Annoncé lors du Tokyo Game Show 2010 sous le titre Project Dark, cette "suite" (tout du moins dans l'esprit) à Demon's Souls est rebaptisée Dark Souls par la suite. Hidetaka Miyazaki prend directement les rênes du projet afin de s'assurer que sa vision soit correctement appliquée par un studio désormais rassuré par le succès de Demon's Souls. Le titre sortira le 22 septembre 2011 au Japon et le 7 octobre 2011 en Europe, un délai raccourci par rapport à celui de Demon's Souls, signe de la popularité de la franchise à l'international. En octobre 2012, le titre débarque sur PC agrémenté du DLC Artorias of the Abyss, un contenu unanimement salué par les joueurs et la critique.

Si le gameplay Soulien est conservé, Dark Souls est pensé pour se dérouler dans un univers non plus découpé en zones distinctes connectées par un HUB central, mais avec une approche plus libre dotée d'environnements interconnectés. Un monde ouvert que le joueur peut parcourir sans temps de chargement afin de mettre en avant le plaisir de l'exploration. Une exploration désormais truffée de pièges retors et d'embuscades pernicieuses ! Le niveau de difficulté du jeu est en effet rehaussé par rapport à Demon's Souls afin de renforcer le sentiment d'accomplissement lié à la réussite d'un objectif.

“Prepare to Die”. Telle une inévitable prophétie, la mort est une composante essentielle de la saga de Souls. Le joueur doit être prêt à faire le deuil d’une partie de ses acquis vidéoludiques pour apprécier au mieux l’expérience Dark Souls. Oui il va mourir, à de nombreuses reprises même ; oui, il perdra sans doute les âmes qu’il aura parfois mis des heures à récolter. Et pourtant, il trouvera toujours cette étincelle le poussant à continuer, à se dépasser. Car l’échec n’est jamais envisagé comme un obstacle dans Dark Souls, mais plutôt comme un moyen d’apprentissage. On ne tire de meilleures leçons que celles apprises à la dure par ses erreurs voire même par celles des autres. Le retour des tâches de sang laissées au sol par les autres joueurs nous l’enseigne à nouveau.

Toutefois, à aucun moment From Software n’a décidé d’ériger la difficulté en tant que but. Si elle se fait ressentir à presque tous les instants, c’est avant tout pour renforcer le sentiment d’accomplissement du joueur.

Dark Souls restera encore souvent cité par l'industrie comme l'un des jeux les plus influents de ces dernières années. À l'apogée du plaisir ludique à de nombreuses reprise, il n'en est pas pour autant dépourvu de défauts sur lesquels nous reviendrons dans la partie post mortem de cette page.

Les morts envahissent Lordran

Cet aspect est trop souvent minimisé par les joueurs n’ayant jamais pris la peine de s’y pencher un moment. Essentiellement connu pour son gameplay, Dark Souls est pourtant doté d’une profondeur narrative que beaucoup ne soupçonnent même pas. Nous vous invitons ici à lire cet article pour découvrir les subtilités de la narration de la saga.

Dark Souls n’est pas directement lié à Demon’s Souls, l’action prend place dans le royaume mourant de Lordran où les morts-vivants commencent à se faire de plus en plus nombreux. Nous vivons les derniers moments de l’âge du Feu, la flamme vacille faiblement avant sa prochaine extinction. À ses début, Lordran était un royaume peuplé de Dragons éternels, mais un jour apparue la flamme et avec elle quatre sources de pouvoir. La lumière, possédée par le Seigneur Gwen, la vie, détenue par la sorcière d’Izalith, la mort, laissée entre les mains du premier d’entre eux Nito et enfin les ténèbres, confiés à un être discret préférant rester dans les ombres, le Pygmée. Dans l’univers de Dark Souls, les ténèbres sont étroitement liées à l’humanité et donc à la destinée du joueur. En associant leur puissance, Gwen, la sorcière d’Izalith et Nito parviennent à se débarrasser des dragons avec l’aide du traitre Seath, dragon né sans écaille cible des moqueries au sein de sa propre race. Gwen s’auto roclame alors souverain absolu de Lordran et instaure l’âge du feu.

C’est durant cette période que seront bâties la plupart des villes et bâtiments que le joueur explorera durant son aventure. On peut par exemple mentionner la rayonnante cité d’Anor Londo, siège du pouvoir de Gwen au sein de laquelle résident les plus puissants chevaliers du roi ainsi que sa descendance. Dark Souls situe son action en plein coeur d’une période de changement. Sentant venir la fin de son reigne, Gwen se met en tête de partir en croisade pour tenter d’entretenir la flamme. Il y perd au change une partie de son âme tandis que partout dans le monde les humains finissent par petit à petit se transformer en morts-vivants errant sans but. Nous jouons l’un d’entre eux, descendant direct du Pygmée porteur de la marque sombre, symbole liée une ancienne prophétie nous empêchant de finir en carcasse, ces humains vidés de toute volonté ou émotion, coquilles vides que l’on affronte tout au long du jeu. Notre chemin nous conduira vers une destinée liée à deux choix, raviver le feu pour entretenir l’oeuvre de Gwen ou bien contribuer à l’avènement de l’âge des ténèbres.

Post Mortem de Dark Souls

■ L’exploration, maître mot du jeu

Alors que Demon’s Souls articulait sa progression autour du Nexus, un HUB central depuis lequel le joueur pouvait se téléporter vers les différents niveaux du jeu, Dark Souls décide de placer l’exploration au coeur de son expérience. Désormais, le monde est ouvert et il est possible d’accéder à la quasi totalité des zones en se déplaçant à pied. Précisons tout de même que certaines zones sont dans un premier temps fermées jusqu’à ce que le joueur ait accompli un certain objectif. On pense par exemple ici à la forteresse de Sen dont la grille s’ouvrira après avoir fait sonner les deux cloches du début du jeu.

Ce choix d’ouverture du monde est en partie responsable de la renommée de From Software en matière de level-design. Il suffit de se balader quelques instants dans Lordran pour saisir l’étendue de la complexité de sa construction. Grâce un travail minutieux sur les différences de hauteur, sur les angles de caméra ou encore sur des mécanismes complexes à déclencher, le studio japonais est parvenu à insuffler une cohérence de tous les instants à ce premier volet de Dark Souls. On y trouve les fameux feu de camps dispersés un peu partout dans le monde, ils servent de checkpoint auprès desquels le joueur pourra trouver un peu de réconfort, recharger ses fioles de d’Estus ou encore améliorer ses statistiques en dépensant ses âmes, cela au prix du reset total des mobs (hors boss bien entendu). Décidément, tout se paye dans les Souls.

■ Une histoire enfouie

Ce n'est pas pour rien si le premier épisode de la série Dark Souls continue à alimenter l'imaginaire et la soif d'interprétation des joueurs passionnés par la série. Avec sa narration discrète, le titre demande au joueur de se transformer en véritable enquêteur du récit. Il faudra pour cela prêter attention aux détails, aux descriptions des objets et parfois même forcer la main aux PNJ pour obtenir de petits morceaux d'histoire. Un ensemble de pièces de puzzle à reconstituer pour tenter de lever le voile me mystère qui plane sur Lordran. Une réussite !

■ Ornstein et Smough, Artorias, des boss épiques

Dark Souls propose certains des combats de boss les plus mémorables de toute la série. Point d'orgue de longues phases de jeu passées à progresser dans la douleur, ces rencontrent bénéficient d'un souffle épique indéniable. Encore ébloui par l'architecture de la majestueuse cité d'Anor Londo, le joueur traverse l'épais voile de brume le séparant d'une rencontre toute aussi pernicieuse qu'iconique, Ornstein et Smough les féroces gardiens de la princesse Gwynevere. Et que dire encore au sujet de chevalier Artorias, guerrier à lui seul porteur de l'image du DLC du jeu. Sif le loup, Manus, les quatre Rois, Dark Souls restera gravé dans les mémoires pour ses boss.

■ Une amélioration des armes simplifiée

Exit le casse-tête lié à la forge de Demon's Souls, Dark Souls simplifie son système d'amélioration des armes grâce à l'introduction de la Titanite. De l'éclat à la tablette, il faudra récolter ces matériaux pour augmenter la puissance de ses armes auprès des différents forgerons (ah, André !). Bonne nouvelle aussi puisque les armures peuvent dorénavant être upgradées afin d'augmenter leur résistances.

■ Praise the Sun !

Lié à l'émblématique personnage de Solarius d'Atsora, le chevalier Solaire, ces trois mots sont devenus un véritable hymne de ralliement pour les amateurs de la saga des Souls. La maxime est accompagnée d'une gestuelle caractéristique de l'avatar levant les deux bras haut vers le soleil. Ce meme alimente l'imagerie de la saga et se retrouve imprimé sur de nombreux produits dérivés de la franchise. Il est aujourd'hui tellement symbolique de l'esprit Souls, que son emote est présente dans tout les jeux de From Software depuis la sortie de Dark Souls 1, y compris dans Bloodborne via l'emote "Make Contact".

■ Techniquement inconstant

Ah le Hameau du Crépuscule (Blighttown en anglais) ! Une zone à refiler des cauchemars à la plupart des joueurs de Dark Souls sur PS3 et Xbox 360 dans une mesure un peu moindre. Au delà de son côté sombre et empoisonné, c’est avant tout pour son framerate catastrophique que les lieux ont acquis une triste réputation au fil des années. Comment combiner l'exigence de réactivité de la série quand la fréquence d’affichage du jeu patauge en eaux troubles sous la barre des 15 fps ? La réponse est simple, en courant directement vers la zone du boss sans prendre la peine d’explorer la zone. Si les environnements de Dark Souls 1 se montrent convaincants, l’aspect technique du jeu sur consoles a parfois du mal à suivre les ambitions visuelles de From Software. Il aura fallu attendre l’arrivée du jeu sur PC et le providentiel mod DSfix de Durante pour que DS tourne enfin de façon fluide à tous les instants.

■ Un PvP parfois frustrant

S’il présente plusieurs évolutions positives par rapport à celui de Demon’s Souls, le PvP de Dark Souls se montre tout de même assez frustrant sur de nombreux aspects. Le système de sélection de l’opposant entraîne un grand nombre de rencontres déséquilibrées contre des joueurs aux statistiques bien plus élevées que les votres. On rétorquera que la chose obligera le joueur à donner le maximum de lui-même pour se montrer plus skillé que son adversaire, certes ! Mais ce serait ne pas prendre en compte la latence souvent très élevée des joueurs d’en face, un écueil technique à l’origine de nombreux problèmes de parades ratées, de backstabs sortis de nulle part et de sorts impossibles à éviter.

■ La toute puissance de la pyromancie

"La pyro c'est pété !" Combien de joueurs ont pu expérimenter la toute puissance des builds pyromancie sur Dark Souls ? Il existe de nombreuses façons de rendre son personnage particulièrement efficace en combat dans le jeu, mais le peu de pré-requis nécessaires à l'obtention des sorts de feu transforme cette école de magie en compagnon à tout faire et véritable destructeur de boss. Contrairement aux autres sorts, la puissance des pyromancies ne dépend d'aucune statistique, seulement de votre flamme de pyromancie. Il est donc facile d'obtenir des boules de feu et autres tourbillons de flammes sur un personnage à la base pensé pour être tout autre chose qu'un mage.