Après avoir défait Sigma et son armée de robots malveillants et ayant essuyé à l'occasion le sacrifice de son acolyte Zéro dans le 1er opus, X est désormais seul face à la menace réitérée des Mavericks. Ces viles machines, une fois encore, ambitionnent la conquête du Monde et l'éradication du genre humain plutôt que d'aspirer à une vie paisible en sirotant un cocktail d'huile au bord de la plage. Leurs sombres desseins sont désormais organisés par l'autorité conjointe de 3 Mavericks leaders, Serge, Violen et Agile. De toute évidence, l'intrigue n'est indiscutablement pas le principal attrait de ce nouveau Mega Man, d'autant plus que notre humanoïde guerrier n'a fondamentalement rien à gagner au bout du compte. Ici, point de faveurs d'une éventuelle princesse esseulée prise en otage, notre robot bleuté n'est guidé que par son sens du devoir de héros altruiste, à savoir la sauvegarde d'une humanité menacée par ses rejetons mécaniques.

L'architecture structurelle de Mega Man X2 reprend la matière première de la série « classique » de la NES et du premier volet : un niveau d'introduction pour se mettre en jambe et s'accoutumer au gameplay, 8 stages intermédiaires à écumer dans l'ordre désiré, et enfin l'acte final en 4 phases avec, à la clé systématiquement, un boss de fin prêt à en découdre. L'action, toujours de mise dans cette nouvelle aventure, est une fois de plus traduite par un assaisonnement de phases de plates-formes et de shoot, assez justement entremêlées. Les robots ennemis ne font pas preuve d'une intarissable résistance aux attaques du joueur, excepté les boss, qui comme d'ordinaire dans tout Mega Man, donneront du fil à retordre. Ce sont plutôt certains passages de jeu qui tiendront en haleine, certains exigeant comme prérequis dextérité et temporalité dans l'exécution des déplacements. Escalader des murs compresseurs avant de se faire écraser, se propulser d'une plate-forme ascendante à une autre avant de se faire tirer dessus, ou encore gravir une paroi en étant poursuivi par un torrent de lave en sont quelques exemples notables. Les incontournables pans de pointes feront une fois de plus acte de présence tout au long de l'équipée mais de façon plus systématique cette fois.

Une rapide maîtrise du gameplay estampillé Capcom permettra, après moult tentatives, de venir à bout du timing frénétique de certains passages du jeu. La collecte des 8 réceptacles coeur, des 4 parties d'armure contenues dans les capsules du Dr Light et des 4 subtanks (ces 2 derniers éléments étant présents alternativement dans chacun des 8 niveaux), font toujours partie du standard Mega Man X. De leur acquisition découlera la facilité à braver les assauts des robots ennemis dans le stage final. Certains endroits demeurent néanmoins ardus, en particulier lorsqu'il s'agit de débusquer ces précieux items ou encore des vies supplémentaires. En plus d'une arme de boss spécialement requise pour certains passages secrets, un minimum d'agilité s'imposera. Côté ennemis, on retrouve les chauves-souris mécaniques de X1, des mini-tanks, des ennemis aquatiques ou aériens… mais globalement tous assez inoffensifs, excepté lorsqu'ils opèrent en nombre et lorsque X est coincé dans un coin étriqué. De brèves scènes de transition apparaissent épisodiquement après avoir vaincu certains boss, agrémentant ponctuellement l'aventure.

Pas d'innovations majeures en termes de gameplay ni de progression, à noter toutefois la glissade disponible dès le début de l'aventure, alors qu'elle n'était qu'un upgrade auparavant. Egalement à la carte du menu X2, la possibilité de conduire un véhicule motocyclé. Une autre nouveauté concernant les upgrades d'armures : les bottes permettent cette fois-ci de glisser une fois que X est dans les airs, et l'acquisition du buste offre la possibilité d'emmagasiner de l'énergie à chaque coup reçu. Cette énergie est matérialisée par une jauge, qui une fois pleine, permet d'activer une déflagration géante dont le champ d'action opère dans tout l'écran de jeu. Une fois un Maverick défait, le joueur obtient une fois n'est pas coutume le tir du vaincu, celui-ci devenant par la même occasion l'arme adéquate contre un autre Maverick. Qui plus est, une fois l'upgrade canon obtenue, la charge du X-hunter des armes de boss permet de décocher un tir de plus grande envergure, causant ainsi aux ennemis des dégâts plus conséquents. Les touches L et R font une fois encore office de raccourci vers les armes, précieux gain de temps qui n'oblige donc pas à mettre le jeu en pause pour sélectionner l'arme choisie.

La seule originalité significative de ce volet se situe dans la variante scénaristique alternative que constitue l'intervention des 3 boss leaders (Agile, Violen et Serge), présents de façon alternative dans des salles spécifiques dans chacun des 8 niveaux. Ils n'apparaissent qu'après avoir vaincu deux des 8 Mavericks. Des signaux sur la carte permettent alors d'identifier le stage dans lequel ils se terrent. En effet, chacun d'entre eux détient une « partie de Zéro », l'allié rouge de X effectuant de la sorte son retour dans l'intrigue. Le dénouement dans le niveau de fin résultera de votre choix dans l'accomplissement de cette « mini-quête annexe ». Si vous avez ses 3 parties, il déboulera à la rescousse face au boss final. Dans le cas contraire, reprogrammé pour garnir les rangs de l'ennemi, son apparition fera l'objet d'un duel entre les 2 anciens alliés.

Concernant la prestation graphique fournie par Capcom, les niveaux sont diversifiés au niveau de leurs environnements respectifs : un volcan, un tank géant, une base sous-marine, une mine de diamants, une décharge de robots... Les décors de fond sont appliqués et plongent le joueur dans l'atmosphère du jeu de façon spontanée. Le level design soigné et fluctuant évite de donner une impression trop redondante à l'action. Niveau accompagnement musical, la programmation esthète du X1 est toujours de mise ici, les mélodies retranscrivant intuitivement les ambiances traversées, avec des musiques électroniques assez sombres qui viennent caresser l'action soutenue du jeu, en dépit d'un sound-test malheureusement absent.

Mega Man X2 ne propose certes pas d'innovations majeures, excepté la quête facultative des pièces de Zéro, mais consolide harmonieusement les bases établies dans X1. En clair, pas de grosse surprise dans cet opus, l'essentiel n'est pas de trancher avec l'esprit Mega Man mais bien au contraire de perpétuer la tradition de la série, pour la plus grande satisfaction des fans de la première heure.