
Cette année n'aura pas été très remarquable pour les rôlistes PC avec une bien maigre récolte. Nombreux sont donc ceux qui plaçaient leurs espoirs dans le bébé de Troïka, Vampire : Bloodlines, jeu plein de promesses alléchantes qui ne pouvaient laisser insensible. Place aujourd'hui à l'épreuve du feu pour cette horde d'enfants de la nuit, condamnés à ne plus jamais bronzer.

Avant toute chose, si on posait le décor ? Inspiré du célèbre jeu de rôle sur papier de White Wolf, The Masquerade : Bloodlines ne se déroule pas comme la plupart des RPG dans un univers héroïc fantasy ou futuriste mais de nos jours, dans ce que les développeurs voient comme le Far West moderne, la ville de Los Angeles. Dans l'univers développé à partir de White Wolf, les vampires sont loin d'être un mythe, de même que les autres créatures de la nuit d'ailleurs. Les suceurs de sang de tout poil appartenant à différents clans, vivent parmi nous depuis des siècles, sous la coupe de leur propre système de gouvernement, la Camarilla, garante du maintien de la Mascarade. Qu'est-ce que la Mascarade me direz-vous ? Un système de loi qui vise à masquer l'existence des Vampires en leur interdisant toute manifestation surnaturelle extravagante. On ne se nourrit pas en public, on n'utilise pas ses pouvoirs vampiriques devant n'importe qui, on se conforme aux lois humaines et on évite de tuer. Je vous passe les détails et les ramifications, mais en substance, on peut dire que la background de Bloodlines est d'une grande richesse avec ses factions dissidentes (les anarch') et sa secte du Sabbat.
Un autre aspect de votre personnalité vampirique n'est pas à négliger, il s'agit, paradoxalement, de votre humanité. Lorsque vous tuez un innocent en vous nourrissant parce que vous n'avez pas su stopper votre repas avant qu'il ne rende l'âme, ou si vous volez l'argent d'une oeuvre de charité, vous perdez un point d'humanité et vous vous rapprochez de la bête qui est en vous, on appelle ça la frénésie. Un état de folie bestiale dans lequel vous perdez le contrôle, ce qui vous amènera à commettre de grosses bourdes, et surtout à enfreindre les lois de la Mascarade.
Si le jeu propose de choisir sa façon d'aborder les multiples situations comme je le disais plus haut, manière forte ou subtile, l'infiltration est pourtant celle qui semble souvent la plus appropriée, à coup de crochetage de serrure et de silent kills. Ceci dit, les combats sont souvent inévitables. Et c'est là que l'on touche un autre défaut du soft de Troika : le système de combat qui s'avère assez pauvre et étrangement conçu.
Enfin, n'oublions pas la magie. Selon votre race, vous aurez à disposition plusieurs types de sorts. Certains permettent d'atteindre un état de rage meurtrière, d'autres de faire bouillir le sang des victimes (glups) ou simplement de distraire l'attention. On trouvera aussi les sorts qui augmenteront provisoirement vos aptitudes, utiles en d'autres situations que les affrontements. Si une serrure vous résiste, une incantation pourra vous rendre plus dextre le temps de la forcer. A condition que vous soyez gavé du mets vampirique par excellence, le sang.
Le sang sera, qui en doutait, essentiel pour votre survie. En buvant, vous rétablissez votre santé mais de votre satiété dépend également votre capacité à user de la magie. On ne négligera donc pas un seul encas qu'on pourra d'ailleurs prendre aussi bien à la meilleure des sources, un joli cou, qu'en achetant des poches de sang au marché noir. Voire en tuant des rats.
Pour terminer avec les choses énervantes, je dirai un mot des chargements très nombreux, qui ne sont pas sans rappeler ce qu'on a vu dans Deus Ex : Invisible Wars. Les zones de jeux sont étriquées et on se tape des loadings très fréquents, il n'est pas rare d'en aligner 3 ou 4 en à peine 2 minutes. Rageant est le mot que vous cherchez.
In fine, on pioche des hauts et des bas dans ce Vampire : The Masquerade : Bloodlines. Entre une gestion du personnage profonde qui influence grandement le gameplay, des choix d'action ou de dialogues qui eux aussi ont des conséquences et un univers riche, viennent se glisser tout un tas de petites lourdeurs et autres bugs (crash et retour au bureau entre autre) qui font tache.
- Graphismes15/20
Troika utilise le Source Engine avec moins de brio que Valve. Le jeu est joli mais les modèles maquent de détails. Le moteur physique se limite au minimum et les interactions avec l'environnement sont peu nombreuses. A noter que le jeu se montre plutôt gourmand sur une configuration pourtant plus que potable.
- Jouabilité15/20
Autant de bonnes choses que d'autres pénibles. L'aspect strictement RPG est une réussite et bien que linéaire le jeu offre une véritable variété d'approches. En contrepartie, les combats sont décevants, mal pensés et peu intéressants. Certaines quêtes laborieuses alourdissent un peu le jeu.
- Durée de vie16/20
En moyenne, comptez dans les 25 heures pour terminer le jeu une première fois mais on pourra très bien y revenir pour le redécouvrir d'une autre façon.
- Bande son16/20
La bande-son est un petite merveille. Les voix (en VO uniquement) sont doublées avec un réel talent d'interprétation et les musiques se montrent parfaitement adaptées à l'ambiance du jeu. Seuls les effets dérogent en se contentant d'être simplement bons.
- Scénario16/20
Fort d'un univers riche et intriguant, Bloodlines sait en tirer un scénario prenant et bien ficelé.
Vampire : The Masquerade : Bloodlines n'est peut-être pas le RPG qu'on attendait, mais il est indubitable qu'il a pour lui de très grandes qualités. Son système de gestion du personnage complexe autorise une réelle liberté d'action et de choix, engendrant une expérience de jeu différente. De plus, on est facilement emporté dans l'intriguant monde des ténèbres et ses circonvolutions sociales, historiques et mystérieuses. On ne peut alors que déplorer la mauvaise gestion des combats, les approximations de maniabilité et autres défauts énoncés dans le test. Un excellent RPG toutefois, qui vaut lé détour.