C'est de plus en plus courant aujourd'hui d'avoir affaire à des jeux mêlant plusieurs styles. Loin de moi l'idée que tout ceci est assez moyen en soi mais il faut aussi bien voir que généralement dans ce type de jeu, il y a toujours un des aspects qui bénéficie de plus d'attention que l'autre et au final le résultat est souvent mitigé. Si il est encore trop tôt pour dire si Spellforce sera de cette catégorie, puisqu'étant un titre mélangeant le STR et le RPG, le soft de JoWood semble de prime abord convaincant à défaut d'être étonnant.
Se passant dans un monde d'héroïc fantasy où orcs côtoient harmonieusement gobelins, elfes, magiciens et consort, Spellforce ne se démarque pas franchement de par son univers quand on le compare à un Baldur's Gate pour ne citer que lui. Sans m'apesantir sur le scénario du jeu qui nous narre l'histoire d'un magicien tentant de reconstruire le monde, penchons nous directement sur le jeu en lui-même.
Spellforce est donc un jeu de rôles où la stratégie tient une grande place. En fait si tout commence comme un RPG traditionnel, avec son héros à créer et des quêtes à résoudre, très vite le joueur va se rendre compte qu'il n'a pas en face de lui un jeu de rôles classique. Spellforce va ainsi vous permettre de prendre possession de plusieurs centaines de soldats et de mener des batailles assez impressionnantes. Tout commence avec l'obtention de runes. Votre personnage au cours de son périple pourra entre autres, obtenir des reliques lui permettant de créer des combattants, qui seront eux-mêmes issus de plusieurs castes (archer, magicien, soldat...). Une fois que vous aurez obtenu une de ces fameuses runes, vous devrez vous rendre devant un monument des héros pour créer votre guerrier. Après quoi, il faudra l'équiper et s'occuper également de son évolution. Si au tout départ on se dira que ce n'est pas bien original (puisque cela renvoie à la formation de groupes, communs à de multiples RPG, sauf qu'ici il convient d'invoquer un soldat au lieu de le recruter), très vite vous pourrez invoquer d'autres personnages en trouvant d'autres runes. Ce qui est très sympa c'est qu'au fur et à mesure du déroulement de l'histoire, les runes que vous trouverez seront de plus en plus puissantes et vous pourrez dès lors vous « débarrasser » d'un soldat qui vous a suivi depuis le début du jeu mais que vous ne trouvez pas assez puissant au profit d'un autre. Au plus haut niveau vous serez donc responsable d'une petite troupe d'hommes que vous devrez diriger et mener au combat contre de multiples assaillants comme dans tout bon STR qui se respecte.
Il faut bien avouer que le mélange entre RPG et STR est ici plutôt bien vu, puisque le style de jeu diffère en fonction des quêtes, et donc des combats, que vous avez à mener. Dans l'absolu Spellforce tient plus du jeu de rôles pur et dur avec plusieurs caractéristiques à augmenter, des équipements à dénicher, des ennemis à charcler, des sorts à obtenir, que du jeu de stratégie même si comme je l'ai dit, cet aspect de combat de masse est directement issu de STR comme Warcraft par exemple. Déjà vous pourrez créer 100 unités pour chacune des six races (humains, elfes, orcs...) ce qui vous fait tout de même plus de 600 hommes sous vos ordres, ha ben oui quand même ! Et vu qu'on nous annonce plus de 120 sorts, 30 races ennemis, on attendra impatiemment la version finale pour émettre un jugement définitif sur Spellforce.
Pour l'instant le jeu s'en sort très bien en termes de graphismes. Après si on trouve quelques très beaux monuments, que le cycle jour/nuit renforce l'immersion, que les ennemis sont réussis à défaut d'être originaux (des minotaures, des squelettes, des scorpions, c'est sympa mais bon, un peu d'originalité n'aurait pas fait de mal), disons que dans la version bêta que nous avons reçue, il était un peu dommage de voir qu'à certains moments des pans entiers de roche laissaient place à un vide béant, mais on peut se dire que ce petit défaut sera corrigé dans la version finale tout comme l'animation des personnages principaux qui à plusieurs endroits avaient contre eux une démarche de coureur de fond sous acide.
Alors que JoWood communique depuis le début sur son fameux système répondant au doux nom de « Click'n Fight » (CNF) qui se veut révolutionnaire, je n'ai pas trouvé que c'était si incroyable que cela. Maintenant précisons que ce système montrera toute son importance lors des combats de masse. Le CNF vous permettra en effet de cliquer sur un ennemi, de voir en un instant quelles sont vos possibilités d'attaque, de défense, etc. et via un autre click de valider votre action. Pour être plus clair, vous verrez un portrait en haut à gauche de l'écran pour chaque homme constituant votre équipe. En pointant un ennemi, une liste d'icônes apparaîtra sous les portraits susnommés et il ne vous restera plus qu'à faire votre choix.
Si ce système ne m'a pas paru si original que ça, disons le tout haut, le tout est très simple d'accès et on prend beaucoup de plaisir à participer aux batailles d'autant que la difficulté semble bien gérée et que les combats ne s'éternisent pas. Juste une petite chose. Alors qu'on dispose de plusieurs angles de caméra (dont une se situant derrière le personnage), on est surpris de voir que la lisibilité lors des batailles n'est pas optimale. Alors oui, si un bâtiment vous cache la vue, et si vous n'avez pas le temps de bouger la caméra en pleine action, vous verrez toujours vos hommes et ennemis qui apparaîtront en surimpression mais ceci n'est pas très pratique et gêne un peu. Il reste alors les vues plongeantes mais ces dernières sont un peu trop éloignées pour être satisfaisantes. On espère donc que ce petit problème sera résolu.
En l'état, Spellforce arrive à retenir le joueur, et c'est bien le principal. On note quelques bugs et de petits soucis de jouabilité mais si tout ceci est corrigé d'ici la sortie du titre, je me laisserai bien tenter par l'aventure d'autant que celle-ci bénéficie d'un gameplay très abordable, ce qui n'est pas peu de choses surtout pour un RPG/STR, genre pour le moins peu facile d'accès pour les néophytes. Enfin les aspects stratégiques et jeu de rôles semblent se compléter à merveille et tout ceci devrait pouvoir nous donner un résultat final hautement sympathique.