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La tête dans les nuages
Un démarrage du tonnerre, un atterrissage en douceur : voilà comment je pourrais résumer cette année 2019 dans le jeu vidéo. D’un point personnel, l’apothéose a été atteinte lorsque j’ai rejoint, par une belle journée d’aout, la rédaction de Jeuxvideo.com et que je suis tombé sur un open-space au trois quart déserté pour cause de grandes vacances. Le début d’une nouvelle aventure et une belle façon d’aller tranquillement vers la rentrée, puis les fêtes. En rembobinant de quelques mois, je me rends surtout compte que 2019 a frappé très fort dès le début, grâce à un éditeur que je n’avais pas vu venir : Capcom. En sortant coup sur coup mon GOTY Resident Evil 2 et la meilleure surprise de l’année, sur une série que j’avais lâchée depuis le troisième épisode (Devil May Cry 5 ), l’éditeur japonais a su me cueillir avec force, mais bienveillance.
Mais ce que je retiens surtout, c’est que 2019 est sûrement la première année où j’ai davantage joué sur un PC dématérialisé que sur PC local. Plus d'ordinateur de jeu à la maison, mais une application Shadow qui tourne désormais très bien, la possibilité de lancer mon AAA sur un tout petit laptop ou sur un mini PC connecté à ma TV. Le cloud-gaming est là, quoi qu’on en dise et quoi qu’on en pense, et il va falloir faire avec. Alors certes, on fustige à juste titre Stadia et ses promesses non tenues, on s’interroge légitimement sur l’impact environnemental de cette nouvelle façon de distribuer les jeux, mais le fait est qu'une bonne partie de la culture va vers du 100% dématérialisé et il n’y a aucune raison que ça change. La musique y est passée depuis longtemps, la vidéo également, la littérature fait encore un peu de résistance et il y a peu de chance que le jeu vidéo y échappe.
Une année de jeu vidéo riche, très riche, donc, qui s’avère surtout une très belle introduction de ce qui nous attend l’année prochaine, avec l’arrivée des nouvelles machines de Sony et Microsoft, sans compter les acteurs naissants - Google en tête - qui ne se laisseront probablement pas faire.
Mon top 5 de 2019 :
- == Resident Evil 2 (2019) ==
- == Metro Exodus ==
- == A Plague Tale : Innocence ==
- == Devil May Cry 5 ==
- == Blasphemous ==
Video-test de Resident Evil 2
Mon coup de coeur : A Plague Tale : Innocence, ou l’envol d’Asobo
Qui aurait pu croire qu’un studio bordelais, à l’origine d’un moteur 3D bluffant au service d’un titre oubliable (Fuel) accoucherait quelques années plus tard d’une des expériences solos les plus marquantes de l’année ? Avec A Plague Tale , Asobo parvient à associer une évidente maîtrise technique, au service d’une direction artistique sidérante (cette traversée d’un champ de cadavres après une bataille, à la tombée de la nuit…) et de personnages attachants. A Plague Tale n’est pas parfait, loin de là, mais aligne suffisamment de moments grandioses pour surnager dans la masse des bons jeux de 2019. C’est sûrement à cela qu’on reconnait les grandes oeuvres, celles qui proposent une poignée de moments de grâce tellement forts qu’on lui pardonne ses errements. Difficile, par ailleurs, de ne pas être ravi pour Asobo, qui connaît un second souffle en 2019 et qui devrait définitivement s’envoler très haut en 2020, avec la sortie de Flight Simulator.
Mon coup de gueule : Sekiro, je t’aime moi non plus
Je vais vous faire une confession : j’adore les jeux From Software, mais ils me le rendent mal. Je suis amoureux de l’ambiance d’un Souls ou d’un Bloodborne, sous le charme de la brutalité des combats… Et pourtant, chaque heure passée en leur compagnie occasionne leur lot de souffrance, qui a cette année explosé avec la sortie de Sekiro . J’avais pourtant une folle envie de tomber dedans, de me rouler dans cet univers nippon féodal, surtout après un premier excellent contact à la Gamescom 2018. Mais, quand au bout de plusieurs heures, je n’avais toujours pas passé le premier boss et que la détermination avait laissé place à une rage sourde, j’ai dû me contraindre à laisser tomber. Au moins, Dark Souls et Bloodborne proposent un mode multijoueur, salvateur pour moi qui ne suis pas du genre à m’acharner. Mais Sekiro m’a laissé à sa porte, seul et perclu de bleus métaphoriques.