Le principe de Wordle, comme celui de Sutom (motus à l'envers), est simple. Les joueurs disposent chaque jour de la première lettre d'un mot, et doivent le découvrir en six tentatives. Au fil des essais, les joueurs découvrent si une lettre est bien placée avec un surlignage rouge, si elle est présente dans le mot mais est au mauvais endroit avec un surlignage jaune, ou si elle ne compose tout simplement pas le mot recherché, auquel cas elle reste sur un fond nu.

Wordle : Un succès mondial et fulgurant

Mais Wordle, jouable en anglais, connaît évidemment un succès beaucoup plus étendu. En quatre mois seulement, le jeu de l'ingénieur Josh Wardle, essentiellement développé pour sa compagne, est passé de quelques dizaines de joueurs quotidiens à plus de 300 000 au début du mois de janvier, puis à trois millions avant le passage au mois de février. Grâce au fait qu'un seul mot est proposé chaque jour et qu'il est possible de partager ses essais avec ses contacts, un véritable phénomène est né, attirant le mythique New York Times. L'organe de presse a visiblement été séduit, puisque Wordle a été racheté pour "plusieurs millions" de dollars, afin d'intégrer l'offre de jeux du journal, déjà composé des mots croisés et d'autres jeux du genre. Jonathan Knight, manager général de New York Times Games, a déclaré :

Ce jeu a fait ce que peu de jeux ont réussi avant lui : il a capté notre imaginaire collectif et nous a un peu rapprochés les uns des autres.

Le New York Time a assuré que Wordle resterait gratuit pour le moment, et que le fonctionnement du jeu ne sera pas modifié. Un moyen de rassurer les joueurs, qui craignent déjà que leurs données ne soient récoltées. Pour donner une idée de l'importance de ce rachat pour le New York Times, sachez que les mots croisés disposeraient de plus d'un million d'abonnés, et que sur les trois premiers trimestres de l'année 2021, les produits autres qu'informatifs ont représenté 11% du chiffre d'affaires du NYT. Josh Wardle, dont la success story plaît beaucoup outre-Atlantique, a de son côté indiqué :

J’admire depuis longtemps l’approche du Times et la qualité de leurs jeux, ainsi que le respect avec lequel ils traitent les joueurs. Leurs valeurs correspondent aux miennes.

Avec ce rachat, on peut se poser une question toute simple : Sutom, développé par JonathanMM, ingénieur informatique de 30 ans, va-t-il finir dans le viseur d'un éditeur ou d'un organe de presse ?. Nous avons contacté le créateur de Sutom, qui nous a donné quelques indications sur le succès du jeu, et qui a fait le point sur sa propre situation :

On est à environ 170 000 connexions unique par jour, mais je pense qu'il faut retirer environ 10% pour les gens qui viennent plusieurs fois avec des connexion internet différentes. (En ce qui concerne) un rachat de SUTOM, je suis dans une situation un peu différente de Wordle : je n'ai pas inventé de concept à proprement parler, puisque je me suis inspiré de Wordle, le code source du jeu est sous licence libre (ce qui a permis à certains d'en faire une version en marseillais par exemple). Il ne reste donc que le nom SUTOM, et pour l'instant, je n'ai aucun avis sur le sujet, et je doute très fortement qu'une entreprise de presse ou autre me contacte un jour à ce sujet.