Modèle économique et gameplay, les deux raisons de la colère

Autre particularité habituelle pour la licence, le langage fleuri des commentaires à son sujet, rarement tendres quand il s’agit de caractériser un nouvel opus. Si nous vous épargnerons les plus vulgaires, d’autres tout aussi virulents ne manquent pour autant pas d’intérêt. on retrouve ainsi régulièrement l’évocation d’un appel au “boycott”, trouvant principalement sa source dans le modèle économique de la licence : dans nos avis lecteurs, polska1230 évoque notamment son choix de boycotter “le jeu depuis FIFA 19, et en voyant les commentaires, puis les vidéos de streameurs y mettant 1000 euros tout les mois (P2W)... je m’en porte très bien”. La raison est partiellement différente sur l’avis de c_bonvieux_bill, qui évoque d’abord le “comportement des joueurs, tout flasque” avant d’appeler à “boycotter leurs jeux casino” en parlant d’Electronic Arts. Encore plus vindicatif, VelodromeAdaire n’hésite pas à joindre le geste à la parole sur Twitter, ajoutant un gif plus qu’explicite à sa déclaration dans laquelle il considère qu’un mode devrait être illégal :

Le mode en question, c’est évidemment FIFA Ultimate Team qui propose pour rappel un système de microtransaction en plus d’un achat nécessaire du jeu pour pouvoir y jouer, mais surtout des lootboxes, principal objet de discorde. Déjà illégales en Belgique où elles sont considérées comme des jeux d’argent, celles-ci représentent une part énorme des revenus d’Electronic Arts (27% de ces revenus sur l’année fiscale écoulée sont issus des modes Ultimate Team des jeux de sport d’EA) et viennent ajouter du hasard à un mode dans lequel il est nettement plus simple de progresser en investissant une partie de ses deniers. Pour itsYvb, qui répondait sur Twitter à une remarque sur le manque d’investissement réalisé sur le mode club pro, la solution pourrait venir des médias, influenceurs et autres joueurs pros mettant en avant le jeu chaque année : “c’est un vrai scandale qu’une licence aussi reconnue néglige autant sa commu. EA France est inexistant, FIFA mérite un boycott, mais si c’est pas lancé par des gens influents, ça ne se fera jamais.”

Si le mot “boycott” est plus souvent lié au modèle économique, le terme “arcade” est lui régulièrement accolé aux remarques sur le gameplay, et le plus souvent utilisé de façon péjorative par des joueurs espérant davantage une simulation sportive. Dans nos avis lecteurs, juju0038 parle de “football trop arcade” en ajoutant que les matches se finissent pas des 7-5 ou des 5-4, concluant d’un cinglant “Jeu non réaliste. Je ne recommande pas. Cette année, je serai sur PES”. Dhgexpress enchaîne lui les points négatifs et semble partager l’avis de son congénère : “arcade à mort”, “la vitesse en fond de jeu”, “des buts en pagaille”. Tout en utilisant le même terme, zidanelmanifico tente de faire passer son message avec un peu de mise en contexte : “FIFA se veut de plus en plus arcade pour que Kevin, 12 ans, puisse te battre sur FUT en ayant chipé la carte bleue de sa mère en faisant des tout-droit…” tandis que tonton47 revient sur l’évolution récente de la série : “j’ai beaucoup aimé la série FIFA à partir de 2008… mais là, franchement, depuis 5 ou 6 ans on stagne vraiment (du côté de EA) dans la médiocrité (je parle de gameplay bien entendu) avec une tendance arcade de plus en plus prononcée !”.

Si quelques termes ressortent plus que d’autres, la tendance est globalement négative et cible souvent les mêmes coupables : le modèle économique, donc, mais surtout le gameplay. Dans le topic dédié aux avis des joueurs sur notre forum FIFA 21, Fifa-man évoque par exemple le fait que ce FIFA est “très déséquilibré” et peine à “imaginer le massacre en ligne”, ajoutant qu’il a mis “une trentaine de matches à prendre la mesure de l’attaque, pourtant c’était mon point fort sur FIFA 20 ou j’étais le roi du cleansheet”.

Les sliders, sauveurs du jeu en local ?

D’autres s’avèrent plus mesurés, tout en exprimant également leurs griefs envers le titre d’Electronic Arts. Sur Twitter, Jilouille salue par exemple le fait que “le mode carrière a plein de nouveautés extras”, mais regrette que le gameplay l’ait fait arrêter pour le moment en espérant qu’une mise à jour viendrait corriger certains points lui posant problème : “scores fleuves”, “gardiens qui sont de véritables passoires sur les frappes croisées” et un rythme de jeu bien “vraiment trop rapide”. Seedorf93700, dans nos avis lecteurs, ne nie pas qu’il y a “des choses pas mal comme les licences, les stades, l’ambiance des stades ainsi que l’environnement en général”, mais regrette que l’essentiel, à savoir le terrain, manque à l’appel. Il ne prend notamment “aucun plaisir à construire une action” et estime que “les joueurs bougent leurs corps vraiment d’une façon bizarre”.

Pour trouver quelques échanges un peu plus copieux et surtout des joueurs moins déçus, il faut se tourner une nouvelle fois vers le topic dédié aux avis des joueurs sur notre forum FIFA 21. Pololagrange témoigne de son contentement sur cet épisode annuel en évoquant le sujet des sliders, qui permettent de régler différents curseurs de gameplay pour changer le rendu en match et tenter d’obtenir un feeling plus agréable manette en main :

Perso, j’ai réglé les sliders à MA sauce (en me basant sur une moyenne des sets proposés) et pour l’instant je dois avouer que ce FIFA 21 est vraiment bien meilleur que le 20.

Déçu par le online, OMaxime12 n’a en revanche “quasiment rien à dire” sur la carrière, aux nouveautés “top”, concluant qu’à la question d’acheter ou non le jeu, il répondrait “non si tu joues en online, mais oui si tu joues des carrières”. Un avis également partagé par Phoenix__13, qui considère qu’il “supplante largement FIFA 20 dont la carrière était buggée” et le conseille “si jouer avec un gameplay pas des meilleurs (mais honnêtement avec des sliders cela fonctionne assez bien) ne vous pose trop de problèmes existentiels et si le mode carrière est votre mode de prédilection”.

Déjà cité, Fifa-man met d’ailleurs l’église au milieu du village en rappelant que le “jeu ne fera jamais l’unanimité” et en apportant lui aussi une précision intéressante selon le profil des joueurs concernés, les sliders étant effectivement réservés aux amateurs de jeux en solo ou en local, puisque les éventuels déséquilibres du gameplay ne peuvent être corrigés sur les matches en ligne :

Donc après 100 matchs, pour les fans du mode carrière, vous pouvez tester le jeu, il est plus sympa que le 20, avec une IA bien meilleure, mais une difficulté accrue. La défense va vous donner des sueurs froides mais une fois appréhendée, c'est jouissif. Si vous êtes sceptiques, essayez d'y jouer chez un pote ou avec les 10h d'EA Play. Différents sliders rendent l'expérience assez sympa, suffisamment pour qu'on y revienne.

Alors comment expliquer une tendance globalement négative sur les retours des joueurs ? La proéminence du mode Ultimate Team et du jeu en ligne ne permet pas de corriger les problèmes constatés. Forcément, entre amateurs de jeu en local ou de mode solo (carrière manager, notamment, qui reste très joué et a bénéficié cette année de changements plus importants), les critiques seront plus mesurées de par la possibilité de corriger par soi-même le gameplay. Pour les autres, la nécessité de devoir s’habituer à une prise en main qui ne convainc pas assez, voire déçoit, engendre forcément davantage de frustrations tout à fait légitimes qui se ressentent dans les différents avis et commentaires postés en ligne.