Loin de l'exploration mystique et science-fictionesque de Ganymède que nous a offert Arthur C. Clark, Shadowgrounds prend le parti du bon vieux coup de la colonisation qui tourne mal. Comme toujours, les êtres humains finissent par se trouver à l'étroit sur Terre et s'en vont terraformer le premier cailloux évoquant vaguement leur planète afin de s'y installer. L'aventure prend donc place à un stade avancée de cette transformation de Ganymède, encore principalement peuplée d'ingénieurs et de militaires. Et voilà que du fond d'un trou, d'étranges bruits se font ouïr, précédant une invasion de la surface par de petites bêtes voraces et agressives. On peut envisager une standing ovation pour l'originalité du scénario.

Shadowgrounds se pare d'un petit côté old school, pour un jeu d'action à la troisième personne, en optant pour une vue de trois quarts qui ne manquera de faire penser à Fallout. Si l'action semble de prime abord devoir s'affoler de temps à autres avec quelques attaques assez violentes de la part des bestioles de Ganymède, le titre mise beaucoup sur l'ambiance et on a parfois l'impression de voir un survival horror de trop haut, ou alors une version de Doom 3 dans laquelle la vue subjective aurait été remplacée par une vue aérienne. Le fait d'avoir en permanence besoin d'éclairer sa route à la lampe torche n'est sans doute pas étranger à cette sensation. Plongés dans la pénombre, les décors sont souvent truffés de créatures qui n'attendent que votre passage pour vous gober une jambe. Avec une bande-son oppressante et des environnements sombres, on voit que le titre s'efforce de créer une atmosphère, mais en l'état, il peine un peu dans sa tâche. Que se soit en cours de jeu ou dans les cinématiques, force est de reconnaître que la mise en scène est plutôt poussive et qu'on est rarement pris aux tripes. Voire pas du tout.

Reste alors l'action. Et là encore, ce hack'n slash ne laisse pas augurer du meilleur. Sans entrer dans les détails, c'est principalement la maniabilité qui irrite. Le contrôle de la caméra n'est pas une partie de plaisir et, surtout, les déplacements sont mal gérés puisque les touches directionnelles sont fixes. En clair, les commandes ne sont pas avant/arrière mais haut et bas. En plus clair, selon l'angle de vue, les touches changent de fonction et on peut se retrouver à faire des pas de côté avec les touches qui servaient auparavant à avancer ou reculer. Déjà crispant pendant les temps d'exploration et de bidouillages de PC, ce système dépassé devient carrément pénible au cours des phases d'actions. Sans compter que si vous galèrez pour manoeuvrer un personnage aussi mobile qu'un trente tonnes, les saletés qui vous collent aux basques sont vives comme l'éclair. Il va donc falloir en mettre un bon coup pour fignoler Shadowgrounds. Bien sûr on peut souhaiter que la suite de l'aventure ait le bon goût d'offrir de rocambolesques effets de mise en scène ou une action prenante mais dans le cas contraire, mieux vaut espérer que la prise en main soit au moins revue et corrigée de façon à limiter les dégâts.