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42 milliards de dollars : c'est la somme dépensée par Elon Musk pour racheter Twitter. Un montant délirant et un événement pas forcément très rassurant. On vous explique pourquoi.
Il y a quelques jours, le suspense prenait fin : Twitter annoncait son rachat officiel par le milliardaire Elon Musk, pour un montant de 44 milliards de dollars (soit environ 41,8 milliards d'Euros). C'est la première fois qu'une société du monde la tech est rachetée, non pas par une autre entreprise, mais par un particulier, surtout à ce prix. Une manoeuvre qui pose beaucoup de questions : qui est vraiment Elon Musk ? Pourquoi ce rachat peut potentiellement être inquiétant ? On répond à toutes ces questions dans la vidéo ci-dessus et dans les lignes qui suivent.
Elon Musk : le milliardaire excentrique qui peut tout se permettre
Elon Musk n’est pas seulement l’homme le plus riche du monde, c’est aussi un milliardaire quelque peu excentrique, dont l’influence sur les réseaux sociaux est énorme. Mais qui est vraiment l’homme au 86 millions de followers et comment a-t-il bâti sa fortune ? Attention, ça va parler gros chiffres.
Pour faire simple : à 50 ans, Elon Musk a accumulé une fortune estimée à 219 milliards de Dollars. C’est le premier de l’histoire à dépasser les 200 milliards et il se place bien devant Jeff Bezos, le patron d’Amazon, dont la fortune est estimée à “seulement” 171 milliards de dollars.
Jeff Bezos (à gauche) est "un peu" moins riche qu'Elon Musk
![Elon Musk rachète Twitter : le début de la fin pour le réseau social ? Elon Musk rachète Twitter : le début de la fin pour le réseau social ?](https://image.jeuxvideo.com/medias-md/165116/1651157699-9972-photo.jpg)
S’il est aussi riche, c’est surtout grâce à sa Tesla, sa compagnie dédiée aux véhicules électriques fondée en 2003 et qui est aujourd’hui valorisée à plus de 1000 milliards de dollars. Mais on peut également citer SpaceX, sa société dédiée à l’astronautique et au vol spatial. Crée en 2002, elle produit des lanceurs et des moteurs de fusée, mais aussi des vaisseaux cargo à destination de l’ISS.
C’est par exemple une capsule SpaceX qui a emmené pour la première fois des civils dans la station spatiale internationale il y a quelques semaines.
Les quatre membres de la mission Axion-1 à bord de la capsule Dragon de SpaceX.
![Elon Musk rachète Twitter : le début de la fin pour le réseau social ? Elon Musk rachète Twitter : le début de la fin pour le réseau social ?](https://image.jeuxvideo.com/medias-md/164977/1649768086-5242-photo.jpeg)
Mais avant SpaceX et Tesla, Elon Musk a bâti sa fortune grâce à PayPal. Vous connaissez forcément : c’est ce service qui vous permet de payer en ligne très facilement, simplement en entrant vos identifiants et sans avoir à donner votre numéro de carte bleue. Devenu PDG de PayPal en 2000, Elon Musk revend la société à eBay en 2002 et amasse au passage 180 millions de dollars. Un petit coussin confortable qui va lui permettre d’investir dans tout un tas d’autres projets.
Le rachat de Twitter : un feuilleton plein de rebondissements
Avec SpaceX et Tesla, ses deux principales sociétés, Elon Musk a donc les deux pieds dans des projets industriels très lucratifs. Mais il lui manquait une corde en diamant à son arc en or : un réseau social.
L’idée de racheter Twitter n’est pas tout à fait nouvelle et on apprenait début Avril qu’Elon Musk était devenu le premier actionnaire de la société, en investissant presque 3 milliards de dollars, soit 9,2% de la société. Il a ensuite lancé plusieurs sondages auprès de sa communauté, avec à chaque fois le même constat : le principal défaut de Twitter est, aujourd’hui, le manque de liberté d’expression.
Elon has decided not to join our board. I sent a brief note to the company, sharing with you all here. pic.twitter.com/lfrXACavvk
— Parag Agrawal (@paraga) April 11, 2022
Quelques jours après, dans un demi-tour surprise, le milliardaire a précisé que sa récente participation dans Twitter était “passive” et qu’il n’allait par conséquent pas rejoindre le conseil d’administration. Un choix salué par Parag Agrawal, actuel PDG de Twitter, estimant que c’était “pour le mieux”.
Se retirer pour mieux attaquer à nouveau par la suite
Mais le répit pour Twitter fut de courte durée : le 14 avril dernier, Elon Musk est passé à l’offensive, en émettant une offre de rachat “définitive”. Il proposait ainsi de racheter l’intégralité des actions de la société, pour 54,2 dollars l’unité. Au total, il fallait donc débourser 44 milliards de dollars pour s’offrir le réseau social.
En plus de ce montant, Elon Musk a également transmis une lettre au conseil d’administration de Twitter, où il explique notamment que la compagnie ne pourra pas prospérer dans sa forme actuelle, qu’elle a un énorme potentiel et qu’il va la libérer.
Après une dizaine de jours de négociations, le conseil d’administration de Twitter cède et accepte l’offre du milliardaire : d’ici 6 mois, il deviendra le nouveau propriétaire de Twitter, un réseau social qui compte 217 millions d’utilisateurs actifs.
Et Elon Musk promet de nombreux changements, pour le meilleur… et peut-être pour le pire ?
Un rachat qui fait peur : oui, mais pourquoi ?
Elon Musk l’a dit et redit : il veut une plus grande liberté d’expression sur Twitter. À l’heure actuelle, il estime que la censure y est encore trop présente et il milite également sur des algorithmes d’étude de contenus plus ouverts, basés sur l’open source.
By “free speech”, I simply mean that which matches the law.
— Elon Musk (@elonmusk) April 26, 2022
I am against censorship that goes far beyond the law.
If people want less free speech, they will ask government to pass laws to that effect.
Therefore, going beyond the law is contrary to the will of the people.
Tout ça c’est bien beau et, sur le papier, le but parait louable. Mais en pratique, ce prétexte de la liberté d’expression pourrait être à double tranchant. À l’heure actuelle, Twitter va surtout censurer les contenus jugés haineux ou discriminatoires, ainsi que tout ce qui est “fake news”. Limiter l’accès aux contenus offensants et empêcher les fausses informations de se répandre comme une trainée de poudre : un défi majeur pour un aussi gros réseau social que Twitter et qui, disons, il est difficile de contester.
En prônant cette “liberté d’expression totale”, Elon Musk risque donc d’ouvrir à porte à énormément de dérives sur Twitter et va également se heurter à tout un tas de législations. Car les choses ne sont pas les mêmes aux États Unis qu’en Europe, où le terme “liberté d’expression” n’a pas tout à fait le même sens.
Une libérté différente aux Etats Unis et en Europe
Des lois régissent ainsi l’Union Européenne, dont le tout récent "Digital Services Act" (DSA), un texte visant à améliorer la modération sur les réseaux sociaux, sur des sujets aussi sensibles que le cyber harcèlement, la désinformation ou le revenge porn.
Il y a des choses intéressantes dans ce qu’@elonmusk veut impulser pour @Twitter, mais rappelons que le #DigitalServicesAct - et donc l’obligation de lutter contre la désinformation, la haine en ligne, etc. - s’appliquera quelle que soit l’idéologie de son propriétaire. #PFUE2022
— Cédric O (@cedric_o) April 25, 2022
Il est donc très probable que le Twitter “plus libre” voulu par Elon Musk se heurte à terme à des murs de lois et, clairement, personne n’en ressortirait grandi.
Le plus gros "troll" de Twitter ?
Il faut également préciser qu’Elon Musk n’est pas tout à fait exemplaire en matière de liberté d’expression. Il n’a ainsi pas hésité à attaquer publiquement des journalistes ou des blogueurs ayant été un tant soit peu critiques avec certains de ses projets chez Tesla, voire à insulter sans véritable raison des internautes.
in case u need to lose a boner fast pic.twitter.com/fcHiaXKCJi
— Elon Musk (@elonmusk) April 23, 2022
Musk est ainsi régulièrement adepte de “troll” sur Twitter, avec des messages étranges, souvent grossiers et provocateurs, ou même difficiles à interpréter. Bien entendu, rien ici qui soit répréhensible et illégal. Mais il faut tout de même rappeler qu’il possède plus de 86 millions de followers et que chacun de ses messages peut avoir une énorme influence. Il a par exemple déjà modifié les cours de la bourse avec un juste un tweet.
Am considering taking Tesla private at $420. Funding secured.
— Elon Musk (@elonmusk) August 7, 2018
Quel que soit l’avenir de Twitter, il est clair qu’il y aura un avant et un après Elon Musk. Ce rachat restera dans les mémoires pour son montant énorme, mais surtout pour la personnalité de celui qui se l’offre. On va donc en entendre encore beaucoup parler dans les semaines et mois à venir.