Ikaruga débarque sur GameCube ravivant ainsi la flamme du shoot'em up dans le coeur de nombreux joueurs. Ce classique de l'arcade (également sorti sur Dreamcast l'année dernière au Japon) se révèle diablement efficace et démontre brillamment qu'il est encore possible de surprendre dans un genre qu'on pensait voué à disparaître.
L'histoire raconte l'épopée de Shinra, un pilote qui se rebelle contre les forces de Horaï. Rapidement terrassé par la puissance de feu de son ennemi, Shinra trouve refuge dans le village d'Ikaruga regroupant plusieurs anciens combattants ayant fui après la montée au pouvoir de Horaï. Bien décidé à terrasser ce dernier, Shinra n'abandonne pas son combat et repart à l'assaut à bord du vaisseau que lui donne le village et qui porte également le nom d'Ikaruga. La particularité du vaisseau est qu'il peut à tout moment changer de polarité pour passer d'un champ d'énergie sacrée (couleur blanche) à un champ plus sombre (couleur noire). De cette alternance de polarité, Ikaruga, le jeu, tire un gameplay fort basique et pourtant méchamment addictif.
Si votre vaisseau peut changer de polarité à volonté, c'est pour mieux accueillir les nombreux d'ennemis qui déboulent à l'écran par vagues successives. Ces ennemis sont de deux catégories, soit blancs, soit noirs. Vous l'aurez deviné, leur couleur n'est pas seulement une question d'esthétisme mais surtout de polarité. Et c'est là que Ikaruga devient carrément génial. S'il est possible à tout moment de détruire n'importe quel ennemi, votre puissance de tir sera bien plus efficace en adoptant la polarité opposée à celle de l'adverse. En blanc, vos lasers seront donc plus efficaces contre les ennemis noirs et inversement. Mais ce n'est pas tout, car votre vaisseau est aussi capable d'absorber les tirs de même polarité que la sienne. En d'autres termes, si un ennemi tire des rayons blancs et que vous êtes déjà en polarité blanche, alors vous ne craindrez rien contre cette arme. Au contraire, vous absorberez de l'énergie pour faire monter une jauge qui permet de déclencher des missiles à têtes chercheuses.
Ecrit de la sorte, le jeu peut sembler enfantin, mais que nenni ! Ikaruga est un vrai enfer pour les nerfs. Se retrouver noyé au milieu des tirs ennemis, ne sachant pas quelle polarité adopter, passant de l'une à l'autre frénétiquement dans des réflexes salvateurs est monnaie courante ici. Et pourtant, en jouant correctement, il y a une solution à chaque situation. Les développeurs de Treasure ont beau nous offrir un titre à la difficulté redoutable, les joueurs acharnés parviendront toujours à trouver les bonnes techniques, les bons placements et les polarités à utiliser pour exploser les high-scores. A propos de points, Ikaruga met en place un système de « chains ». En éliminant trois ennemis de la même couleur, on réalise une chaîne. En continuant par trois autres vaisseaux de même couleur, on multiplie le score de la chaîne par deux, et ainsi de suite pour atteindre une chaîne à 25 600 points !
A force de jouer et de rejouer les niveaux, on commence à mémoriser les trajets des vaisseaux et la méthode du « j'apprends le niveau par coeur » se révèle être la bonne pour espérer arriver au bout des 5 chapitres. Quoi ? Seulement 5 chapitres ? Ah oui, Ikaruga n'est pas ce que l'on pourrait appeler un modèle de longévité. Et même s'il est d'une difficulté effarante, un peu de persévérance permet d'en voir le bout trop rapidement. D'autant que le titre se montre généreux et accorde des crédits supplémentaires en fonction des heures passées à jouer. Ajoutons cependant qu'une fois fini, on prend pas mal de plaisir à y revenir, pour le jeu principal d'une part (seul ou à deux), mais aussi pour les autres modes de jeu. Le mode Challenge permet par exemple de jouer en vue d'obtenir le score le plus élevé possible. Après quoi le jeu vous livrera un code qui vous permettra de comparer votre performance sur le classement mondial via le site officiel. Le mode Conquest quant à lui permet de s'entraîner sur des petites portions de niveaux déjà réussis. Des vidéos peuvent aussi être débloquées pour visionner des séquences de parties parfaites et apprendre les techniques qui mènent au succès.
Classe dans son gameplay, Ikaruga l'est tout autant dans sa réalisation. En vous penchant sur les screens, vous remarquerez qu'une bonne partie de l'écran est rongée par deux larges bandes noires ceci afin de préserver le mode de représentation verticale de la borne d'arcade originale. S'il est possible de zoomer légèrement sur la zone de jeu, on peut aussi faire pivoter l'image pour adopter un scrolling horizontal qui occupe cette fois la totalité de l'écran. Bien que les niveaux suivent un trajet fixe, et bien souvent linéaire, décors et vaisseaux sont modélisés en 3D. Les environnements sont absolument superbes, de même que les boss de tailles plus qu'honorables qui gardent chaque chapitre. Du côté du son, on n'a pas à se plaindre non plus puisqu'on a droit à de belles musiques, savamment orchestrées.
Résumons, un principe de jeu simple et accrocheur, un plaisir de jeu immense, une réalisation aux petits oignons... Il n'y a pas de doute, Ikaruga est une réussite à tous niveaux. Le shoot'em up fait un retour en très grande forme sur le cube de Nintendo. Il serait dommage de passer à côté.
- Graphismes15/20
Si certains n'adhéreront pas forcément au design général du titre, force et de reconnaître que les décors et la 3D sont maîtrisés.
- Jouabilité17/20
La jouabilité est exemplaire. Le vaisseau répond parfaitement à la manette. Heureusement d'ailleurs, car vu la difficulté du jeu, on aurait été vraiment mal s'il avait fallu batailler avec la maniabilité tout en évitant les tirs ennemis. Le seul reproche concerne la taille de l'écran un peu petite.
- Durée de vie14/20
Ikaruga comprend 5 chapitres à la difficulté croissante. La marge de progression est assez importante et une fois les niveaux bien en tête, on se débrouille comme un chef. Les modes annexes sont les bienvenus pour revenir régulièrement sur le titre.
- Bande son15/20
De chouettes musiques durant tous les niveaux et des bruitages futuristes comme on les aime.
- Scénario/
Il y a bien un scénario, mais il est tellement discret que je ne préfère pas lui attribuer de note. On aurait quand même aimé voir des cinématiques pendant le jeu, au moins pour l'intro.
Ikaruga signe un retour magistral sur la console de Nintendo. Le jeu a beau être similaire à la version Dreamcast (quelques modes supplémentaires sur GameCube), on ne se lasse pas de ce shoot'em up à la difficulté obsédante.