
Tony Hawk. Un nom anodin pour la majeure partie des gens, mais qui prend tout son sens d'une part chez les amateurs de skateboard, et d'autre part chez les sportifs vidéoludiques, armés de genouillères sur les articulations de la main. Initiateur, de par son image, d'une série de jeux vidéo à succès, ce sportif de l'extrême est donc parvenu à redonner le goût du spectacle à nombre de joueurs blasés. Cette saga est également à l'origine de longues frustrations dues à des compétitions sauvages devant un parterre de chips crème-oignon (pour remplacer les vinaigre-échalote). En effet, dans la majeure partie des cas, l'ami désirant se mesurer à vous n'est autre que le détenteur du soft, et qui plus est l'être qui vient de passer une dizaine d'heures à s'acharner sur les tricks les plus fous. Les lois sociales prennent alors le relais pour vous conduire dans les tourments d'une lourde défaite. Et oui, c'est aussi ça la vie...

Sévissant depuis de nombreuses années sur toutes les consoles du marché, ayant même réussi à se faire un nom sur une GBA pourtant peu propice à l'accueil de ce type de jeu, la série de Neversoft (développé ici par Vicarious Visions) tente désormais de percer sur la récente DS. Les mauvaises langues laissent alors véhiculer des rumeurs, comme quoi on allait encore avoir droit à une 3D isométrique dérivant des opus précédents, que de toute façon la DS n'abrite que des versions un peu améliorées de la 2D originale de la GBA, et d'autres insultes que je tairai à dessein. Pourtant, ce vieux Tony nous gardait une surprise de choix sous les roues de sa planche multicolore et effilée. En effet, loin de retrouver un pseudo remaniement seulement basé sur les espérances de vente de la licence, nous voici gratifiés d'une réalisation stupéfiante, utilisant un cel shading magnifique au sein d'un parti pris artistique particulièrement réussi. Rappelant un tantinet Jet Set Radio, tant dans les teintes utilisées que dans le "découpage" des décors et personnages, Tony Hawk's American Sk8land choisit d'emprunter la voie peu aisée de la cohérence plastique générale, se forçant à créer un univers complet et en accord avec le ton général. Tout s'imbrique afin de former une écorce dense, qui donne un cachet très attachant à ce soft imbriqué dans une sorte de fun avoué, jusque dans l'apparence et les situations. D'autre part, la fluidité est exemplaire, ne laissant jamais transparaître le moindre ralentissement décourageant. Un point éminemment positif qui découle néanmoins d'un des principaux écueils du titre, à savoir la taille plutôt réduite des environnements, ne laissant que peu de place à l'instauration d'un sentiment de liberté. Certes, la diversité des lieux dans lesquels vous vous déplacerez demeure suffisamment notable pour éviter toute lassitude visuelle, mais il est clairement dommage de se sentir à longueur de temps enfermé dans des demi-quartiers semblant privés de toute vie, mis à part des PNJ (personnages non jouables) peu motivés.
- Graphismes 16 /20
Utilisant un cel shading de très bonne facture, le titre de Vicarious Vision est une véritable bouffée d'air frais pour une DS souvent critiquée sur ses performances graphiques. Utilisant un rendu proche de celui utilisé dans Jet Set Radio, le soft vous convie dans un univers coloré et attachant, permettant une immersion rapide et passionnée. De plus, on ne note aucun ralentissement ni bugs particuliers. Reste seulement que les environnements s'avèrent un tantinet trop petits.
- Jouabilité 15 /20
Comme d'habitude, monsieur (c'est un champion quand même) Tony nous a préparé un gameplay aux petits oignons, mêlant avec saveur un côté intuitif et une profondeur ludique incontestable. Les seuls reproches que l'on peut encore formuler visent encore et toujours la difficulté de faire demi-tour en une seule fois sans être obligé de se briser le pouce sur la croix directionnelle et les chocs contre les parois qui provoquent un changement de direction bien trop radical. Néanmoins, ce ne sont que des broutilles face à une approche loin d'être originale, mais de grande qualité.
- Durée de vie 15 /20
Le titre en lui-même se termine relativement rapidement, si tant est que vous ne vous axiez que sur le mode histoire. Dans le cas inverse, vous devrez en plus clôturer le mode Classique, et surtout vous pourrez participer à des compétitions enragées en Wi-Fi, jusqu'à deux participants. Au détour de cinq types d'épreuves plus ou moins intéressantes (le Free Skate est assez inutile), il vous incombera de montrer au monde entier vos talents de skateur. Un passe-temps qui vous demandera de longues heures de jeu supplémentaires.
- Bande son 15 /20
Les compositions signées tout de même par Oingo Boingo ou encore le très actuel Green Day, s'avèrent en parfait accord avec le jeu, et ne souffrent pas des habituels grésillements du processeur sonore de la DS. De plus, certaines mélodies se révèlent très agréables à l'écoute. Le doublage, quant à lui, dispose de la même attention et prend sa place à chaque scène scénarisée, dévoilant des acteurs assez impliqués dans leurs personnages et rendant crédibles les divers intervenants.
- Scénario /
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Tony Hawk's American Sk8land est une bien belle surprise. Bénéficiant d'un aspect plastique très convaincant et particulièrement original, il se place aisément parmi les plus beaux jeux de la console et surtout parmi les plus intéressants. Offrant une oasis de plaisir purement ludique il donne une petite idée de ce que pourraient être des jeux DS tirant parti des possibilités du cel shading. Au final, le titre de Vicarious Visions est donc un très bon émissaire pour une portable un peu en manque de jeux importants.