Harvest Moon est aujourd'hui une franchise connue du grand public mais il aura fallu du temps pour que son nom trouve un écho chez le joueur lambda. Jusqu'à ces dernières années en effet, seuls quelques passionnés de RPG alternatifs et quelques amateurs d'import suivaient l'évolution de la série avec passion. Simulation agricole, nécessitant également de prêter attention à la vie sociale de notre personnage, Harvest Moon est un mélange unique de gestion et de jeu de rôle. Ici, point d'ennemis à combattre ou de royaume à conquérir. Nos seules armes sont de vieux outils et notre territoire se limite à un village. Les rapports humains sont pétris de bonnes intentions et tout le monde se serre les coudes au moindre incident. Pour un peu, on se croirait dans "La Petite Maison dans la Prairie". Bref, avec Harvest Moon, le bonheur est dans le pré. Et ça dure depuis plus de dix ans...

Si Harvest Moon DS n'était en 2007 que la simple adaptation d'un épisode GBA, Ile Sereine a été pensé comme une aventure originale débutant par un terrible naufrage. Pour autant, le principe habituel de la série n'a pas évolué d'un pouce. A peine se réveille-t-on sur la terre ferme que l'un des autres rescapés nous confie immédiatement la mission de remettre en état une exploitation agricole à l'abandon. Un champ, une rivière, quelques bâtiments, il y a apparemment tout ce qu'il faut pour faire pousser quelques récoltes et élever des animaux. Au départ, la tâche semble un peu ardue mais pas de panique, le vénérable papi qui nous sert de mentor nous rend visite régulièrement pour nous apprendre les ficelles du métier. Certes, on doit travailler sur une île cette fois-ci mais la topographie des alentours reste très classique. On peut se balader dans la montagne, explorer la forêt, marcher le long de la plage, etc... exactement comme dans les épisodes précédents. Bien entendu, le village qui se développe au fur et à mesure de la progression reste le lieu d'échanges et de rencontres privilégiés. On y trouvera le matériel dont on a besoin mais aussi des services, des amis, voire même un conjoint avec lequel fonder un foyer.

Les fidèles d'Harvest Moon savent bien que le principal point faible de la série a toujours été la lourdeur de l'interface. Eh bien, attendez-vous à vivre un véritable cauchemar avec Ile Sereine puisque ses contrôles au stylet sont tout simplement atroces ! Pour une raison qui nous échappe totalement, les développeurs se sont en effet acharnés à utiliser l'écran tactile en dépit du bon sens sans se préoccuper une seule seconde du résultat. Ainsi et à notre grand dam, les déplacements sur la carte sont approximatifs, l'utilisation des outils est aussi imprécise que laborieuse, et les allers-retours dans les inventaires sont tout simplement exaspérants. Autant que l'on se souvienne, jamais faire pousser une rangée de navet n'avait demandé autant d'efforts que dans cet épisode calamiteux. Ramasser des ressources dans les décors est une véritable épreuve et on jette régulièrement des objets hors de prix par mégarde sans pouvoir les récupérer (boujour la crise de nerfs !). Bref, au bout d'une heure à donner des coups de hache dans le vide et à se prendre la tête pour cueillir trois champignons, on ne se pose plus qu'une seule question : comment diable l'équipe de développement d'Ile Sereine a pu se satisfaire d'un système de contrôles aussi détestable ?

Pour ce qui est du système de jeu proprement dit, c'est du Harvest Moon pur jus. Il faut bêcher nos terres, semer des graines, et arroser les plantations régulièrement pour obtenir des légumes que l'on récoltera dès qu'ils seront arrivés à maturité. Il faut aussi s'occuper des animaux, moudre du grain, agrandir notre ferme, etc... Il y a beaucoup de choses à faire dans notre ferme et une journée sur l'Ile Sereine passe très vite. D'ailleurs, bien que le joueur a le droit d'organiser son emploi du temps comme il l'entend, une restriction de taille demeure : la quantité d'efforts qu'il peut fournir est conditionnée par des jauges de vitalité et d'estomac. Sachant que le moindre coup de binette trop appuyé peut effectivement nous valoir un malaise, on mâchera donc régulièrement des plantes médicinales pour tenir le coup et on essaiera de réunir des ingrédients à transformer en plats cuisinés. Plus tard, on pourra également perfectionner notre outillage en apportant du minerai à l'artisan du coin. Notre vie de paysan en sera grandement facilitée mais les premières semaines de jeu sont très fastidieuses et la courbe de progression reste une fois de plus extraordinairement lente.

Comme dans les épisodes précédents, la dimension sociale d'Harvest Moon a bénéficié de beaucoup de soin. Chaque habitant a ses habitudes, ses centres d'intérêt et des affinités particulières avec les autres membres de la communauté. En saluant régulièrement nos voisins et en leur offrant des cadeaux adaptés, on finit par nouer des amitiés durables qui peuvent se transformer en amour au fil du temps. Ultimement, on peut même se marier avec la fille ou le fils d'un villageois et avoir des enfants. Tandis que les saisons défilent, la vie insulaire est ponctuée par de nombreux festivals et des événements ponctuels qui nous permettent de faire connaissance avec de nouveaux habitants ou de débloquer l'accès à certaines zones de jeu jusqu'ici interdites. C'est donc tout un petit monde qui évolue finalement sous nos yeux au fil du temps qui passe et on se surprend à s'attacher aux uns ou aux autres. Cependant, il faut rappeler qu'on avait déjà vécu des expériences similaires à travers d'excellents épisodes parus sur Game Cube ou GBA il y a des années de cela. Et même si leur jouabilité n'était pas vraiment au top, ils ne souffraient heureusement pas des épouvantables contrôles au stylet qui plombent définitivement cette version DS...