Youri parlait peu de lui sobre mais énormément lorsqu'il avait fumé et bu. Il était un bon flic, il avait réussit l'Ecole de Police avec brio et n'en était pas peu fier. Comme il aimait à dire avec humour emplie d'un ton qui ne trompe pas la tristesse, sa jeunesse s'était résumer à trois choses : la chirurgie de son oeuil gauche, les coups de poings de son vieux, et son affection pour les forces de police.
Il était presque borgne depuis sa naissance mais avait eu la chance d'avoir été choisi pour des soins thérapeutiques à l'étude grâce à une bourse des collectivités du comté de Millord. Ce qui faisait de lui l'enfant borgne le plus chanceux d'Amérique à quelques exceptions près. En quinze ans, Youri avait été opéré dix fois, avait sans cesse fait des allez-retours entre son foyer et l'hôpital, et avait même compté être resté 325 jours en hospitalisation ! Ainsi, il maudissait cet hôpital comme il haïssait les médecins. Et ce, malgré le succès finale de sa dernière opération. Succès qui lui a redonné une vue totale, et un numéro spéciale du Washington Post pour le mérite de l'ophtalmo-chirurgie américaine. C'est peu dire quand on sait que Youri allume une canette de soda à 100m avec ce petit sourire en coin : " Celle là c'est la mienne ou je me crève l'oeuil droit ".
Quand à son père, Youri aime souvent à dire qu'il était un ivrogne dérangé. Pourtant, il me semble qu'il cherche de fausses excuses. Son père était un ancien ouvrier des chantiers naval de Californie. Lorsqu'ils sont arrivés à Raccoon CIty, il a acheté une petite propriété et s'est mis à la culture des orchidées, une passion qu'il n'avait jamais pu assouvir auparavant. En vérité, je pense que c'est bien le fait que la mère de Youri soit morte en couche qui a fait de son père un monstre. De même, il me semble pas impossible que mon collègue ait ressentie de l'admiration pour la police qui l'arrêtait à plusieurs reprises pour comportement abusifs. Tout au moins, Youri se sentait plus heureux et libre lorsque son père était sous les verrous quelques jours. Etonnamment, livré à lui-même, il vadrouillait entre le ferme des Higgins, leurs enfants intrépides, et sa propre demeure. Il n'était jamais vraiment seul. Ophélia, Matthiew le considéraient presque comme leur frère. Une chose rassemblait son père et lui, la haine des médecins. L'un pour les chirurgies longues et douloureuses, l'autre pour la mort de sa femme.
Quand à l'Ecole de police, s'est l'adjoint du schériff Joles qui fut son modèle d'avenir. Pas comme père de substitution, mais comme référence de héros, comme les gosses projettent leur destin dans des romans de capes et d'épées, de comics books ou de légendes disparues. Joles n'était pas particulièrement affectif avec Youri mais il était sa lueur d'espoir. Lorsque la voiture de police débarquait dans la cour, il savait que son vieux allait être à l'ombre deux ou trois jours. Joles était l'autorité incarné. Mains sur le ceinturon, il déambulait sur ses rangers tels un cow-boy de l'Ouest américain. "Et nous y étions !" s'amuse souvent à dire Youri après quelques verres. Les bras croisés, la moustache bien peignée, le chapeau de desperados reconverti en justicier, Joles faisait peur aux enfants et faisait chialer les vieilles qui cachaient leurs enfants en cavale. Il avait arrêté le gang des Calers avec cinq de ses collègues. La nouvelle avait valu un discours du Sénateur en personne ! Une légende de la police que Youri rêvait de devenir.....si nous réchappions à cet hôpital sordide.