Cela fait déjà une décennie révolue que Starcraft s'est hissé au rang de référence de la stratégie en temps réel. En dix ans, on a le temps de faire plein de choses. On a également la possibilité de laisser son oeuvre subir les outrages du temps pour, passé cette date référentielle, ne retenir que ce qui est toujours d'actualité. C'est cette seconde démarche qu'ont choisi les développeurs de Blizzard. Et, à la grande question qui prévaut à l'ébauche de n'importe quelle suite, à savoir : "Que faut-il garder de l'opus précédent ?", ils ont répondu : "Tout, en fignolant quelques détails". Ainsi, plantés devant un ordinateur portable dont la livrée noire s'alliait parfaitement avec l'ambiance sombre des salles du Karé Magik où se déroulaient les finales des ESL, nous n'avons pas été dépaysés, pas une seconde.

Les essais se sont déroulés sur une version où les parties en elles-mêmes étaient chronométrées dans la limite d'un compte à rebours courant sur quinze minutes. Passé ce délai, c'était retour direct au menu principal pour y choisir les protagonistes. Difficile dans ces conditions d'explorer comme ils l'auraient mérité tous les arbres technologiques des trois races vedettes de la franchise : les Terrans, les Zergs et les Protoss. C'est avec ces derniers que nous avons d'ailleurs débuté notre exploration. Appuyant toujours leur stratégie sur un mélange de technologie et de spiritualité, ils sont plus que jamais les spécialistes de la téléportation. Comme précédemment, un seul ouvrier Protoss suffit à construire une base en entier en téléportant un bâtiment puis en se déplaçant à l'endroit où sera téléporté le suivant. En parallèle, ses pairs travaillent comme des brutes pour extraire les matières premières des mines et des gisements de gaz. Concernant les cartes sur lesquelles nous avons pu jouer, invariablement, il y avait deux gisements situés très près du point de départ. Ceci étant dit, nous avons pu constater qu'ils se sont toujours épuisés très vite, nous forçant rapidement à prendre la décision qui s'impose : déplacer une partie de nos troupes pour construire ailleurs une annexe à notre base principale. En prenant le commandement des Terrans dans notre deuxième partie, nous avons pu constater que Starcraft 2 s'appuyerait tout autant que son illustre aîné sur l'amélioration des unités. Cela commence avec les soldats Terrans de base dont la résistance des armures et le pouvoir destructeur pourront être augmentés. Il sera également possible de construire en annexe de la caserne qui les produira le petit module permettant de leur apprendre à se soigner ou l'autre, permettant de doubler la production. Question de choix adapté à sa stratégie...

Le passage au contrôle des Zergs nous a permis de profiter à plein de la plus évidente des améliorations de Starcraft 2 : son graphisme. Les horribles bestioles ont toujours l'habitude de produire des bâtiments et des unités en faisant évoluer le représentants les plus primaires de leur race. Cela se fait à grands renforts de bruits humides peu ragoûtants. Starcraft 2 dépose là-dessus une couche d'animations très convaincantes qui nous offrent d'observer in extenso la genèse immonde de cette cohorte. Si on ajoute à cela les nombreux détails de toutes les unités (comme les petits boucliers des fantassins Terrans...) ou les halos lumineux dont les Protoss bénéficient le plus, il est clair que son rendu à l'écran fait de Starcraft 2 un jeu du XXIème siècle, pas une banale mise à jour d'un titre datant de dix ans.

Ce survol, le deuxième pour l'auteur de ces lignes, était sans nul doute trop court et trop limité. Toutefois, il vient confirmer le sentiment que nous avions déjà après nos premiers essais. De toute évidence, Blizzard n'a pas cherché à révolutionner sa licence au niveau du principe. C'est comme ça et, à une époque où des studios comme Relic tentent de renouveler le concept du STR, Starcraft 2 nous proposera des règles qui ont largement fait leurs preuves. Faut-il s'en émouvoir ? A cela, nous répondrons par un petit "Oui" et un grand "Non, pas tant que ça". "Oui" car, quand on a joué encore et encore au premier Starcraft, on aurait légitimement préféré que sa suite fasse avancer le débat. Mais vous remarquerez que ceux qui se rangent derrière cet avis sont pour leur plus grande part des joueurs solos. Pour le Non, pas tant que ça, rappelons que si le premier Starcraft vit toujours aujourd'hui, c'est essentiellement grâce au jeu en multi. Il est donc parfaitement logique que l'éditeur n'ait pas voulu se priver de son audience. Et, quand on voit l'engouement suscité par cette mise à disposition du public à Boulogne, public lui-même acquis à la cause du jeu en ligne, on ne peut que comprendre le choix de cette politique.