Si aujourd’hui encore, il est difficile de passer à côté de l’hégémonie de Star Wars, et particulièrement à la veille de la sortie du septième opus, il est rassurant de voir que le medium auquel nous nous intéressons a su apporter sa vision et l’imposer. Les univers et leurs mythologies associées qui nous étaient encore inconnus il y a dix ou vingt ans font dorénavant partie intégrante de notre culture vidéoludique et sont bien sûr amenés à se développer dans les mois et les années qui viennent.

Destiny entame donc sa deuxième année en fanfare en nous proposant un nouveau lieu à explorer et une nouvelle race à combattre, entre autres choses. Nul ne sait si Bungie réussira son pari de faire perdurer son blockbuster pendant encore plusieurs années, mais si tel est le cas, la mythologie Destiny est bien partie pour faire des petits et se décliner, en puissance, à l’infini.

Halo, entretemps passé sous l’égide de 343 Industries tente de nous séduire avec son cinquième épisode. Ici encore, et en s’affranchissant volontairement de toute notion de gameplay, on constate que l’univers de la saga est en évolution constante. Avec huit personnages repartis dans deux escouades différentes, le titre apporte du sang frais, et bien sûr son lot de nouveaux endroits à découvrir.

Star Wars (encore lui !) Battlefront souhaite nous faire goûter à ses batailles galactiques dans un écrin plus que séduisant. On peut enfin s’attendre à une digne représentation des batailles épiques de la saga, rixes auxquelles quarante joueurs peuvent prendre part. La démesure et la grandiloquence sont au rendez-vous, le gameplay fortement marqué de l’empreinte Battlefield convainc, Star Wars ne compte pas faire oublier sa position de leader.

Un peu plus tard, comptez un an, le quatrième épisode de Mass Effect devrait frapper fort et étendre un univers déjà plus que riche. Sous-titré Andromeda, ce nouvel épisode sera également le premier à s’offrir le confort de la nouvelle génération de consoles. Un plus technique qui devrait aussi faire pencher la balance artistique et ne pourra résulter qu’en une immersion renforcée. Bien sûr, les éléments constitutifs de ce que l’on appelle aujourd’hui « la trilogie Shepard » seront de la partie, mais BioWare compte avant tout redéfinir sa franchise. Un nouveau départ qui s’annonce donc sous les meilleurs auspices.

Star Wars Battlefront et Mass Effect

Vous l’aurez compris, le Space Opera n’est pas mort, bien au contraire. De plus, si l’on s’éloigne des ténors du genre évoqués plus haut, la scène du jeu vidéo se diversifiant, les manières d’approcher le genre ne pouvaient que suivre.

À titre d’exemple, Elite Dangerous, quatrième volet d’une série née il y a plus de trente ans, a pu voir le jour grâce au financement participatif. Elite, premier du nom, était révolutionnaire à l’époque et reposait déjà sur la gestion du commerce et des combats dans l’espace. L’itération Dangerous, sortie en 2014, conserve la formule en l’adaptant bien sûr aux standards modernes et y appliquant un modèle massivement multijoueur qui ne pouvait qu’élargir ses horizons. La réussite de sa campagne de financement prouve que nombre de joueurs frustrés par les limitations technologiques des années 80 rêvent de voir leurs univers favoris renaître.

Autre vieille gloire, Master of Orion, dont nous avons parlé plus tôt dans ce dossier, compte bien redorer le genre du 4X en tenant compte des avancées d’aujourd’hui lorsqu’il nous proposera sa nouvelle itération. Dix races seront jouables, disposant de particularités propres, dans cette version forcément bien plus aboutie que ses aînés. Construction, technologie, combats et utilisation de la diplomatie seront vos armes pour vaincre vos ennemis… ou conclure un pacte pacifique avec eux. On retrouve ainsi la dimension politique propre au space opera, sans oublier, encore et toujours, la conquête.

Chris Roberts, l’homme derrière Wing Commander et Freelancer nous prouve qu’il a toujours la tête dans les étoiles en étant aux commandes de Star Citizen, qui devrait voir le jour en 2016. Le titre se jouera à la première personne mais sera loin, très loin de n’être qu’un gigantesque stand de tir aux aliens. Il faudra y récolter et gérer de multiples ressources et l’importance du système économique promue par les développeurs laisse entendre que rien n’y sera simple, pour le plus grand plaisir des joueurs. De plus, il sera jouable avec l’Oculus Rift. Vous prendrez bien un peu de réalité virtuelle dans votre space opera ?

Les tentatives se multiplient grâce à la ferveur de nombre de développeurs indépendants soucieux d’apporter leur vision sur le thème. L’exemple ambitieux et vertigineux de la proposition de No Man’s Sky l’illustre bien : nul besoin d’évoquer une licence connue ou de déployer des moyens faramineux pour séduire. En implémentant la dynamique du 4X dans un immense bac à sable galactique, les développeurs de Hello Games semblent bien inspirés. De surcroît, leurs choix en termes d’esthétique, ces couleurs très saturées et la proposition graphique loin d’être réaliste incarnent une alternative rafraîchissante. Et puis, la perspective d’explorer des contrées inconnues, de faire des rencontres inattendues et d’apprendre à connaître un univers en théorie infini grâce à la création procédurale de planètes ne peut que laisser pantois.

Si la définition stricte du Space Opera ne peut concerner tous les titres évoqués ici, beaucoup s’en rapprochent et en ont au moins l’âme ou en partagent la majorité des attributs. Au fil des années, les développeurs ont voulu insuffler les composantes du thème, ne serait-ce qu’en ce qui concerne l’idéologie véhiculée. Si les balbutiements liés aux divers freins techniques dans la prime jeunesse de notre loisir préféré appartiennent désormais au passé, l’évolution, elle, reste en marche. L’apport de la troisième dimension a servi le genre avec brio, pour finir par le transcender avec de plus grosses productions au contenu pouvant rivaliser avec les ancêtres venus d’autres media, Star Wars en tête.

De même, il est intéressant de constater que le choix du type de gameplay pour aborder le thème a fini par se canaliser. Si à la grande époque de l’arcade, il suffisait d’instaurer un contexte spatial, la complexité des univers Space Opera nécessitait l’utilisation des ficelles du jeu de rôles, au sens large du thème. On retrouve évidemment nombre d’exceptions à cette règle et finalement, comme dans l’ensemble de notre industrie, la solution est venue de l’hybridation des gameplays. Incorporer la dose nécessaire d’Action dans un contexte RPG s’est avéré être payant, des titres comme Destiny ou Mass Effect en sont la preuve aujourd’hui.

Vivre une aventure épique, mener les guerres nécessaires et triompher dans la grandiloquence, voilà une offre alléchante. Avec la réalité virtuelle, la possibilité de jouer à plusieurs centaines simultanément et l’avancée incontestable de la technologie, nous sommes bien loin du plan fixe de Space Invaders de 1978… On se prend alors à rêver, finalement, notre medium préféré est encore jeune, les années à venir nous réservent des surprises que l’on ne saurait envisager aujourd’hui. L’espace en tant que terrain de jeu, mais surtout, son infinité d’histoires à raconter n’ont pas fini de nous fasciner.