Activision Blizzard : un rachat par Microsoft qui n'est pas encore acquis

Il faut dire qu'en rachetant Activision Blizzard et King, Microsoft mettrait la main sur d'énormes licences, allant de Call of Duty à Candy Crush, en passant par World of Warcraft, Crash Bandicoot, Overwatch 2, Tony Hawk's Pro Skater ou encore Diablo. De par son aura, c'est Call of Duty qui cristallise les tensions, Sony craignant que Microsoft les joueurs à passer par ses plateformes et son système d'exploitation.

Des argumentents entendus au Royaume-Uni et par l'Union Européenne, qui ont lancé une enquête approfondie tout en exprimant des inquiétudes sur l'état du marché si le rachat était validé tel quel. Evidemment, Microsoft n'a eu de cesse que de rappeler que le leader incontesté du marché était Sony, et que ce rachat ne ferait qu'équilibrer les forces, d'autant que, pour Phil Spencer, le mobile et Candy Crush représentait un plus gros enjeu que Call of Duty.

(...) Je pense que personne n’a besoin de cette citation de notre part pour comprendre à quel point nous ne sommes pas pertinents sur le mobile. Toute personne qui prend son téléphone et décide de jouer à un jeu s’en rend compte par elle-même. (...) C’est juste un endroit où, si nous ne gagnons pas en pertinence en tant que marque - nous ne sommes pas les seuls à le voir - au fil du temps, l’entreprise deviendra intenable (...) Si nous ne sommes pas en mesure de trouver des clients sur les téléphones (...) la gestion d'une entreprise mondiale deviendra très difficile.

Cependant, ce rachat semble crucial pour Microsoft, qui semble prêt à lâcher du lest pour assurer le succès de l'opération. Lors d'une récente interview, Phil Spencer a déclaré que s'il le fallait, il était prêt à mettre sur papier le fait que Call of Duty sera "toujours" disponible sur consoles PlayStation, ajoutant qu'il serait absurde de se priver des fonds générés par les ventes des jeux de la licence sur les autres supports.

Je pense que l'idée de rédiger un contrat contenant le mot "pour toujours" est un peu ridicule, mais je n'ai aucun problème à prendre un engagement à plus long terme qui conviendrait à Sony et aux autorités de réglementation. (...) Nous voulons continuer à proposer Call of Duty sur PlayStation sans qu'il n'y ait d'effet de surprise (...). Je comprends les préoccupations de certaines personnes à ce sujet, et j'essaie simplement d'être aussi clair que possible.

Microsoft prêt à faire des concessions pour gagner du temps

Aujourd'hui, on apprend grâce à l'agence de presse Reuters que Microsoft serait concrètement prêt à faire des concessions. L'objectif serait à la fois de rassurer tout le monde, mais également de gagner du temps. En proposant des solutions permettant de faire disparaître certaines réserves émises par la Commission Européenne, le rachat pourrait être validé avant la date limite du 31 mars 2023. C'est à cette date, au plus tard, que l'UE est censée rendre son verdict. Par effet domino, une autorisation émise par l'Union Européenne pourrait favoriser une validation par la FTC aux Etats-Unis, et par la CMA au Royaume-Uni.

En fin de compte, une telle décision pourrait permettre d'obtenir une autorisation rapide de la Commission européenne qui sera ensuite utilisée par les parties avant d'autres agences antitrust. Cependant, il reste à voir si les plaignants actifs (Sony) valideront de telles concessions (notamment en termes de portée) et si des mesures correctives comportementales seront également acceptées par la CMA et la FTC, a déclaré Stéphane Dionnet, associé du cabinet d'avocats McDermott Will & Emery.

D'après Reuters, l'une des solutions proposées par Microsoft serait d'assurer, de façon contractuelle via un accord de licence, la présence de Call of Duty sur les plateformes PlayStation pendant 10 ans. Le reste des mesures qui seront visiblement proposées n'ont pas été détaillées, mais suite à la publication de l'article de Reuters, le cours de l'action d'Activision est monté de 2%. Un signe que l'évolution de la situation est très suivie !