News débat et opinion
20 oct. 2015, 16:07103
Quand on entend « Killstreak » aujourd’hui, on pense immédiatement « Killstreak rewards », mais c’est un abus de langage. Littéralement, le killstreak est simplement l’enchaînement de plusieurs victimes lors de la même vie pour un joueur donné. L’acception est large et peut coller aisément à tous les genres impliquant qu’il y ait des avatars à tuer. Le FPS compétitif n’en manque pas, et nous allons nous y intéresser. Pas question ici de dresser une liste des jeux qui incluent des récompenses pour les plus sanguinaires, ou même un inventaire desdites récompenses. Il s’agit plutôt d’interroger le bien-fondé de cet élément de gameplay, qui semble aujourd’hui devenu incontournable.
Je suis intouchable, c’est le jeu qui l’a dit !
À l’époque de Quake, par exemple, les killstreaks étaient récompensés par une remarque de l’annonceur, comme « Godlike ». Une satisfaction auditive qui se suffisait largement en soi et qui continuera à flatter l’égo des joueurs pour les années à venir. Les « Folies meurtrières » et autres « Émeute ! » auront fait les beaux jours de ceux qui arpentaient les serveurs de Halo, mais il en fallait plus. Call of Duty 4 : Modern Warfare, encore lui, allait introduire ses récompenses pour les plus précautionneux.
Trois victimes, puis cinq et enfin sept pour débloquer respectivement un radar, un bombardement aérien et un hélicoptère. Dans un jeu où la réapparition est facile, pousser les soldats en herbe à être plus prudents en leur promettant des compensations immédiates ne peut qu’ajouter à la tension des combats.
Et mon ratio, tu l’aimes mon ratio ?
Seulement voilà, les meilleurs le deviennent encore plus. Difficile de ne pas voir le processus comme une aide pour ceux qui en avaient pourtant le moins besoin. Heureusement, le système est simple d’accès et ne se perd pas dans l’outrance. Malheureusement, ce ne sera pas le cas de celui de son successeur, Modern Warfare 2.
Ledit système était forcément voué à évoluer. En suivant l’adage du « plus, c’est mieux », Modern Warfare 2 a donc décidé d’augmenter considérablement le nombre et la variété de ses récompenses de killstreaks et qui plus est de laisser le choix aux joueurs. Afin de contrebalancer, on note également l’apparition de « deathstreaks », octroyant divers bonus aux malheureux qui viendraient à rencontrer la mort plusieurs fois de suite. Ceux-ci, plutôt anecdotiques, n’équivalent en rien avec la puissance de leurs contreparties.
Comme une douleur dans la Nuke
Entre les deux premiers Modern Warfare, ces récompenses sont passées du statut d’outils vers la victoire à celui, plus problématique, de fin en soi. Principale incriminée, la bombe nucléaire, qui après vingt-cinq tués d’affilée met purement et simplement fin à la partie et offre la victoire à l’équipe de celui ayant appuyé sur le bouton. Dès lors, plus question pour certains joueurs peu scrupuleux de jouer l’objectif ou même d’imaginer participer à un effort collectif : le killstreak ultime devient le graal et plus rien n’existe autour.
Autre problème, pourtant probablement conçu comme une solution : les colis stratégiques. Pour que les moins talentueux puissent ne serait-ce qu’espérer avoir accès aux bonus les plus élevés et mettre un terme à l’hégémonie de la méritocratie, quoi de mieux qu’un bon vieux colis stratégique… ? Le concept est simple, on demande son colis, on croise très fort les doigts sans lâcher son fusil d’assaut et paf ! Ça fait un AC-130 ! Pour ceux étrangers à l’univers, traduisez : un gros avion dans le ciel qui fait très mal. Ces fameuses boites magiques vous offrent donc un bonus aléatoire et il suffit de quatre soldats tombés sous vos balles pour en invoquer une. Donner plus de chances de rivaliser aux débutants ne pouvait pas se faire sans frustrer les plus aguerris…
Il fallait une mise aux points
Consciente des limitations et des errances de son système qui pourtant ne cesse de faire des émules parallèlement, la franchise change un tant soit peu la donne au fil des épisodes. En la matière, Modern Warfare 3 tentera un grand coup de pied dans la fourmilière. En ajoutant un paquetage appelé « support » dans ses options de création de classe, le titre renie la définition même du killstreak en vous permettant de débloquer les fameux bonus quoiqu’il arrive au fil d’une partie. Le décompte continue de grimper, même en cas d’accident létal, mais les objets débloqués diffèrent. En sus, le paquetage « spécialiste » débloque des atouts et non des objets de soutien, de quoi diversifier mais pas nécessairement rééquilibrer les parties.
La solution, du moins en apparence, c’est Call of Duty : Black Ops 2 qui tentera de l’apporter. En évitant de mettre l’emphase sur les victimes, cette itération transforme les killstreaks en « pointstreaks ». Chaque action en jeu est traduite en points, jouer l’objectif devient alors autant voire plus rémunérateur que de tuer bêtement vos ennemis et assister votre équipe participe à faire monter le compteur. Le problème n’est qu’en partie réglé et les ajustements continueront et continuent encore à être à l’ordre du jour.
T’es un FPS et t’as pas de Killstreak ?! Non mais… hum, pardon
Si l’exemple Call of Duty résume la problématique, d’autres titres ont bien évidemment pris le parti de sauter dans le wagon du killstreak, de manière plus ou moins convaincante. Crysis, Medal of Honor ou encore Homefront font partie de ceux-là, mais restent dans l’esprit de la grande saga d’Activision. En revanche, lorsque Halo décide de se prêter au jeu pour son quatrième épisode, il choisit de le faire d’une manière quelque peu différente.
Les bonus que le joueur reçoit dans Halo 4 ne font pas apparaître de grands vaisseaux prêts à faire pleuvoir la mort. Non, ils octroient simplement des armes ou des boosts faisant partie de l’arsenal du jeu. Obtenir une épée via un killstreak n’est pas une garantie de voir augmenter son score de cinq ou dix frags, le système est bien présent, mais laisse la place au talent du joueur et surtout à celui de ces adversaires et l’équilibrage n’est en pas menacé.
Y’a-t-il une vie après le Killstreak ?
Si Halo 4 est jugé ici comme doté d’une bonne utilisation de cette mécanique de gameplay, le cinquième épisode a pourtant décidé de la laisser de côté pour sa déclinaison multijoueur « Arena ». De même, si Call of Duty continue chaque année de nous abreuver de killstreaks rewards à ne plus savoir qu’en faire, des playlists dédiées permettent de jouer sans les fameux bonus.
Les championnats d’eSport dressent des listes entières de killstreaks bannis, comme autant d’aveux d’échec. En guise de conclusion, il est donc bon de se rappeler qu’à l’échelle de l’existence de notre loisir préféré, les bonus de killstreak demeurent une addition récente, donc perfectible.
RETROUVER TOUTE L'ACTUALITÉ FPS SUR NOTRE PAGE DÉDIÉE