Attardons-nous quelque peu sur Conker's Bad Fur Day. Ce titre qui marqua nombre de joueurs est en réalité le fruit de plusieurs années de travail et de mûre réflexion. Sa présence dans Diddy Kong Racing ne doit rien au hasard car le petit rongeur flamboyant possédait déjà dans les cahiers de Rare sa propre destinée. Ou du moins, les plus grandes lignes. Rappelant sans conteste le fameux Mister Nutz sur Super Nintendo, Conker aura sa première aventure sur Game Boy Color dans Conker's Pocket Tales. On sait alors que le mignon petit écureuil et son lance-châtaignes auront un titre à eux sur N64. Le développement avance, et le jeu s'annonce somptueux. Mais la comparaison avec Banjo-Kazooie est évidente et laisse échapper une certaine forme de déception. Pourtant, suite à ces quelques révélations, Rare s'enferme dans un silence qui lui est propre. La presse spécialisée, ayant l'habitude de ce comportement, ne s'en inquiète alors pas outre mesure… Mais cette fois-ci, la surprise sera vraiment au rendez-vous, venant confirmer les quelques rumeurs qui s'échappaient çà et là…
Exit le mammifère mimi tout plein, place à l'écureuil alcoolique, grossier et ne pensant qu'à l'argent, reléguant ainsi le pauvre Wario au rang d'enfant de chœur. Les développeurs modifièrent le jeu en profondeur pour en faire un titre résolument orienté pour un public adulte, sanglant, amoral et où les références (qu'elles soient cinématographiques ou sexuelles) tombent à la pelle. La recette va alors faire mouche. Ce côté complètement loufoque et décalé enchante la critique. L'effet est d'autant plus fort que c'est une console Nintendo qui accueille cet ovni. Considérée par beaucoup comme une machine destinée aux plus jeunes, et soumise à une censure particulièrement draconienne de la part de son créateur, la N64 propose l'un des titres les plus trash et les plus drôles de l'époque. Mais le soft ne fait pas l'unanimité notamment chez l'association Famille de France qui tente, en vain, de faire interdire le jeu dans nos contrées.
Comment justifier l'arrivée d'un tel pavé dans la mare tranquille de la 64 bits ? La raison est sans doute à chercher du côté de Nintendo qui tentait tant bien que mal de briser son image « enfantine », en proposant un jeu résolument mature. Ceci explique certainement cela mais Conker demeurera plus une curiosité qu'un véritable tournant dans la politique de la N64.
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