Annonces inattendues, événements majeurs, polémiques, 2019 dans le jeu vidéo s’achève avec, comme chaque année, son lot d’actus marquantes ayant façonné le paysage de l’industrie. Entre l’absence remarquée de Sony lors du dernier E3, la sortie de la Switch Lite ou l’arrivée surprise d’un certain Apex Legends, nous vous proposons de revenir sur dix des actualités majeures de 2019 dans une rétrospective sélectionnée par les membre de la rédaction. Précisons qu’il ne s’agit ni d’un classement, ni d’un top, mais d’un portrait global des news de ces 12 derniers mois.
Reggie Fils Aimé prend sa retraite après 15 ans à la tête de Nintendo of America
Son « My body is ready » restera dans l’Histoire du jeu vidéo. Reginald Fils-Aime, dit Reggie était l’une des incarnations fortes de Nintendo. À 58 ans, le directeur de Nintendo of America, prenait sa retraite le 15 avril 2019 après plus de 15 ans de loyaux services et de phrases cultes lors de ses apparitions publiques durant les conférences et les show Nintendo. Reggie avait débuté en 2003 chez un Nintendo affaibli face à la toute puissante PS2 dominant une GameCube plus timide sur les marchés. Sympathique auprès du public, l’homme n’hésitait pas à jouer de sa personne sur scène dans des mini sketchs qui resteront gravés dans notre mémoire collective de joueurs.
Il monte pour la première fois sur scène lors de la conférence E3 2004 de Nintendo et donne tout de suite le ton de la suite des choses en déclarant : « My name is Reggie. I'm about kickin' ass, I'm about takin' names, and we're about makin' games. ». Sous son ère et en compagnie de feu Satoru Iwata et de Shigeru Miyamoto, Nintendo renoue avec le succès auprès d’un large public avec les sorties de la DS, de la Wii, de la 3DS. Après une période de doute suite aux ventes mitigées de la WiiU, il porte le lancement de la Switch avec le succès qu’on lui connaît aujourd’hui. Ironie du sort, l’ex-boss de Nintendo of America si souvent affublé de la casquette de Mario a été remplacé par le vice-président des ventes et du marketing Doug Bowser. Et comme le déclare Reggie : « Honnêtement, avec un nom comme Bowser, qui de mieux pour garder les clés du château Nintendo ? »
■ Lire la news Nintendo : Reggie Fils-Aime prendra sa retraite en avril
Bungie se sépare d’Activision
Neuf ans après la signature d’un partenariat parfois tendu entre les deux parties, Bungie annonçait sa séparation avec Activision en ce début d’année 2019. Le studio américain s’en allait avec sa franchise Destiny sous le bras et la ferme intention de poursuivre son travail sur sa propriété intellectuelle. Si l’annonce a fait grand bruit dans l’industrie et chez les joueurs, elle est le fruit d’un parcours mouvementé entre les deux firmes. L’arrivée de Destiny en 2014 fait suite à un long développement ponctué de plusieurs cas de licenciements et de désaccords internes au sein de Bungie. Si le titre devient rapidement un succès commercial, la complexité de son moteur ne lui permet pas de se mettre aussi souvent à jour qu’espérer par Activision. La décision est alors prise de se lancer dans la conception d’une suite alors même que l’éditeur avait déclaré en grande pompe être capable de « raconter une histoire sur 10 ans » avec le premier volet. Avec Destiny 2, la main mise d’Activision sur la franchise se fait plus pressante, obligeant le studio à adopter certaines mécaniques pour rendre son shooter plus accessible.
Ces décisions, contestées en interne chez Bungie, ne font pas mouche et les ventes du second volet sont en net recul partout dans le monde. Comme le précise Epyon dans son article sur le sujet : « les tensions entre Bungie et Activision ont alors atteint un stade de non-retour : dans les équipes, certains développeurs estiment que l’échec du lancement de Destiny 2 est dû aux décisions imposées par l’éditeur ». Le bras de fer avec Activision continue tandis que les développeurs planchent à l’amélioration du jeu au fil des mois. Le 11 janvier 2019, les employés du studio sont convoqués en réunion exceptionnelle et apprennent la nouvelle de la séparation avec Activision, une libération pour beaucoup, accueillie sous les cris et les applaudissements. Libéré des contraintes imposées par son éditeur, Bungie continue depuis à peaufiner son univers et à proposer du contenu pour son jeu.
■ Lire notre news : Après des années de relation compliquée, Bungie et Activision se séparent
La Switch Lite, un nouveau modèle pour l’hybride de Nintendo
Avec plus de 10 millions de ventes en Europe en octobre 2019 et plus de 43,67 millions dans la monde à la même date, la croissance de la Nintendo Switch se poursuit à très bonne vitesse. Plus de deux ans après son arrivée sur le marché, les rumeurs et suppositions concernant un éventuel nouveau modèle pour l’hybride de Nintendo allaient bon train. Une Switch Pro plus puissante, une Switch Mini plus nomade, une simple mise à jour hardware de la machine pour la faire légèrement évoluer ? Si les indices auprès des différents revendeur ne laissaient pas de grands doutes quant à l’arrivée d’une variante de la machine, Nintendo aura tout de même pris son temps avant d’annonce officiellement en juillet dernier l’arrivée de la Switch Lite, modèle plus petit et moins coûteux pour sa console. Vendue sous l’argument d’une « console compacte et légère dédiée au jeu portable », la Lite se sépare de certaines des fonctionnalités de sa grande sœur pour se concentrer sur l’essentiel.
Elle n’embarque plus de Joy-Con détachables et voit la taille de son écran passé de 6,2 pouces pour le modèle classique à 5,2 pouces. Avec une arrivée calée au 20 septembre 2019, Nintendo préparait le terrain de la période cruciale des fêtes de fin d’année où, en combinaison avec l’arrivée de Pokémon Épée / Bouclier, le petit appareil proposé au tarif de 199,99€ (contre 299,99€ pour le modèle classique) disposerait de bien plus de chance de se retrouver sous le sapin des plus jeunes joueurs. Si l’absence de sortie TV chagrine un peu, la Switch Lite gagne en ergonomie avec la présence d’une vraie croix directionnelle et une prise en main plus adaptée au jeu nomade.
Lire la news Nintendo Switch Lite : le modèle 100% portable et moins coûteux officialisé
Malgré des résultats records, Activision Blizzard licencie massivement
Afficher un chiffre d’affaire historique et licencier dans la foulée 800 de ses employés, voilà une décision capable de soulever les foules ! Nous sommes en février 2019 et le groupe Activision Blizzard n’est pas peu fier de publier ses résultats financiers de l’année 2018. Avec un chiffre d’affaire record de 7,26 milliards de dollars, le PDG Bobby Kotick prend la lourde décision de se séparer de 8 % de ses effectifs. La décision concerne à la fois les employés d’Activision et de Blizzard pour des postes « non liés au développement » d’après la firme. On parle donc de poste liés à l’édition, à l’esport, au marketing ou au support client.
Blizzard France, dont les locaux sont situés à Versailles n’est pas épargné et environ 134 postes sont sur la sellette. Selon le géant américain, ces licenciements viseraient à recentrer les activités de la firme sur le développement actif de ses licences fortes comme Call of Duty ou encore Overwatch ou Diablo chez Blizzard. La manœuvre est loin d’être passée inaperçue dans le secteur et nombreux sont les développeurs, studios et joueurs à avoir vivement critiqué cette décision.
■ Lire la news : Malgré une année 2018 record, Activision Blizzard licencie 8% de ses effectifs
Apex Legends, le Battle Royale surprise qui redéfinit les codes de l’annonce d’un jeu
Sitôt annoncé sur les internets qu’Apex Legends était déjà disponible en téléchargement gratuit pour les joueurs. Sans fioriture sur son modèle économique, stable et diablement bien fignolé pour un jeu du genre à sa sortie, le jeu de Respawn Entertainement a su créer la surprise en début du mois de février 2019. Cette sortie inattendue s’est éloignée de la plupart des codes traditionnels du marketing de jeu vidéo. Pas d’annonce des mois voire des années à l’avance, pas de marketing placardé dans toutes les stations de métro, pas de spot publicitaire, mais un simple jeu, gratuit et peaufiné, capable de faire de l’ombre au géant Fortnite.
En 72 heures, Apex Legends avait déjà attiré plus de 10 millions de joueurs tandis que Fortnite avait eu besoin de 2 semaines avant de revendiquer ce chiffre. Ce véritable hold-up, propulsé par l’engouement partagé par de centaines de très gros streameurs sur la plateforme Twitch, n’a pas été un simple feu de paille et a réussi à perdurer au fil des mois. Le studio déclarait d’ailleurs au sujet du lancement express de son jeu : « Au lieu d’essayer de convaincre une audience sceptique pendant des mois avec des bandes annonces et des articles preview, nous avons choisi de laisser le jeu parler de lui-même ; c’est l’antidote le plus puissant contre les problèmes potentiel »
■ Lire la news Apex Legends : le spin-off battle royale de Titanfall sera présenté aujourd'hui
Après des années d’attente, Diablo IV se présente enfin
C’est au beau milieu d’un climat de tension, en pleine affaire Blitzchung et après le fiasco de l’annonce de Diablo Immortal en 2018 que Blizzard tient une fois de plus en novembre 2019 son habituelle BlizzCon. Le rendez-vous annuel incontournable pour tous les fans des licences du studio californien devait cette année plus que jamais arriver les mains pleines de nouveautés. Une annonce était toutefois attendue plus que toutes les autres, celle du retour de la saga Diablo avec un véritable quatrième épisode. Après un Diablo 3 aux premiers pas incertains et à la direction artistique jugée trop lumineuse par de nombreux joueurs, Blizzard semble être prêt à renouer avec la noirceur de la saga dans un Diablo IV.
Sa cinématique de présentation donne le ton, cette suite s’inspire bien plus du mythique Diablo 2 que de son grand-frère et c’est tant mieux. Suintant le gothique par tous les pores, le jeu renoue avec certains des éléments laissé sur le bas-côté dans le troisième opus : arbre de talents, retour de la classe de Druide, du PvP, ambiance sanglante à souhait, Diablo IV se pare aussi de différentes options en ligne sur des cartes partagées par plusieurs aventuriers. Son développement toujours en cours et encore loin d’être terminé selon Blizzard, certains éléments sont appelés à évoluer au fil des prochains mois.
■ Lire l'aperçu de Diablo IV est un retour aux sources gothiques de la saga
La sortie mitigée de Stadia, le cloud gaming selon Google
Présenté au monde en mars dernier, Stadia, la plateforme de cloud gaming de Google aura patienté jusqu’en novembre pour devenir une réalité entre les mains des acheteurs de sa « Premiere Edition » proposée au tarif de 129 euros. Au terme d’une campagne de communication hasardeuse faite d’annonces communiquées au compte-goutte, de présentations peu claires de ses différentes gammes tarifaires et de ses fonctionnalités, Stadia est donc officiellement lancé depuis plusieurs semaines avec une promesse commerciale très claire : accéder très simplement et immédiatement, depuis un navigateur Chrome, un smartphone ou un Chromecast à tous ces titres et passer d’un écran à l’autre de manière fluide. Si l’argument à de quoi séduire, les premiers pas du service sont encore loin d’avoir fait leur preuve auprès du public.
La technologie n’est pas en cause, Stadia affiche un gros potentiel avec une très grande facilité d’utilisation, une image propre et une latence imperceptible en jeu. C’est d’avantage du côté de son enrobage que l’offre actuelle se heurte aux critiques. Il manque bien trop de fonctionnalités attendues et de jeux au catalogue pour parvenir à séduire les joueurs. Avec un catalogue limité de jeux qui plus est vendu au prix fort, Stadia a pour le moment bien plus l’air d’une bêta payante que d’un véritable lancement officiel. En attendant l’arrivée de l’offre « gratuite » Stadia Base limitée au 1080p en début d’année 2020, Google dispose de quelques mois pour se pencher sur l’intérêt de son offre auprès du public.
■ Lire notre avis sur Stadia, le service de cloud-gaming de Google, après une semaine d’utilisation
Sony fait l’impasse sur l’E3 2019
C’est une première pour le constructeur, Sony a zappé son habituelle présence à l’E3, le plus grand salon annuel du jeu vidéo. Comme un message fort envoyé à l’industrie et au joueurs, la firme n’a pas jugé indispensable de prendre la parole lors d’une conférence annuelle classique en pleine ferveur de l’événement. Avec un catalogue de jeux de fin de cycle pour la PS4 et qui plus est déjà présentés au public (Death Stranding, The Last of Us Part II ou encore Ghost of Tsushima) Sony aurait estimé ne pas avoir suffisamment d’annonces solides à présenter pour convier la presse et le public à une nouvelle conférence annuelle. Mais derrière cette absence de « World Premiere », réside aussi un changement plus profond des constructeurs de trouver de nouveaux moyens d’interagir avec leur communautés.
À la manière de Nintendo, qui fait aussi l’impasse sur les conférences de presse depuis l’E3 2016 et se focalise depuis lors sur ses Nintendo Direct, Sony mise désormais la plupart de ses cartes de communication sur des show plus courts et directs, les State of Play, dont le dernier épisode remonte à cette semaine. Avec une PS5 à la sortie prévue pour la fin d’année 2020, on se demande maintenant si le constructeur réitérera son absence lors de l’E3 prochain pour annoncer sa future console en grande pompe lors d’un événement séparé à une autre période moins chargée de l’année.
■ Lire la news E3 2019 : Sony n'y sera pas
L’affaire Blitzchung, quand Blizzard crée la polémique
Blizzard se serait certainement passé de cette polémique à quelques semaines à peine de sa BlizzCon 2019. Nous sommes en octobre dernier et le joueur hongkongais Blitzchung remporte la compétions esport Hearthstone Grandmasters sous un tonnerre d’applaudissements. Interviewé après sa victoire, le jeune homme profite de la visibilité de la compétition pour prendre position et clamer le slogan des manifestants de la crise de Hong Kong : « Libérer Hongkong, une révolution de notre temps ! ». Quelques heures plus tard, Blizzard publie un communiqué et disqualifie le joueur de la compétition, lui retire sa récompense en plus de le bannir de toute forme de tournois officiels durant 12 mois. Les deux casteurs, présents ce soir là, voient aussi leur contrat de travail avec la firme annulé. Si la décision émane de la branche Taïwanaise de Blizzard, elle prend rapidement de l’ampleur au sein de la communauté qui dénonce un muselage de la liberté d’expression ainsi qu’une supposée main-mise de la Chine sur l’entreprise américaine.
La firme aura beau expliquer sa décision en invoquant une entorse au règlement de la compétition et son souhait de ne pas mélanger esport et prises de positions politiques, le mal est fait et les internets expriment vivement leur déception sur les plateformes d’échange et les réseaux sociaux. S’en suit alors une (trop) longue absence de communication de la part du studio, absence qui attise d’autant plus la colère des fans, que certains sénateurs américains expriment eux-aussi leur désaccord au sujet de cette exclusion. D’autres acteurs de l’industrie comme Epic Games profite du bad buzz de Blizzard pour affirmer leur totale ouverture aux opinions politiques lors des compétitions. Il faudra attendre plusieurs jours pour que le président du studio Californien J.Allen Brack ne prenne la parole et précise que si la sanction est toujours justifiée par les règles du tournoi elle a sans doute été trop rapide et sévère contre Blitzchung. Le joueur est donc allégé d’une partie de sa punition et ouchera donc bien sa récompenses tandis que son interdiction de participer à des événements Blizzard passe de 12 à 6 mois. Quelques semaines plus tard, la BlizzCon 2019 s’ouvrait sur un message d’excuses du PDG de Blizzard expliquant la situtation en ces termes : « Nous avons agi trop rapidement, puis trop lentement pour vous parler. Nous n’avons pas respecté les normes élevées que nous nous sommes fixées, et pour cela, je suis désolé et j’en accepte la responsabilité. »
■ Lire l'article Chine et jeu vidéo, les liaisons dangereuses ?
Quand Fortnite disparait dans un trou noir et fait le buzz
Buzzer sur du vide, rassembler des millions de personnes devant… rien du tout. Un tour de force marketing auquel seules de rares licences peuvent prétendre. Lorsque les serveurs de Fortnite se font aspirer dans le néant dans la nuit du dimanche 13 octobre 2019, les joueurs s’attendent à un événement certes atypique pour le Battle Royale d’Epic Games, mais certainement pas à un blackout de plusieurs jours rendant toute connexion au jeu impossible. Loin de la panne technique, le trou noir de Fortnite est un immense coup de communication savamment orchestré par son studio.
Tandis que plus de 1,7 millions de personnes suivaient la diffusion de l’extinction du monde sur Twitch et que le compteur de visionnages explosait sur le compte Twitter officiel du jeu avec plus de 42.8 millions de vues, le trou noir de Fortnite reste pour le moment gravé dans les annales comme l’événement lié aux jeux vidéo le plus regardé de tous les temps. Privés de Fortnite et sans certitude de retrouver leur passe-temps favori, certains jeunes joueurs et joueuses commencent à exprimer leur inquiétude. Et si Fortnite avait disparu pour de bon après avoir atteint le pic de sa popularité ? La crainte s’envolera quelques jours après lorsque Epic Games dévoilera la bande-annonce du Chapitre 2 de Fortnite, lancé dans la foulée sur les serveurs ! On se demande maintenant quelle stratégie adoptera le studio pour le lancement d’un probable Chapitre 3.
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