sur Twitter n’a rien d’anodin lorsqu’on est un milliardaire suivi par des millions de personnes. Mais il est un peu tard pour apprendre la leçon. En août 2018, Elon Musk a donc publié une série de tweets dans lesquels il sous-entendait qu’il allait retirer Tesla de la Bourse en récupérant chaque action pour 420 dollars. Il avait même ajouté que le financement était « sécurisé ».
Shareholders could either to sell at 420 or hold shares & go private
— Elon Musk (@elonmusk) August 7, 2018
La conséquence de cette déclaration avait été une forte hausse de la valeur de l’action Tesla à l’époque, puisque de nombreux acheteurs, attirés par l’appât du gain, avaient décidé d’en acheter : un bond jusqu’à 386,48 dollars qui n’avait cependant pas duré : en effet, quelques jours plus tard, Elon Musk déclarait dans une interview au New York Times que « 420 dollars, c’était une blague ». L’action avait alors chuté à 335,45 dollars, faisant perdre des millions aux investisseurs.
« Elon Musk a menti »
« Elon Musk, (alors) PDG de Tesla, a menti, et ses mensonges ont fait perdre des millions de dollars à des personnes », a déclaré à la cour de San Francisco Nicholas Porritt, avocat des plaignants, mercredi dernier. C’est à travers une action collective qu’un groupe d’investisseurs a décidé de porter plainte contre Musk, qui a selon eux « artificiellement manipulé le prix du titre de Tesla afin de complètement ruiner les investisseurs ».
« Les plaignants affirment que ces tweets étaient factuellement faux et ont artificiellement affecté le cours de Tesla et d’autres titres » a, de son côté, résumé le juge Edward Chen à l’intention des potentiels jurés. Un constat dont se défend Elon Musk via son avocat Alexander Spiro : selon la défense, le milliardaire avait bien pour ambition de sortir Tesla de la Bourse. Sa principale erreur aurait été de « tweeter trop vite », suite à un article du Financial Times qui révélait que le fonds saoudien était monté au capital de Tesla.
La défense table donc sur un tweet « imprudent », mais qui n’est « pas une fraude ». Elle ajoute que pendant cette période ni Elon Musk ni aucun autre membre du conseil d’administration n’a vendu une seule action, preuve, selon elle, que l’objectif n’était pas d’en profiter.
Une affaire qui a déjà eu des conséquences pour Elon Musk
Les deux prochaines semaines vont être déterminantes dans cette affaire. Cependant, on peut d’ores et déjà souligner qu’elle a déjà eu des conséquences de taille pour Elon Musk. En effet, la SEC, gendarme de la Bourse aux États-Unis, a imposé au milliardaire de quitter la présidence du conseil d’administration de Tesla en 2018, estimant qu’il n’avait pas apporté la preuve de son financement. Il avait également dû s’acquitter de 20 millions de dollars d’amende et s’entourer d’une équipe de juriste dédiée à la validation de ses tweets autour de Tesla.
Aujourd’hui, Elon Musk espère que ce procès se terminera sur la preuve de sa non-culpabilité et lui permettra de retrouver sa place au sein du conseil d’administration de Tesla, mais rien ne dit que ce se sera bel et bien son issue.