Vous connaissez la série des Chevaliers de Baphomet ou encore le plus récent Secret Files Tunguska ? Eh bien La Malédiction de Judas est un jeu d'aventure point & click un peu dans la même veine. Il profite en plus de la mode pour les affaires religieuses lancée il y a déjà quelques années par le Da Vinci Code de Dan Brown. Bref, le titre semble avoir beaucoup d'atouts pour convaincre un large public.
C'est le scénario qui retient en premier lieu l'attention. Le joueur incarne Jonathan Dante, journaliste américain convoqué par un détective de la police anglaise qui l'informe que son oncle, qu'il croyait mort depuis plus de 10 ans, vient tout juste d'être assassiné. Il était en effet un agent secret à la solde du Vatican. Encore plus grave, Jonathan lui-même est en danger puisque les meurtriers sont toujours dans la nature et sont visiblement à sa recherche. Si l'aventure commence à Londres, vous aurez par la suite à parcourir quelques lieux saints de la chrétienté : la cathédrale de Chartres, le Vatican... Tout cela sur les traces d'une mystérieuse société secrète. Si ce synopsis semble très prometteur, il est un peu gâché par les dialogues, loin d'être convaincants. Les quelques tentatives d'humour tombent souvent à plat. Néanmoins, le scénario en lui-même est intéressant et on a envie tout au long de la partie de connaître le fin mot de l'histoire.
Au niveau du gameplay, on se retrouve en présence d'un jeu d'aventure point & click au demeurant classique (le clic gauche servant à observer les éléments du décor et le clic droit à agir) mais qui a tout de même quelques spécificités à commencer par le système de bloc-notes. A chaque fois que vous trouverez un renseignement important, il y sera inscrit. Ce qui est particulier, c'est que vous devrez parfois cliquer sur ces informations pour les combiner ou les utiliser avec l'inventaire ou les objets du décor pour résoudre des énigmes. Par exemple, vous trouverez à un moment de l'histoire une combinaison qui sera illico presto notée dans le bloc-notes. Un peu plus loin, vous pourrez ramasser un objet fermé par un code. Il vous faudra ouvrir le bloc-notes puis cliquer sur cette information et faire un glissé-déposé sur l'objet en question pour pouvoir entrer la combinaison. Vous ne pouvez pas en effet taper le code si vous n'avez pas fait cette manipulation auparavant. L'idée de départ est donc intéressante, mais au final, elle alourdit un peu le gameplay.
Autre point fort, le jeu ne vous limite pas au contrôle d'un seul personnage, mais de trois. En cours de partie, vous rencontrerez en effet deux autres individus qui se joindront à vous. Chacun suivra sa propre aventure, ce qui fait que lorsque vous switchez de l'un à l'autre, vous changez aussi de lieu. Dans le chapitre deux par exemple, alors que Jonathan devra trouver un moyen de se procurer une photo d'identité, Katrin (jeune scientifique) devra elle, aller chercher un passeport et une photo d'identité. Ce n'est qu'une fois que vous aurez accompli les objectifs des deux personnages que vous pourrez passer au prochain chapitre. Bref, malgré cette tentative de laisser au joueur une certaine liberté d'action (il peut choisir l'ordre dans lequel il souhaite accomplir ses missions), le jeu reste tout de même très linéaire. L'avantage d'avoir trois personnages tient surtout dans l'échange d'informations qu'il permet. En effet, lorsque vous trouvez une info avec un des protagonistes, vous pourrez la transmettre aux autres grâce au communicateur que chacun possède. Il suffit simplement de faire glisser l'idée du bloc-notes dans votre Palm. Et parfois, cette fonctionnalité est indispensable pour progresser puisque c'est une information transmise par ce procédé qui vous permettra d'avancer.
La Malédiction de Judas n'est quand même pas parfait. On a déjà mentionné les dialogues, écrits sans génie, et on ajoutera le manque de charisme des personnages. En dehors du fait d'être mal réalisés et pas très bien animés, ils semblent manquer d'émotion. Par exemple, lorsque Jonathan a une arme pointée sur lui, ça ne semble pas trop le déranger. Un peu dommage. Autre point faible, la réalisation graphique est très inégale. Les décors restent sympathiques lorsque l'angle de caméra est éloigné, mais dès que le plan choisi est cadré d'un peu plus près, les objets deviennent flous et l'aliasing se fait très présent. Enfin, nous avons eu affaire à un gros bug à la fin du chapitre 2, problème qui semble se produire aléatoirement sur certaines configurations. Lorsque nos personnages attendent leur passeport, il ne se passe rien et on ne peut plus rien faire : il n'y a plus de pointeur et la touche Echap est inactive ce qui vous obligera à quitter brutalement par la bonne vieille méthode du Alt + F4 et à demander une sauvegarde au début du chapitre 3. Pas insurmontable donc, mais tout de même un peu gênant. La Malédication de Judas a néanmoins d'indéniables atouts (son système de communicateur par exemple) et l'histoire est plutôt sympa. Il pourra donc convenir à beaucoup de joueurs recherchant un petit jeu d'aventure à se mettre sous la dent, surtout que son prix est très raisonnable.
- Graphismes12/20
Au niveau des décors, c'est très correct. En revanche, on note un aliasing et un étrange "flou" sur certains objets, surtout lorsque l'angle de caméra les filme de très près. De plus, les personnages ne sont pas réussis.
- Jouabilité15/20
Pas de gros problèmes de prise en main, puisque c'est du point & click très classique. On note en outre quelques idées intéressantes comme celle du communicateur permettant d'échanger des informations entre les personnages que l'on dirige au cours de la partie.
- Durée de vie13/20
L'aventure vous occupera entre huit et dix heures grand maximum. Durée de vie somme toute classique pour un jeu d'aventure.
- Bande son13/20
Une musique qui se répète un peu trop est des doublages français de qualité très variable selon les comédiens.
- Scénario14/20
Oui, les personnages n'ont pas une psychologie des plus fouillées, oui, l'humour tombe souvent à plat, mais l'histoire se laisse suivre et s'avère intéressante avec une montée progressive au niveau du suspense savamment dosé.
La Malédiction de Judas surfe sur la mode des affaires religieuses à la Da Vinci Code et il parvient à tenir en haleine les joueurs jusqu'à son terme. Proposant une aventure non dénuée d'intérêt, il pèche néanmoins par ses personnages sans charisme, sa réalisation en demi-teinte et par ses dialogues basiques. Ce n'est donc pas le jeu de l'année, mais il mérite tout de même le coup d'oeil des fans du genre, surtout que son prix est tout doux.