“Je joue à Fifa et à Assassin’s Creed (en ce moment, ndlr), l’effet est fou, j’en ai presque pleuré. Je retrouve des sensations que j’avais perdues”. C’est avec une certaine émotion que Philou, bien connu sur Twitter où il rassemble plus de 250.000 abonnés, nous parle de ses récentes parties, les premières depuis des années. “Je suis né myopathe, c’est évolutif” nous explique-t-il, à l'écrit. “Jusqu’il y a 7 ans, je tenais bien les manettes, mais depuis, j’ai perdu force et motricité au niveau des doigts, donc c’est devenu impossible de jouer”.

Une vraie frustration pour ce fan de jeux vidéo, qui recherche dans le médium des émotions qu’il ne peut pas retrouver ailleurs. Philou affirme avoir longtemps cherché des solutions. Handigamer, association qui fabrique du matériel adapté aux joueurs handicapés, lui a d'abord créé une sorte de stick arcade amélioré. “Il fallait un complément, car pour mon handicap ça suffisait pas. Capgame m’a apporté la solution”.

Cap vers le jeu

Capgame, c’est une autre association qui œuvre pour rendre les jeux vidéo accessibles aux personnes en situation de handicap. Avec Xbox, ils ont mis au point la mini-série Philou rejoint la partie - toujours en cours de diffusion - afin de montrer, étape par étape, l’élaboration d’un nouveau dispositif pour que Philippe puisse enfin jouer. La marque de Microsoft s’affaire déjà depuis quelques années pour réduire le gouffre entre personnes à mobilité réduite et aventures vidéoludiques, notamment par le biais de son Xbox Adaptive Controller, une manette rectangulaire qui peut être connectée à tout un tas d’accessoires, selon le handicap. Un objet un peu particulier qui a d’ailleurs servi de base au nouveau set up de Philou.

J’ai un pad style borne d’arcade auquel on a ajouté trois boutons déportés : deux à la tête et un pour avoir les mêmes sensations que la gâchette, et qui permet de jauger la puissance. C’est évolutif. Plus je vais jouer, plus je vais adapter des fonctions - Philippe, alias Philousports

Cet aspect évolutif, Philou pourra même s’en charger dans son coin, en bougeant quelques câbles à l’aide d’indications faîtes à distance. Le tout lui permettra à terme de jouer à des titres très différents, et même de gagner en précision. “J’ai pas encore exploré (toutes les fonctionnalités du setup, ndlr)” précise t-il. Cette étape, il la réserve pour sa future chaîne Twitch, dans laquelle il aimerait montrer son évolution, recevoir des invités, mais aussi des handi, d’autres joueurs qui, comme lui, sont en situation de handicap.

Manque d'initiative

Philou souhaite ainsi donner un maximum de visibilité aux problèmes qu’il rencontre chaque jour. “J’ai fait (cette mini-série, ndlr) pour débloquer quelque chose. Après je pense que pour que ce soit suffisant, c’est sur le long terme”. Car dans l’immédiat, hormis du côté de Xbox, les initiatives des grands acteurs de l’industrie manquent pour aider les personnes dans le cas de Philippe. La cause fait toutefois son petit bonhomme de chemin dans les jeux eux-mêmes, avec des options in game pour améliorer l'accessibilité, comme dans The Last of Us Part II ou Gears 5. "Des grands pas en avant” selon Philippe.

Concernant ces options, l’homme en retient une en particulier, qui permet à deux joueurs de contrôler un seul personnage à l’écran, sur la console de Microsoft. “Si quelqu’un a un handicap très très très lourd, il peut par exemple tirer au but tandis qu’un valide fera toutes les autres actions” nous explique t-il. “Sans faire de guéguerre de consoles, en passant sur Xbox, j’ai vu qu’ils étaient bien plus impliqués dans l’inclusion. Il suffit de voir leur démarche avec cette mini-série". Espérons que d’autres sociétés leur emboîtent le pas.