Ubisoft a décidément bien du mal à conserver le secret autour de ses projets majeurs. Cela s'est une nouvelle fois vérifié la semaine passée. Même s'il ne planait aucun doute sur le fait qu'un nouvel épisode de la franchise Assassin's Creed était actuellement en développement, des fuites ont brisé le plan de communication de la société française en révélant l'existence et la nature de celui-ci. On ne vous apprendra donc rien si l'on vous explique que le jeu se nomme Assassin's Creed IV : Black Flag et qu'il met en avant le monde de la piraterie. Intéressant mais insuffisant tout de même pour que vous sachiez réellement de quoi il en retourne. En grands privilégiés que nous sommes, nous avons justement pu en savoir plus sur ce titre ambitieux à travers une présentation riche en informations.
Sans surprise, Ubisoft travaille donc depuis plusieurs années sur le prochain Assassin's Creed, le jeu ayant été mis en chantier en 2011. Son développement implique la quasi intégralité des studios de la société française, dont celui basé à Montréal qui a, comme d'habitude, été placé à la tête du projet. Nombreux sont ceux qui s'attendaient en revanche à un spin-off dérivé d'AC III. Pour le coup, ce n'est pas le cas puisqu'on a droit au quatrième épisode canonique de la série. Petite particularité tout de même, le nom de celui-ci s'accompagne d'un sous-titre, Black Flag, comme pour marquer la différence qui existe, en termes de gameplay, entre ce volet et ses prédécesseurs. Mais commençons par nous pencher sur le contexte du jeu. L'histoire d'AC IV débute en 1715, pendant l'âge d'or de la piraterie, soit plusieurs décennies avant la Révolution américaine. A travers de multiples recherches, Ubi a cherché à rester au plus près des faits historiques. Ainsi, le monde des pirates n'est pas ici traité sous l'angle de la fantaisie. En clair, oubliez l'Ile au trésor de Stevenson ou la saga Pirates des Caraïbes car le jeu s'ancre dans la réalité. Et cette dernière est bien loin des stéréotypes que l'on cultive habituellement au cinéma ou dans la littérature. Attendez-vous à une plongée dans un univers brutal, sanglant, où la pitié n'a pas sa place.
Qui dit nouvel épisode canonique dit nouveau héros. Place donc à Edward Kenway qui n'est autre que le grand-père de Connor et donc, le père d'Haytham. Contrairement à son petit-fils, il possède un sale caractère. Son impétuosité fait des ravages. Pour autant, il n'en reste pas moins volontaire et particulièrement ingénieux. Sa volonté de vivre de grandes aventures et de s'enrichir l'amène à quitter son Angleterre natale pour rallier la mer des Caraïbes. Il y sera notamment confronté au conflit ancestral opposant les Assassins aux Templiers. Pris au départ entre deux feux, il finira par rejoindre la cause des premiers cités. Mais Edward va surtout participer à ce qu'on a appelé à l'époque la «République des Pirates». Il s'agissait en fait d'une sorte d'embryon de démocratie ou, pour être plus exact, d'association de malfaiteurs qui avait pour but de garder le contrôle des routes commerciales dans le dos des grands empires.
Ubisoft raconte que les développeurs n'ont pas eu besoin d'enjoliver l'histoire tant cette époque s'avère riche en événements incroyables et en personnages charismatiques. Des personnages que l'on retrouve bien entendu dans le jeu, qu'il s'agisse d'Anne Bony, de Calico Jack, de Charles Vane, de Ben Hornigold ou du terrible Barbe Noire. Les deux derniers de cette courte liste sont d'ailleurs les mentors d'Edward, ceux qui vont lui mettre le pied à l'étrier. Du côté des événements, vous serez notamment amené à vivre l'assaut de 42 navires marchands portugais par des pirates ou encore le naufrage mémorable de onze galions espagnols bourrés d'or, emportés par un terrible ouragan. Vous accompagnerez aussi Charles Vane lorsque celui-ci sera abandonné par son propre équipage sur une île déserte. Un moment sous haute tension. On le voit, Ubisoft conserve la volonté de faire en sorte que les joueurs participent à l'histoire. Avec AC IV, on reste donc en terrain connu me direz-vous. Et bien, pas tout à fait.
A travers Black Flag, Ubi a voulu concevoir un véritable open world naval avec pour but de lâcher le joueur dans un monde vraiment ouvert et totalement fluide. Rapidement, vous aurez accès à un bateau, le Jackdaw, qui vous permettra de parcourir librement la mer des Caraïbes sans qu'aucun temps de chargement ne vienne interrompre votre périple. Vous serez libre d'arrêter votre navire n'importe où, de mettre pied à terre pour visiter ce que vous souhaitez ou au contraire, de voguer au gré du vent pour attaquer chaque bateau qui croisera votre route. Les développeurs ont prévu pas moins d'une cinquantaine de lieux différents à explorer. Trois d'entre eux sont des villes : La Havane (Cuba), Kingston (Jamaïque) et Nassau (Bahamas). Ubisoft n'est pas encore rentré dans les détails mais on se doute qu'elles seront de taille plus modeste que les cités présentes dans les autres épisodes tant le focus a cette fois été mis sur la diversité des environnements. Le monde devrait ainsi être très vaste et regorger d'endroits intéressants à visiter. On sait d'ores et déjà que vous pourrez vous rendre dans des criques cachées -parfois occupées par d'autres pirates-, virevolter dans la jungle, fouiller des ruines à la recherche de trésors ou encore piller des plantations de cannes à sucre. Vous aurez aussi la possibilité de vous attaquer à des forts qu'il faudra d'abord affaiblir avec votre bateau avant de donner l'assaut pour y pénétrer. Le tout, on le rappelle, sans loading. Grosse nouveauté, les fonds sous-marins font également partie intégrante du terrain de jeu. Comme on peut aisément l'imaginer, ils renferment eux aussi une multitude de secrets de natures diverses.
Saluées unanimement par les joueurs, les batailles navales constituaient l'un des points forts d'Assassin's Creed III. Un succès qui a dû conforter Ubisoft dans son choix de faire tourner un épisode entier autour de cette nouveauté. Il a fallu cependant repenser pas mal de points pour passer de simples séquences ponctuelles à un rouage essentiel autour duquel tourne l'ensemble du jeu. Aussi, si on suppose que le système de navigation ne devrait pas beaucoup évoluer en lui-même, de nombreuses possibilités inédites sont offertes aux joueurs. La principale reste sans conteste la possibilité d'attaquer, d'aborder et de piller n'importe quel navire que l'on croise. Après avoir affaibli la cible à distance, on peut tenter de donner l'assaut à bord de celle-ci de différentes façons. Les plus pressés sauteront à l'eau et grimperont comme des sauvages sur leur proie alors que les plus patients abattront l'équipage adverse de loin, à commencer par le capitaine. Mais la méthode la plus classe reste de hisser le bateau à soi avant de passer par les cordages et les mâts pour se rendre sur ce dernier et le piller jusqu'à la moelle. Encore une fois, Ubi promet que tout cela se déroulera de manière complètement fluide. Par ailleurs, plusieurs paramètres seront à gérer durant ces batailles navales. A commencer par les tempêtes qui peuvent venir bouleverser la donne et compliquer votre tâche. Si l'affrontement s'éternise ou si vous êtes mis en difficulté par l'opposant, vous risquez de perdre des membres de votre équipage. A vous ensuite d'en réengager de nouveaux pour compenser les pertes.
Les développeurs ont aussi travaillé sur le comportement des ennemis. Les bateaux n'agissent pas tous de la même manière. Certains optent pour l'offensive frontale alors que d'autres essaient de jouer une carte plus défensive en profitant du climat ou de la topographie des environnements pour vous mettre en difficulté. Pour faire face à des adversaires toujours plus malins, plus puissants, vous pouvez améliorer le Jackdaw pour augmenter sa force de frappe ou sa résistance par exemple. Il s'agit là d'une phase importante car votre navire représente votre moyen de déplacement principal dans AC IV. Pour découvrir la totalité de la map, vous n'aurez d'autres choix que de passer par la mer. La grimpette semble ainsi reléguée au second plan, même si les environnements terrestres devraient permettre à Edward d'utiliser ses talents d'acrobate. Question technique de combat, notez qu'il utilise deux épées et quatre pistolets pour éliminer ses adversaires. En fait, pour résumer, Ubisoft souhaite créer une sorte de boucle. Grâce au Jackdaw, on part explorer le monde. En route, on pille les bateaux que l'on croise. Avec l'argent récolté, on améliore alors son navire, ce qui offre la possibilité de vaincre des adversaires encore plus puissants et d'accéder ainsi à d'autres parties du monde. En parallèle, on aura aussi tout un tas de missions à faire, liées ou non à l'histoire principale. Quelque part, on semble se rapprocher d'un Far Cry 3. Tiens tiens, une autre licence de chez Ubisoft, récemment acclamée pour son troisième épisode très réussi.
Pour compléter le tableau, Black Flag proposera toujours un scénario faisant l'aller-retour entre le XVIIIe siècle et aujourd'hui. Attention, c'est le moment où l'on risque de spoiler si vous n'avez pas fini AC III. Sautez donc ce paragraphe si vous souhaitez conserver un voile de mystère sur ce troisième volet. Pour les autres, vous n'êtes pas sans savoir que Desmond ne reviendra pas dans ce quatrième Assassin's Creed. Le héros change donc également dans le temps présent. Cette fois, le personnage principal, ce sera vous. Oui, vous, les joueurs. Vous serez en effet des chercheurs d'Abstergo Entertainment. Logique lorsqu'on sait que le jeu a rattrapé la vie réelle au niveau de l'époque à laquelle se déroule la métahistoire. Ubisoft s'est toutefois gardé d'en dire plus. On conclut avec un mot sur le multi. On retrouvera dans AC IV un principe similaire à celui des précédents volets. A priori, il faut juste s'attendre à quelques nouveautés légères comme l'arrivée de personnages et de cartes inédites.
Difficile de ne pas se montrer enthousiaste à la sortie de la présentation organisée par Ubisoft. A travers Assassin's Creed IV, la société française fait preuve de beaucoup d'ambition. Les développeurs ont cherché à créer une sorte de synthèse parfaite de tout le travail fourni autour de la série. Celle-ci prend la forme d'un vaste monde ouvert à l'intérieur duquel le joueur est entièrement libre de circuler et d'agir, sans qu'aucune barrière ne vienne entraver son périple. Il reste bien sûr de nombreux points à éclaircir puisqu'on n'a pas pu voir concrètement tourner le jeu mais on sait que le savoir-faire d'Ubi peut donner lieu à un résultat très intéressant. On a donc hâte de rentrer dans la peau d'Edward Kenway, d'embarquer à bord du Jackdow et de partir à l'aventure dans cet univers brutal et enivrant qu'est celui de la piraterie. D'ici là, il reste quelques mois à attendre car la sortie de Black Flag est calée au 31 octobre 2013 sur Xbox 360, PS3, Wii U et PC.