
Voici l'histoire d'un retour, qui a défaut d'être en fanfare, surprend. En effet, le destin de Yétisports m'évoque les passages les plus épiques du film d'animation Kenshin Le Vagabond. Lorsque Battosaï Himura, épuisé par de douloureux combats et un déchirement psychologique erre dans des landes enneigées à la recherche de Tomoe, sa bien-aimée. Subissant les assauts meurtriers de ninjas et mercenaires divers, notre valeureux rônin poursuit sa progression, miné par des blessures dessinant de vastes arabesques dans la neige fraîche. Aucun obstacle ne semble pouvoir arrêter sa volonté. Ce n'est plus un corps mais une force pure qui se déplace vers un but, malgré le mur d'incertitude enserrant ses pas. Les aventures du yéti le plus sportif du monde sont un peu de cet acabit.

Mais oui, souvenez-vous, ça ne fait pas si longtemps que ça. Vous devez avoir quelques traces dans votre mémoire du premier jeu qui avait réussi à transformer un jeu gratuit et sympathique en un titre payant et vide d'intérêt. Cherchez bien. Bien sûr, je parle de Yetisports Deluxe, dont certains essayent encore de découvrir la légitimité d'une telle appellation. Pour ceux qui n'avaient pas suivi les précédentes tribulations de l'homme des neiges mercantile, et ceux qui sont dans une phase d'oubli conscient (désolé pour eux), je vais vous rappeler le fond du problème. En fait, Yétisports est au départ un jeu développé en flash et destiné au monde ouvert d'internet, livré au bon vouloir de tous sans restrictions. Mettant en scène le légendaire homme des neiges visiblement tout émoustillé de sa rencontre récente avec un certain Tintin, ce divertissement a connu des jours de gloire assez imposants de par l'engouement des joueurs avides de défis. Effectivement, le principe reposait sur une sorte de mélange entre le base-ball et le golf, au sens où vous deviez, en suivant le bon timing et le bon angle, envoyer un pingouin le plus loin possible en le frappant avec une batte. Les records fleurirent alors sur la toile, et les versions un peu plus évoluées également. Un succès d'estime donc, qui attira l'oeil de Jowood aboutissant à l'idée saugrenue de vendre un programme gratuit et accessible immédiatement en arguant des changements majeurs. Au lieu de cela, on se retrouva à s'essayer à des digressions inintéressantes au goût de copié-collé. Qu'en est-il donc aujourd'hui avec cette "suite" rehaussée pour l'occasion d'un pompeux "World Tour" ?
- Graphismes8/20
Alors qu'une jolie 2D aurait suffit, le titre tente de justifier le fait qu'il soit payant en proposant une sorte de rendu 3D désagréable, aboutissant à un effet à la Killer Instinct en plus baveux. Heureusement que les décors colorés et assez fins, associés aux animations relativement souples rattrapent un tout petit peu l'apparence effrayante du héros aux poils blanc. De même, le design général du jeu n'est pas du tout attractif, semblant sortir des plus belles pages internet dédiées à la promotion de couteaux Ginzu.
- Jouabilité12/20
Simple mais efficace, le gameplay se résume à utiliser un seul bouton de la souris via un timing et une précision affinée. L'accessibilité est donc de mise, ce qui est plutôt normal pour un titre au départ dédié à être expérimenté dans l'instant. Malheureusement, l'absence de toute variante mine le soft de bout en bout, impliquant l'arrivée d'une immense lassitude au bout d'une heure de jeu. De plus la manie de réutiliser une prise en main identique au gré des épreuves manque vraiment d'honnêteté.
- Durée de vie11/20
Même si Yétisports World Tour possède, comme son nom l'indique, des possibilités online, celles-ci se résument à des comparaisons de scores et à l'implémentation de ces derniers dans un classement mondial. De plus, et malgré la présence d'un choix permettant la présence de quatre joueurs dans chaque mode, vous ressentirez un manque cruel de renouvellement au gré des parties, jsuqu'à délaisser le yéti définitivement.
- Bande son5/20
La chanson d'ouverture seule vaut un détour, cruel certes, mais un détour. En effet, vous allez entendre un monument de ridicule, semblable à du Carlos de la grande époque. Si seulement ça avait pu être du second degré. Les bruitages sont quant à eux vraiment quelconques, et le nombre de pistes présentes demeure véritablement trop faible. La répétition s'installe rapidement.
- Scénario/
-
A ce point précis, ce n'est pas du courage, mais de la folie. Yétisports World Tour essaye désespérément de remonter une pente extrêmement glissante sans même trouver une justification à son sacrifice. Ne modifiant en rien les lacunes du précédent volet, et osant même réutiliser certains modes de ce dernier, le titre de Jowood légitime encore moins son statut de jeu payant. Limité, inintéressant et n'apportant aucune once d'originalité, Yétisports WT sombre avec son compagnon dans les abîmes vidéoludiques. Quand on pense que Tintin et Tchang n'ont pas fait un geste pour empêcher ça.