Lorsqu'un savant fou admirateur des Pokémon se met en tête de faire revivre des dinosaures pour mieux les faire s'entretuer dans des arènes, cela donne Dino Master, un soft presque aussi préhistorique que son sujet d'étude.
Dino Master, c'est un peu l'archétype du jeu piège, celui-là même qui donne envie au malheureux testeur de poser sa lettre de démission sur le bureau de son supérieur, tout en lui proposant des pots-de-vin et d'autres avantages en nature pour qu'elle soit acceptée dans les plus brefs délais. Dino Master c'est également la démonstration par l'image que le recyclage de vieux concepts vidéoludiques n'a pas que du bon. Car Dino Master, c'est avant tout une version modernisée (ou presque) d'un classique de Taito, à savoir Qix, sorti avant même ma naissance, en 1981. Un titre d'arcade fort sympathique pour l'époque, il faut le reconnaître, mais qui placé sur DS, perd beaucoup de son charme originel pour ne laisser qu'un petit monticule de pixels poussiéreux et malodorants.
Votre mission, si vous l'acceptez dans un moment d'égarement, consiste à déterrer des fossiles de dinosaures dans des régions hostiles, peuplées d'insectes géants avides de chair fraîche et presque plus impressionnants qu'un Jihem en quête de madeleines. A l'aide du stylet, le joueur dirige donc un petit véhicule sur les bords d'un tableau de jeu représentant la zone à fouiller. En traçant des lignes sur le terrain en question et en les connectant aux autres bordures de l'aire de jeu, il délimitera des zones de recherche qu'il sera le seul à pouvoir fouler. Votre objectif est de vous approprier 70 pourcent de chaque zone en la grignotant petit à petit, le tout afin de pouvoir passer au niveau supérieur. Mais bien sûr, toute la difficulté est de parvenir à éviter ces maudits insectes, qui s'ils parviennent à se placer sur la trajectoire de la ligne que vous êtes en train de tracer, vous feront perdre une vie. A vous de voir si vous prendrez le risque de créer une large zone de recherche, ou si au contraire vous continuerez à flirter avec les limites de l'aire de jeu, bien plus sécurisantes. Si le stylet pourrait sembler parfaitement adapté à ce type de gameplay, force est de constater qu'il n'en est rien. Limité par la vitesse de votre personnage, victime de changements de direction intempestifs (à 90 degrés) lorsque vous déviez d'un millimètre de votre trajectoire initiale avec le stylet, le jeu devient souvent injouable. Et on ne pourra pas se rabattre sur la croix multidirectionnelle, puisque celle-ci permet uniquement de bouger la caméra.
A cela vient s'ajouter un système de combat à la sauce Pokémon, mais en beaucoup moins riche. Ainsi, une fois une session de fouilles terminée, vous pourrez choisir de recréer un dinosaure à partir de ses restes fossilisés, puis de vous en servir pour affronter un autre "archéologue de combat". Certains de ces résidus du Jurassique sont plus rares que d'autres et on vous conseillera donc d'exceller lors des phases de fouilles afin de dénicher les spécimens les moins répandus, et donc les plus puissants. Le jeu propose une centaine de dinos en tout, mais il faudra un courage et une abnégation sans faille pour tous les découvrir. Pour combattre, vous devrez tout d'abord choisir votre spécimen préféré dans votre collection, sélectionner une technique spéciale, puis vous lancer dans des affrontements aussi mous et inintéressants qu'un reportage sur les bétonnières en Papouasie orientale. Les combats se divisent en plusieurs rounds, et à chaque début de round, vous devrez choisir une zone à attaquer sur le corps du dino adverse et une zone à défendre sur le vôtre. La résolution des combats se fait donc sur le modèle d'un pierre/feuille/papier/ciseaux vidéoludique. Autant dire que la stratégie n'aura aucune place dans ces échanges et que vous devrez faire ces choix en usant de votre fidèle pifomètre. On ne pourra même pas se rabattre sur l'aspect esthétique de la chose, puisque les combats sont représentés sous la forme de quelques flèches de couleur sur d'immondes écrans fixes. Bref, il eut sans doute été préférable de ne pas déterrer le vieux Qix et de le laisser dormir en paix, plutôt que de nous le ressortir en une version lacunaire et déplorablement affublée de crocs et d'écailles de dinosaures.
- Graphismes2/20
Enfer et damnation ! Tout est gris, tout est simpliste, tout refilerait sans doute des haut-le-coeur à un légiste. On se croirait presque sur Gameboy.
- Jouabilité4/20
Le classique Qix devient tout simplement injouable dans cette version moderne. Le phases de fouilles ne sont clairement pas adaptées à l'usage d'un stylet et les combats, sortes de pièces rajoutées pour tenter de rendre l'ensemble un petit peu plus sexy, sont tout simplement abrutissants.
- Durée de vie6/20
Même si le titre propose près d'une centaine de dinosaures, le manque d'intérêt global du soft fera lâcher prise aux joueurs les plus persévérants.
- Bande son4/20
Des musiques horripilantes et des bruitages dignes des premiers jeux électroniques. Exécrable.
- Scénario/
Comment dire ? Beurk ? Yargh ? Pas glop ? Bref, vous l'aurez compris, Dino Master est un titre sans le moindre intérêt. Reprenant un concept vieux de presque trente ans pour mieux le massacrer, le soft peut également s'enorgueillir de posséder l'un des systèmes de combats les plus inintéressants de ces dernières années. A éviter absolument.