Pour ceux qui ne savent pas vraiment de quoi l’on parle en termes de références de sticks arcade, nous vous invitons à jeter un oeil aux tests que nous avions rédigé pour les deux modèles PS4/PS3/PC de la marque, à savoir le Arcade FightStick Tournament Edition 2+ (couramment nommé TE2+) et le Arcade FightStick Tournament Edition S+ (que nous appellerons désormais TES+). Deux sticks qui, à l’époque, se plaçaient parmi les plus belles références du marché en affichant un équipement Sanwa intégral, une base et un plateau des plus larges, et un layout basé sur la borne Vewlix de Taito, une autre référence dans son genre. Bref, MadCatz faisait partie de l’élite du stick arcade, s’alliant avec les meilleures licences du jeu de combat pour nous proposer des packs atteignant généralement les 150€ à 200€, pour le plus grand bonheur des joueurs exigeants et fortunés, et ce jusqu’à la disparition de la marque en 2017, pour faillite financière.

Le retour de la marque, initié en 2018 avec quelques souris comme la R.A.T.8+, se devait de nous proposer un stick arcade. Ainsi, l’E.G.O fut présenté en décembre 2019 via un simple message sur Twitter, alors même que nous réalisions que le modèle que nous avions sous les yeux était disponible sous plusieurs marques, sans que MadCatz n’ait fait le moindre changement de design, ou même de composant. De l’OEM pour se relancer dans la compétition ? Pourquoi pas si le résultat est là.

Une base solide et facile à entretenir

L’E.G.O est construit autour d’un large châssis en plastique avec sur le dessus un plateau incliné vers le joueur d’environ 5°, ce qui tranche de ce que l’on trouve d’habitude sur ce genre d’accessoire. Autre particularité, le dessous du châssis n’est pas plat et recouvert d’une surface antidérapante comme on s’y attend, mais possède 4 pieds de près d’un centimètre de haut. Un choix assez peu judicieux tant pour le jeu sur table, où les pieds manquent un peu de grip, que sur les genoux, avec leur proéminence qui rentre dans les cuisses du joueur. Ca reste tout de même globalement de haut niveau, avec un châssis parfaitement rigide, et un plateau tout aussi résistant à nos appuis les plus exagérés. Pour le coup, c’est mieux que la proposition du TE2+ ou du plus récent Nacon Daija.

Le plateau est amovible, après le retrait de 6 vis hexagonales (le tournevis est fourni et stocké dans le châssis), ce qui permet de changer le dessin sous le plexiglass. Celui d’origine reste néanmoins sobre et discret, avec la marque affichée sans exubérance en bas à droite. Notez tout de même que la couleur de ce plateau reste beaucoup moins marquée que sur les photos du fabricant, le rouge ressortant beaucoup moins, quel que soit le type d’éclairage.

Le bas du châssis est lui aussi amovible, après retrait de 8 vis hexagonales. Il laisse apparaître une partie des éléments du stick, donnant accès au remplacement des boutons, du joystick, mais pas vraiment de la carte principale qui demande à enlever une dizaine de vis supplémentaires. Attention, cette dernière action n’est pas prévue par le fabricant et annule donc la garantie. Vous noterez que le joystick, un Sanwa JLF-TP-8YT, est équipé d’un restricteur carré, qu’il est possible de changer pour un hexagonal sans trop de difficulté.

A l’arrière du stick arcade, on trouve aussi une trappe identique à celle des modèles Hori, dans laquelle se loge le câble USB de 2m80, non tressé, avec suffisamment d’espace pour accueillir quelques petits objets de plus comme un chiffon ou un tournevis supplémentaire. Dans l’ensemble, l’E.G.O est donc facile à entretenir et peut même être moddé avec changement de boutons et de stick. Mais la place réservée à la PCB de gestion est assez particulière, tout en longueur, et ne permet donc pas facilement son remplacement par un modèle alternatif.

Un layout classique et confortable

Au centre du plateau, on trouve donc le joystick et les huit boutons d’action, éloignés du bord avant de près de 8 centimètres, et d’autant à droite comme à gauche. C’est un peu plus que ce qui les sépare des différents contrôles à l’arrière, d’environ 6 centimètres. Il y a donc de l’espace pour bien positionner ses mains, poser ses poignets sur le bord du plateau, sans risquer d’appuyer sur une touche sans faire exprès.

Le positionnement des boutons est un très classique Vewlix, du nom de la borne de Taito, avec deux lignes de quatre. Les premiers boutons de chaque ligne sont décalés de 15 millimètres vers le bas, soit ½ bouton, pour améliorer l’accès du pouce. Encore une fois, cette organisation a l’avantage d’être confortable dans de nombreuses situations. Certains préfèreront privilégier 2x3 boutons en ligne pour du Street, 4 boutons en ligne pour du SNK, ou utiliser les 8 boutons en l’état pour avoir les combinaisons sous les doigts. Tout est possible et la position de la main est toujours naturelle, même à long terme (même si personnellement, le layout Namco Noir a ma préférence, de peu).

Le placement du joystick, à 5 centimètres à gauche du premier bouton, permet aux mains d’être rapprochées sans se toucher dans le mouvement. Pour le coup, l’E.G.O ne révolutionne absolument rien, mais propose un layout maîtrisé, pratique et appréciable par tous. Nous avons droit ici à une tige de taille standard, avec une boule pour la prise en main. Il est toujours possible de remplacer cette boule par une poire, à acheter séparément, et même de stocker plusieurs boules à l’intérieur du boîtier, une place étant réservée à cet effet.

Equipement Sanwa et fonctions nombreuses

Avec un combo Sanwa , JLF-TP-8YT pour le joystick et OBSF-30 pour les boutons, MadCatz ne prend pas de risque et propose ni plus ni moins que ce qui équipait les TE2+ et TES+, à savoir du matériel de grande renommée. Si vous avez suivi un peu nos tests de sticks arcade (sinon, vous pouvez jeter un œil à notre comparatif), vous savez déjà que ce stick est la référence en termes d’angle, de précision et de réactivité. En gros, il convient à la plupart des joueurs, pour une utilisation polyvalente, avec de grandes possibilités de customisation. Les joueurs plus aguerris le trouveront probablement un peu mou et pourront le cas échéant augmenter son ressort ou raccourcir sa tige sans difficulté, voire passer par un restricteur octogonal ou rond si nécesaire.

Du côté des boutons, c’est un peu la même chose. Les OBSF-30 réagissent vite et bien, avec un bon retour en position haute permettant les cadences élevées et même le double tapping. Ça reste un cran en dessous des Hayabusa en termes de réactivité, mais si vous faites le choix de Sanwa, c’est peut être aussi parce que vous préférez le poids de ces boutons à ceux plus légers et rapides de Hori. Dans les deux cas, les débutants s’y retrouveront et les amateurs des bornes d’antan y verront une progression phénoménale. En clair, le stick arcade est inattaquable sur le matériel qu’il met à disposition pour jouer.

On retrouve aussi plusieurs fonctionnalités supplémentaires réunies sur la bande arrière du stick : Un Turbo à vitesse fixe (interdit avec Chun-Li et autres personnages du genre), un sélecteur de cible pour le joystick, entre croix directionnelle, stick analogique gauche ou droite histoire d’augmenter la compatibilité, des touches “Home”, Share/View, Option/Menu, L3, R3, Mode et un Key Lock pour éviter toute manipulation non désirée. De quoi remplir l’ensemble des fonctions d’une manette DualShock 4 ou Xbox One. Il manque tout de même le port casque, pourtant présent chez les dernières productions de Nacon et Hori.

Une compatibilité large, mais compliquée

Nous touchons ici au cœur du problème de ce E.G.O qui s’affiche comme le roi du multiplateforme : PS4, Xbox One, Switch, PC … Nous pouvons aussi rajouter Linux, Mac et Android à la liste, le stick utilisant de base une communication en XInput, avec la possibilité de passer en D-Input à la volée. Sauf que voilà, il y a un “hic”. La compatibilité PS4 et Xbox One n’est pas obtenue grâce à une licence officielle, mais avec la connexion obligatoire à une manette officielle de la plateforme correspondante. En clair, on branche le stick en USB à la console, puis la manette au stick, afin de profiter de la connexion sans fil de la manette. Un principe un peu tordu que nous avions déjà rencontré avec le très “entrée de gamme” Mayflash Arcade Fightstick F300, et qui nous avait séduit par son fonctionnement assez limpide. Sauf qu’ici, on est assez loin d’avoir le même résultat.

Déjà, oubliez la compatibilité avec les PS5 et Xbox Series, qui ne fonctionne simplement pas, les manettes de nouvelle génération ayant changé de protocole et le stick n’ayant reçu aucune mise à jour depuis sa sortie. Un peu ballot pour un modèle lancé après ces deux consoles, alors que tous les autres sticks de Hori, Nacon, Razer, voient leur compatibilité garantie officiellement par les constructeurs Sony et Microsoft. Ensuite, nous avons tout de même pas mal pesté devant le système de connexion, hasardeux, qui nous aura fait rater de nombreuses minutes de jeu à tenter de nous connecter à une PS4 ou une Xbox One, la faute à une communication avec la manette qui refusait de s’établir. Enfin, quand le système s’est finalement mis à fonctionner (uniquement avec les manettes officielles oubliez les alternatives), nous avons constaté une latence palpable, juste inacceptable en jeu de combat comme en shoot’em up. Bref, c’est la déception.

Un tarif prohibitif pour un modèle imparfait

Le E.G.O de MadCatz avait bien commencé ce test en présentant un châssis solide, un plateau rigide et de beaux équipements. Il devrait d'ailleurs faire le bonheur des joueurs PC ou Switch, en offrant confort et matériel de précision. Mais sur consoles Sony et Microsoft, c’est beaucoup moins convaincant, la faute à l’absence de licence officielle PlayStation ou Xbox. Et puis clairement, avec un tarif de 200€, il se met aujourd’hui face à un Hori Fighting Edge PS4 qu’il est très loin d’égaler à tous niveaux. C'est aussi 50€ de plus qu'un Nacon Daija, qui pour le coup fonctionne sur PS4 et PS5 sans besoin d’aucun subterfuge. Et de ces trois modèles, le E.G.O nous semble bel et bien arriver troisième, sans le moindre doute. MadCatz ne produit donc pas un produit honteux, loin de là, mais il se place hors marché avec un stick qui ne fonctionne pas aussi bien qu'on l'espérait.