Sans être un grand aficionado de jeux vidéo (c'est d'ailleurs ma première critique ici), j'avais adoré les Chevaliers de Baphomet et les Boucliers de Quetzalcoatl (sur PC) dans mon adolescence, qui m'avaient entraîné dans l'exploration des jeux point'n'click, souvent passionnants mais jamais tout à fait autant que ces deux là. J'avais forcément été déçu par l'épisode 3 et je n'ai même pas testé le 4, mais j'ai finalement téléchargé le 5, la Malédiction du Serpent, sur Android, 8 ans après sa sortie.

Premier point, il me semble que la version Android est une bonne affaire. On télécharge le jeu pour dix euros en tout, 5 euros pour chaque moitié, on ne perd donc "que" 5 euros si on n'adhère pas. De plus, j'ai été agréablement surpris par la maniabilité du jeu sur Android. Les décors sont aussi jolis que dans les deux premiers opus. Les personnages en 3D se fondent pourtant bien dans les décors en 2D et les personnages jouables sont maniables, même si certains déplacements sur l'écran sont un peu longs mais ça fait partie du charme de ce genre de jeu.
J'ai dû mettre 15 à 20 heures à finir, je ne pense pourtant pas avoir été exagérément lent - et j'ai recouru à la soluce deux fois. Le jeu semble effectivement moins long que le premier opus, mais pas beaucoup moins que le deuxième. L'intrigue est un peu lente à démarrer, pour être honnête, on s'ennuie un peu pendant le premier quart du jeu, pendant lequel on avance essentiellement par le biais de longues conversations, imposées et souvent automatiques, avec les personnages. De plus l'aventure commence à basse intensité, difficile de vraiment s'intéresser au vol d'un tableau inconnu qui forme le point de départ. Tout au long du jeu, on assiste cependant à une amélioration constante à la fois de la qualité du scénario et de celle des énigmes, et on aborde la seconde partie du jeu saisis par l'appréhension d'une menace apocalyptique qui n'a rien à envier à celles des épisodes précédents.
S'agissant des énigmes justement, on est bien dans l'esprit de la licence, le jeu consistant à interagir avec des PNJ et surtout à réussir à faire évoluer des situations en recourant à des objets ou à des combinaisons d'objets plus baroques les uns que les autres. Mention spéciale à Marcel le cafard ! Le jeu est également jalonné d'une bonne dizaine de "puzzles", c'est à dire d'énigmes fixes, sur un écran dédié, qui font appel à la logique et au sens de l'observation du joueur. Je n'aime d'habitude pas trop ce procédé (d'ailleurs quasi-absent des CdB et des BdQ), que je considère comme une facilité scénaristique, cependant ici ces énigmes sont bien amenées et suffisamment variées pour rester divertissantes. Les deux dernières sont d'ailleurs particulièrement ardues.
Le jeu comporte cependant quelques faiblesses en comparaison de ses glorieux prédécesseurs :
- une intrigue lente à démarrer, et un esprit Baphomet qui ne revient qu'à 25% du jeu environ ;
- assez peu de tableaux - le jeu se déroule au total dans neuf lieux, dont quatre à mon avis présentent un réel intérêt - les lieux parisiens en particulier sont assez décevants ;
- pas de tableau complexe : n'espérez pas ici retrouver le charme du Paris du premier Baphomet, ou de petites villes comme Marib ou Quaramonte City qu'on pouvait arpenter à peu près librement, donnant l'illusion d'un jeu ouvert. George (et, de temps en temps, Nico) refuseront de sortir de la pièce tant que vous n'avez pas fait ce que vous étiez censé y faire, et tous les éléments nécessaires se trouvent souvent dans la même pièce. Par moment, surtout au début, on a l'impression décevante d'un escape game.
- peu de personnages et surtout très peu de personnages intéressants - dans ce domaine il y a beaucoup (trop) de fan service, et quand ce ne sont pas des personnages déjà connus qui reviennent, ce sont des archétypes (le prêtre, la chèvre...) - très peu de nouveaux personnages éveillent la sympathie et les dialogues, y compris avec les personnages déjà connus, sont plutôt décevants. L'humour du jeu y perd beaucoup.

En conclusion :
- une légère déception par rapport aux épisodes 1 et 2, mais qui ne bafoue pas leur esprit, contrairement aux épisodes 3 et 4 ;
- un excellent jeu point'n'click si on s'abstient de cette comparaison - et il est difficile de se comparer aux plus grands !