Il est impossible de parler d'Ultimate sans évoquer sa politique de communication pour le moins originale. Même si le marché du jeu vidéo a fortement évolué en plus de vingt ans, la volonté de se faire connaître n'a guère changé. Alors que nombre de studios cherchent à se mettre sur le devant de la scène, Ultimate semble prendre tout cela à contre-pied. Des interviews ? Presque aucune. Des publicités ? Pour quoi faire ? En réalité, il y a eu effectivement des publicités, mais d'un genre très particulier. Les affiches étaient sobres, sans image du jeu concerné et sans accroche particulière. Difficile de deviner de quoi on parlait. Mais elles touchaient en réalité le cœur de la communication made in Ultimate. « Jouer aux jeux pour découvrir par soi-même de quoi il en retourne », plutôt que de se baser sur une publicité qui vanterait démesurément les mérites du titre. De plus, les frères Stamper n'exprimaient pas la volonté de « perdre du temps » à communiquer sur leurs productions, préférant le passer sur le développement de nouveaux softs. Par la suite, les effets positifs de cette discrétion les ont incités à ne surtout rien changer. On citera par exemple l'absence remarquée d'Ultimate sur une compilation de jeux, Soft Aid Charity, vendue au profit des pays du tiers-monde. Tout cela dans le seul but d'être inutilement médiatisé. N'oublions pas non plus qu'à cette époque, la presse spécialisée est avant tout réservée à une élite, et son impact était bien moindre qu'aujourd'hui.
Ce fut là l'un des principaux atouts d'Ultimate : réussir à s'entourer peu à peu, et sans vraiment le vouloir, d'un voile de mystère qui lui servira à créer une image de marque un peu hors du commun. Elle devint rapidement l'une des premières sociétés de développement de jeux vidéo à avoir véritablement une communauté de fans, autant intéressés par les jeux que par la compagnie. Ultimate dut même employer une personne à temps complet pour prendre en charge l'abondant courrier des joueurs. Par ailleurs, les Stamper semblaient plus intéressés par l'idée de créer des jeux plutôt que par celle d'engendrer des bénéfices via des produits dérivés. Des goodies étaient donc distribués sur simple demande.
En choyant ses fans, tout en cultivant une sobriété intrigante, la réputation d'Ultimate va peu à peu grandir, et devenir quasiment indissociable de la marque Sinclair. Des années durant, Ultimate ne touchera pas à cette politique de communication, et continuera même à la pratiquer avec Rare. Cependant, les différentes mutations que connaîtra l'industrie vidéoludique placeront la société dans un véritable décalage et certains jeux en feront les frais.
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