
Dans la tripotée de super-héros inscris au panthéon de la bande dessinée américaine, Marvel et DC Comics mis en commun, peu s'avèrent réellement atypiques, vecteurs d'une profondeur qu'il est parfois difficile de dénicher derrière le masque. Pourtant, Batman, Wolverine ou encore Spider-Man peuvent se targuer de posséder cette petite chose en plus, ce caractère particulier et sensible. L'homme-araignée étant d'actualité aujourd'hui, c'est à lui que revient le droit de tenir l'étendard des héros humains et complexes. Véritable Mac Gyver en collant bleu, notre ami sans cesse en faillite personnelle, doit se résoudre à fabriquer sa "toile" de façon artisanale. Juste pour cela, il nous paraît proche et attachant. Peut-on en dire autant du jeu le mettant en scène ?

Sans révéler trop en avance une conclusion qui pourrait porter préjudice à la lecture de ces lignes, les premiers pas dans cet Ultimate Spider-Man émerveillent et plongent l'imagination dans un festival de cases mises en mouvement. Effectivement, loin de se croire devant une version totalement animée du héros bicolore, l'impression tenace d'assister à une bande dessinée interactive se décante tout au long de l'aventure. Si ce sentiment provient sans doute de l'utilisation harmonieuse d'un cel shading aux traits secs confinant des couleurs pastels, il découle également du découpage général du jeu. Ce dernier adopte de façon intelligente une mise en scène utilisant les codes principaux de la BD, à savoir l'emploi d'un système de mise en relief s'appuyant sur la superposition de cases brisant la verticalité ou l'horizontalité d'une présentation mais aussi d'onomatopées diverses. Tout cela afin de suggérer l'action ou la surprise. Le déroulement des séquences scénaristiques et de certaines phases actives se voit donc parsemé de ce parti pris artistique probant, offrant une immersion totale aux amateurs du comics original d'une part, et une preuve flagrante d'innovation aux joueurs moins connaisseurs. D'autant que les transitions entre les plans s'avèrent fluides et bien pensées, jouant sur la dynamique d'une situation et la place que devra occuper l'image. Une qualité plastique incontestable incluant évidemment la modélisation des décors et des personnages qui se révèle équilibrée et de bonne tenue. Malgré tout, on peut noter une certaine propension au scintillement surtout concernant les "textures" appliquées aux bâtiments, ayant parfois du mal à bien délimiter les divers éléments les composant, ainsi qu'une profondeur de champ peu convaincante, même si un subterfuge assez malin a été trouvé dans le but de rendre compte d'immeubles lointains en les simplifiant graphiquement. De légers écueils parfois un tantinet dérangeants, mais qui restent en second plan, masqués par une animation leste et détaillée ainsi qu'une fluidité générale étonnante de stabilité. Mais, tel Venom, le mal peut se dissimuler dans des corps en apparence très sains.
- Graphismes 15 /20
Le cel shading sied particulièrement bien à l'univers de Spider-Man, permettant de donner de la virtualité aux planches du comics, tout en se plaçant dans une volonté de mise en scène s'inspirant de la bande dessinée en général. De ce fait, on trouve avec le titre d'Activision une véritable BD interactive, conservant un pouvoir ludique fort. Et même si l'on note quelques défauts dans cette cuirasse colorée, ils ne parviennent pas à ternir la réussite globale. A noter également une animation et une fluidité sans faille.
- Jouabilité 13 /20
Possédant un degré de liberté et de plaisir grisant lors des déplacements au bout de la célèbre toile artisanale, Ultimate Spider-Man se veut avant tout un concentré d'évasion et un appel à la fascination. De plus, le système de combat permet de se plonger dans le titre avec délice. Malgré cela, la caméra foireuse, les quelques problèmes d'accrochage des fils, ainsi que les sauts, certes impressionnants, mais peu précis de Venom, conduisent à retirer une grande part de crédibilité dans le gameplay, passant de fantastique à juste convaincant.
- Durée de vie 15 /20
Proposant des phases de jeu, en rapport avec la trame principale, relativement longues et prenantes, le titre de Treyarch donne accès à une durée de vie flirtant avec les habitudes du genre, même si les nombreuses et énervantes quêtes "annexes" rehaussent le temps passé sur le soft. Si vous désirez collecter l'imposante collection de bonus fort intéressants, il va falloir que vous fouilliez les environs de fond en comble plusieurs fois.
- Bande son 13 /20
Les diverses compositions distillées dans le jeu restent assez en retrait et surtout relativement communes. Les mélodies ne font pas passer d'émotions et les thèmes ne sont pas assez en accord avec les situations pour vraiment s'imposer. Le doublage est quant à lui de qualité, donnant à entendre des intervenants à l'aise dans leur personnage. Les bruitages demeurent convaincants, soulignant fort bien la force des explosions.
- Scénario 14 /20
Loin d'être seul, l'ami Spidey se voit obligé de mener cette trame accompagné de son ami Eddy Brock, devenu récemment Venom à la suite de la découverte des recherches de son père. Loin d'être original, le scénario parvient tout de même à interpeller et rassemble pour la première fois un ensemble de personnages charismatiques et fascinants, comme Wolverine, le déjà cité Venom ou encore le légendaire Carnage. A noter que la mise en scène sous forme de BD est une idée fantastique.
Décidément, Spider-Man est un super-héros bien souple. Courbant l'échine face à des problèmes de gameplay, à un système de progression perfectible et à un fond assez limité, il parvient tout de même à se relever sans heurt. Un miracle découlant d'une atmosphère immersive, d'une jouabilité intuitive et impressionnante de liberté ainsi que d'un découpage graphique innovant. En bref, le titre d'Activision est une production véritablement honnête, ludiquement correcte, qui divertit agréablement. Et c'est bien tout ce qu'on lui demande à la réflexion. Et une toile pour la deux, une !