Nicolas Hulot nous l'avait confié un jour : de toutes les pages que l'on peut trouver au sein de nos larges dossiers composants, celle dédiée aux constantes environnementales reste sa préférée. Normal, puisque l'on va y aborde notamment la question de l'impact énergétique que nos nouveaux produits vont laisser sur notre bonne vieille Terre. Attention, Nico : prépare des mouchoirs...
Bon... Les performances des cartes Turing en termes d'efficacité énergétique sont loin d'être aussi décevantes que ce que notre sympathique introduction laisse imaginer. Cependant, notre constat présentera des similarités avec les éléments que nous exposions concernant les performances 3D : le bilan reste bon, mais les améliorations apportées traduisent un retrait par rapport à ce que NVIDIA avait l'habitude de proposer. Ainsi, revenons une nouvelle fois sur quelques chiffres issus du passé : entre les cartes de série 9 et celle de série 10, l'efficacité énergétique avait bondit de près de 70%. Il est vrai que la progression dans ce domaine avait été particulièrement mis en avant par le fabricant lors des différentes présentations auxquelles nous avions assisté. Or, que constate-t-on sur cette nouvelle génération ? Que cet aspect se stabilise. La démonstration est d'ailleurs particulièrement flagrante lorsque l'on compare GTX 1080 Ti et RTX 2080 : les deux cartes proposent à peu de chose près les mêmes performances, et les mêmes niveaux de consommation (un très léger avantage subsiste en faveur des cartes Turing cependant). Concrètement, le modèle RTX 2080 poussera ses exigences énergétiques à hauteur de 235 Watts, tandis que la RTX 2080 Ti les portera bien au-delà de ce que l'on connaissait avec les GTX 1080 Ti : 295 contre 249 Watts.
Evidemment, Turing demeure indéniablement plus efficace que Vega côté AMD. Mais il faut cependant noter que ces valeurs ne sont le reflet que d'une partie des possibilités de Turing. Il sera intéressant de mesurer les valeurs de consommation des nouvelles cartes, lorsque certaines de leurs spécificités seront activés / exploitées (DLSS, ou ray tracing). Chose que nous n'avons pas eu le loisir de faire jusqu'à présent (principalement faute de temps pour mettre en place un protocole sérieux). Dernière petite remarque : nous avons constaté une augmentation sensible de la consommation au repos sur Turing. Toutefois, selon les équipes NVIDIA, il s'agira d'un bug qui trouvera une solution logicielle sous peu.
Lorsque l'on parle constantes environnementales pour une carte graphique, on parle aussi nuisances sonores. Ici, les chiffres sont plutôt positifs, même si les valeurs brutes mesurées restent élevées. 51 dBA en charge pour la RTX 2080 Ti, par exemple, 45 dBA pour la RTX 2080, dans les mêmes conditions. (Attention : nous effectuons nos mesures assez près des cartes, afin de mieux les caractériser. La nuisance sonore au niveau d'un utilisateur sera nécessairement moindre). Pour le premier cas, ce chiffre confirme ce que les lectures de fréquences de fonctionnement esquissaient : la puce TU102 telle qu'elle est configurée sur la 2080 Ti n'est pas simple à maitriser d'un point de vue refroidissement. D'ailleurs, en charge, ce modèle monte au niveau du GPU jusqu'à 82°C, ce qui oblige les ventilateurs à ajuster leur vitesse de rotation autour de 2100 tr/min.
La RTX 2080, au contraire, peut se contenter d'une vitesse moindre (environ 1800 tr/min en charge), et confirme ce que l'on supposait : le double système de ventilation axial est bien plus efficace que le blower qui équipait les précédentes itérations des cartes Founders Edition. Pour le prouver, listons quelques éléments de comparaison. Une GTX 1080 Ti Founders Edition, dont les performances sont très légèrement inférieures à celle d'une RTX 2080, générait environ 48 à 49 dBA de nuisances sonores. Les modèles custom de cette même référence, quant à eux, produisaient un bruit mesuré à 47 dBA pour notre exemplaire PNY et 44 dBA pour notre exemplaire Asus STRIX. Autant dire qu'avec ses 45 dBA, la RTX 2080 Founders Edition s'en sort particulièrement bien. D'autant qu'une marge niveau température existe : en charge, le GPU n'a jamais dépassé les 76°C. Si l'on devait formuler une critique cependant, elle concernerait l'absence de mode de fonctionnement passif. Un mode que l'on retrouve sur de nombreux modèles customisés que le système de refroidissement, au vu de ses performances, pourrait sans doute supporter. La preuve est d'ailleurs donné par le modèle de RTX 2070 de Gigabyte : grâce à son mode de fonctionnement passif, la carte WindForce 3X ne dégage aucun souffle au repos, et en charge, les constantes environnementales demeurent parfaitement maitrisées : 66°C au niveau du GPU, et 42 à 43 dBA de nuisance sonore selon les jeux. En se basant sur ces chiffres, nous dirions que le GPU de la 2070 est typiquement de ceux qui pourraient se contenter d'un système de refroidissement bien moins performant, tout en continuant à fonctionner de manière optimale. A ce titre, il ne sera sans doute pas nécessaire d'aller chercher un modèle sur la partie haute de la grille tarifaire pour disposer d'un produit tout à fait convaincant.
Pour finir, si l'on met de côté la partie consommation, on ne peut que louer le changement de design et ses conséquences sur la gestion des constantes environnementales. Les cartes Founders Edition semblent cette fois réellement se présenter comme des modèles premium, et à ce titre, elles risquent de laisser peu d'espace d'expression aux partenaires de NVIDIA. La bonne nouvelle, c'est que cela pourrait éviter une envolée des tarifs sur certains modèles custom par rapport aux cartes FE, comme cela était la règle ces dernières années. Nous en saurons plus à ce sujet bientôt, puisque nous attendons de recevoir des références en 2080 Ti de chez Zotac et PNY.