Selon les dires des frères Stamper, c'est le potentiel de la machine de Nintendo, combiné à leurs désillusions concernant l'évolution du marché du logiciel, qui les poussa à se rapprocher du leader nippon. Les équipes d'Ultimate s'étaient rendues en 1983 au Japon, dès la sortie de la Famicom, afin de mener une étude technologique de la console. Elles garderont par la suite cette habitude pour chaque console sur lesquelles elles seront amenées à développer. Une subdivision est alors fondée en juin 1986 sous le nom de Rareware Ltd. La cohabitation entre les deux structures ne durera qu'un temps, Ultimate s'occupant encore de quelques jeux sur Sinclair, avant de finalement vendre son catalogue et son label au britannique U.S.Gold (racheté par Eidos en 1996). Pour marquer d'autant plus son changement de cap, la société emménage dans de nouveaux locaux à Twyncross. Rareware ne s'occupera plus du tout du monde informatique.
Mais il n'est pas simple de développer sur la boîte grise de Nintendo. La décision en revenait au directeur général de Nintendo of America de l'époque, Minoru Arakawa. La firme au plombier moustachu a en effet su tirer de nombreux enseignements de la crise passée. En limitant les sorties de jeux indépendants à cinq par an, gérant la construction des cartouches et se faisant payer avant même leur construction (celles-ci ne pouvaient lui être retournées), Nintendo a réussi à imposer son propre modèle de développement. Ces mesures devaient servir à empêcher la production de jeux de mauvaise qualité. Pour gage de qualité, un label, le golden seal of approval était placé sur chaque cartouche. Mais l'expérience des Stamper est grande. Grâce aux années de développement qu'ils pratiquèrent sur arcade puis micro-informatique, ils ne mettront que peu de temps avant de comprendre les rouages de la NES. Quelques démonstrations de leurs jeux à venir suffiront pour leur permettre d'obtenir le sacro-saint label, et donc l'autorisation de développer sur la console. En même temps, Rare en profitera pour ramifier sa société en lançant une filiale, « Rare coin-it » à Miami sous le commandement de Joel Hochberg. Leur premier jeu sera le très bon Slalom.
Les premiers titres estampillés Rareware ne sont majoritairement que des portages issus de l'arcade. Mais très rapidement des hits originaux côtoieront des jeux plus moyens. Nous retiendrons surtout le beat them all Battletoads, mettant en scène des grenouilles rappelant fortement les Tortues Ninjas... La petite société trouvera très rapidement ses marques sur NES, en devenant l'une des plus prolixes avec près d'une soixantaine de jeux dans ses huit premières années de collaboration avec Nintendo. L'arrivée du Game Boy permettra par la suite à Rareware d'adapter ses titres phares. Il n'existe cependant aucun contrat d'exclusivité entre les deux firmes.Quelques maigres tentatives de portages sur Mega Drive et Game Gear furent expérimentées par Rare, mais le succès ne répondit pas présent. Seuls Rattle' n Roll ou une version de RC-Pro-Am, feront un peu parler d'eux et rapidement, une politique de « fidélité implicite » sera menée envers Nintendo.
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