En mars 2010, le monde vidéoludique apprend avec stupeur que Vince Zampella et Jason West sont virés d'Activision. Selon l'éditeur américain, les deux hommes (qui réclament des royalties impayées de leur côté) ont essayé de saboter le développement de Modern Warfare 2, tout en fricotant avec un autre éditeur. Bobby Kotick, patron d'Activision, déclarera plus tard :

Vous avez deux dirigeants qui envisagent de rompre leurs contrats, de garder l'argent que vous leur avez donné et de voler 40 employés. Dans ces conditions, vous faites quoi ? Eh bien, vous les mettez aussitôt à la porte.

Vince Zampella et Jason West finissent alors par attaquer leur ancien employeur. Cette affaire, qui aurait coûté des dizaines de millions de dollars à Activision, se règlera finalement à l'amiable. Au total, Activision aura versé près de 42 millions de dollars aux deux hommes ainsi qu'aux autres membres du studio invités à aller voir ailleurs. Certaines sources parlent même d'une somme énorme versée au duo pour oublier l'affaire.

Ironie de l'histoire, Vince Zampella et Jason West ne tardent pas à trouver un nouveau point de chute, et quel point de chute ! Alors qu'ils avaient quitté Electronic Arts et 2015, ils reviennent chez cet éditeur et donnent naissance à Respawn Entertainment. Le premier jeu, Titanfall, exclusif à la Xbox One et au PC, rencontrera son public malgré des ventes qui ont eu du mal à décoller (il est actuellement à près de 4,5 millions de pièces écoulées selon VGChartz). Actuellement, le duo travaille sur Titanfall 2 qui débarquera, si tout va bien, en 2016 sur un plus grand nombre de plateformes.

LA SÉRIE POURSUIT SON CHEMIN SANS SES CRÉATEURS

Depuis l'éviction de Zampella et West, Call of Duty a été repris de main de maître par d'autres développeurs talentueux. Le studio Sledgehammer est appelé en renfort pour s'occuper du solo tandis que Raven Software se focalise sur le multi. Malgré un moteur à l'agonie, Call of Duty : Modern Warfare 3 demeure très efficace mais les joueurs commencent sérieusement à se lasser d'une formule qui se répète sans cesse. Qualifié de copier-coller d'anciens épisode, Modern Warfare 3 se traîne en plus des tares inconcevables en multi : cartes trop petites, armes mal équilibrées et bugs à foison. En s'éparpillant entre plusieurs équipes (c'est avec cet épisode qu'apparaît le service "Elite" concocté par le studio Breachhead), le développement n'a pas été un long fleuve tranquille. Les critiques des joueurs sont virulentes mais cela n'empêche le titre de faire un véritable carton au niveau mondial, avec plus de 30 millions d'unités écoulées !

Infinity Ward tentera de réagir avec Call of Duty : Ghosts et l'arrivée de la nouvelle génération - PlayStation 4, Xbox One - en 2013. Malheureusement, le moteur 3D est le même que dans les précédents opus et sa sortie, à cheval sur plusieurs plate-formes, annihile l'aura du jeu. Malgré quelques séquences sympathiques (notamment l'exploration sous-marine ou le passage dans la forêt sous l'orage), le titre s'enlise dans les clichés. Scénario confus et inutilement complexe, phases d'infiltration à la ramasse... la série commence à perdre pied et il faut vite une remise à niveau. Avec 25 millions d'exemplaires vendus, Ghosts s'en sort plus que bien mais restera, dans les esprits, comme l'un des Call of Duty les plus décevants.

ADVANCED WARFARE ET LE FUTUR

Mis devant le fait accompli avec Modern Warfare 3, Sledgehammer a pris le temps pour Advanced Warfare. Lors de la Paris Games Week 2014, le jeu obtient un tel engouement qu'il faut patienter 4 à 5 heures pour pouvoir toucher au titre une dizaine de minutes ! Après trois ans de développement, ce nouveau volet a l'ambition de proposer un gameplay renouvelé (grâce à l'exosquelette, le joueur peut accomplir des prodiges), des graphismes bien supérieurs à ceux de Ghosts et une campagne plus longue qu'à l'accoutumée. Oui, Sledgehammer n'a pas précipité les choses et ça se sent : effets magnifiques (lumières, déflagration, pluie, vent...), explosions très réussies, textures plus fines et détaillées, modélisation globale de haute volée, animations réalistes... Advanced Warfare surpasse les anciens volets de la série et le frame-rate, en 60 images par seconde, fait que tout est fluide et coulé. Ajoutez à cela une campagne de 15 chapitres, des cinématiques de qualité et un renouvellement constant dans les décors et vous comprendrez que la série a gravi une marche. Côté scénar', la présence de Kevin Spacey apporte beaucoup à l'intrigue et les joueurs, dans leur grande majorité, saluent la qualité globale du solo. En revanche, le multi ne fait pas l'unanimité. L'absence de serveurs dédiés est montré du doigt et différents défauts ne passent pas. Avec près de 20 millions d'unités vendues, le jeu reçoit encore les suffrages du public mais les chiffres ne sont plus aussi élevés alors que cet épisode le mériterait amplement.

Nous sommes désormais en 2015 et Treyarch s'apprête à faire son come back avec Black Ops III (on imagine sans mal que Sledgehammer prépare son futur Call of Duty pour l'an prochain). Cette fois, l'ambiance se voudra plus futuriste puisque le scénario prendra place entre 2060 et 2075. Il y aura des ennemis robotiques et, Treyarch oblige, on peut s'attendre à de multiples flashbacks. Mais la vraie force de cet épisode, au-delà de son multi qui s'annonce très riche, c'est la possibilité de jouer jusqu'à 4 en coopération ! Les niveaux sont ainsi plus ouverts et une situation mal embarquée peut être retournée à son avantage. Tout est une question de coordination et d'esprit d'équipe ! L'autre particularité de ce volet inédit, c'est qu'il n'y a plus de héros à proprement parler. Le joueur devra créer son propre combattant (ou combattante). Dès lors, il ne reste plus qu'à attendre le 6 novembre.

Au fil des années, la licence Call of Duty, sans être parfaite, a su se renouveler. De nombreux studios ont apporté leur vision du FPS et ont permis à cette série de résister aux affres du temps. Longtemps porté par un moteur constamment remis à jour, le jeu peut désormais compter sur une technique des plus spectaculaires et réussies. Quant à Medal of Honor, Electronic Arts a totalement abandonné cette licence depuis Warfighter en 2012, bien consciente qu'elle ne pouvait rivaliser pour le moment. Quant à Call of Duty, elle a aussi vu bon nombre de projets avortés. C'est le cas de Devil's Brigade, une production abandonnée qui devait se dérouler en vue à la troisième personne. Imaginez un TPS qui prend place en Italie, époque Seconde Guerre Mondiale, avec la possibilité de donner des ordres à la Hidden and Dangerous, ça aurait pu être une vraie bouffée d'oxygène. Malheureusement, le jeu conçu par Underground Development sera annulé. Enfin, plus proche de nous, Sledgehammer a proposé un concept de survival horror (en s'inspirant des modes Zombie de la série) intitulé Call of Duty Vietnam. Mais il faut croire que le risque était trop important. Réaliser un TPS (Third Person Shooter) avec un univers beaucoup plus sombre a refroidi les ardeurs d'Activision.

L'histoire de Call of Duty se poursuit et nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Il va être intéressant d'analyser, dans les années à venir, l'évolution de la série. Après tout, des missions dans l'espace ont déjà eu lieu, les développeurs ne manquent jamais d'idées.