Le principe de Clusterball est étonnamment simple. Et pourtant le jeu en lui-même fait partie de ces titres définitivement difficiles à cerner et impossibles à classer dans un registre particulier. Le soft emprunte à la fois des éléments de jeux de course et de shoot arcade, et repose sur un concept aussi étrange qu'efficace dans sa simplicité. Le jeu se déroule dans un univers alternatif futuriste où les sportifs les plus fous se livrent des duels impitoyables dans des arènes qui reprennent des environnements réels célèbres. Chaque joueur évolue à bord d'un vaisseau équipé d'un arsenal conséquent ainsi que d'un système de traction qui permet de remorquer des sphères de couleurs à l'arrière du vaisseau, formant une chaîne de plus en plus longue. Le vainqueur est celui qui parvient à ramener le plus de sphères de couleurs dans un but symbolisé par un anneau dans lequel il faut passer pour convertir les balles colorées en points.

Vous vous en doutez, c'est le gameplay qui fait l'efficacité ou non d'un jeu de ce type, et dans le cas de Clusterball, le bilan est un peu mitigé. D'un côté il y a le fait que le pilotage recèle une certaine technique dans la mesure où le vaisseau subit constamment une certaine pesanteur et que ses réactions sont plus difficiles à contrôler à mesure que l'on récupère de plus en plus de sphères, et de l'autre côté la lourdeur du gameplay rend les parties moins dynamiques, moins rapides et moins fun qu'elles auraient pu l'être avec un gameplay plus accessible. Bref, si les plus persévérants y verront là la force de ce titre, les autres risquent de décrocher rapidement.

Il faut dire que les sensations sont difficiles à appréhender au début, et que le gameplay requiert beaucoup de pratique, le tout s'avérant beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît à première vue. Encore faut-il avoir la patience de supporter la lourdeur du pilotage, les demi-tours laborieux et les inévitables crashes dans l'anneau alors que l'on traîne une bonne vingtaine de balles derrière soi. D'autant que plus vous traînez de sphères derrière vous, plus votre vaisseau est lourd et plus vous êtes visible sur le radar. Car l'architecture accidentée des différents niveaux ne sera pas votre seul adversaire. Les matches se déroulent contre des concurrents bien déterminés à vous faire goûter à la puissance de leurs tirs et à vous jouer tous les tours possibles.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi ce titre se destine avant tout au multijoueur en Lan ou sur internet. Le jeu solo ne constitue en fait qu'un simple entraînement, mais nécessaire et fortement conseillé avant de passer au coeur du jeu : le multijoueur en ligne. Clusterball ayant été pensé avant tout dans cette optique, on déconseillera l'achat de ce titre à ceux qui n'envisageraient pas le jeu sous cet angle. D'autant que le titre de Mindscape bénéficie d'ores et déjà d'une communauté active sur le site officiel du jeu, même si les joueurs francophones sont encore aux abonnés absents. Les meilleurs pourront alors comparer leurs scores dans le classement mondial, mis à jour régulièrement.

Evidemment, Clusterball comporte pas mal de petits défauts qui pénalisent parfois grandement l'intérêt général des parties. Tout d'abord, les maps sont certes intéressantes avec leur architecture complexe et leurs rampes de folie, mais elles sont beaucoup trop petites. D'autre part, les emplacements des sphères colorées sont toujours les mêmes, ce qui sabote complètement l'intérêt des parties et rend les matches un peu monotones. Aucune des vues proposées (externe ou subjective) ne parvient véritable à convaincre, et la dimension shoot est assez limitée malgré la présence d'un système de lock qui permet des actions bien moins aléatoires que la visée directe avec les tirs de base. L'utilisation d'un joystick est ici fortement recommandée. Les arènes comportent également pas mal de power-up et de bonus qui pimentent un peu les matches, comme le super boost, le rayon tracteur, et les missiles dévastateurs qui propulsent la victime aux confins de la map. La réalisation est juste correcte et la traduction française se révèle un peu décevante, mais ce n'est finalement pas vraiment pénalisant pour un jeu de ce type. Un jeu à essayer donc, car si la plupart des joueurs n'accrocheront pas du tout au gameplay lourdingue de Clusterball, certains risquent peut-être de devenir accro au concept simple et original de ce titre.