Si vous êtes de ces joueurs curieux toujours en quête de nouvelles expériences et que vous comptez en plus parmi les plus fervents adeptes du jeu de stratégie sur PC, vous allez peut-être trouver en RIM un potentiel de jeu intéressant qui fera naître en vous un certain enthousiasme, du moins pendant les premières parties. Car si ce titre étonne pendant les quelques minutes qui suivent le lancement du jeu, pendant ces brefs instants au cours desquels vous allez apprendre les principes de base de ce titre un peu à part, vous vous sentirez d'autant plus trahi lorsque vous vous apercevrez à quel point ce titre manque d'arguments pour motiver le joueur.

Pour ceux qui tiennent à connaître avant toute chose le background de RIM, rappelons que le jeu se déroule dans un univers futuriste dominé par les rivalités entre les différentes planètes du système solaire. Quelque part dans cet univers, se trouve une zone appelée la « bordure intersidérale », un endroit que s'arrachent les peuples de toutes les planètes à cause des vestiges d'une civilisation disparue qu'il dissimule. C'est ici que se rend justement le vaisseau de recherche Solarius, celui-là même qui transporte l'équipage que vous allez incarner. C'est également le point de départ d'une lutte incessante entre les différentes races qui se battent pour être les premiers à profiter des atouts technologiques que pourraient apporter le savoir des Grand Anciens, une ancienne culture avancée dont les vestiges sont aujourd'hui un réel trésor.

Tout cela pourra sembler très intéressant jusqu'à ce que l'on découvre le groupe d'humains belliqueux et pas vraiment charismatiques aux côtés desquels vous allez vous battre. Après avoir passé l'épreuve des interminables dialogues, on peut enfin rentrer dans le vif du sujet et voir ce que ce jeu, annoncé comme un mix de stratégie temps-réel et de tour par tour, a dans le ventre. Et autant dire tout de suite que cette version "presque" finale ne répond pas à toutes nos attentes.

Que le gameplay de RIM repose en grande partie sur le concept du tour par tour, cela veut dire qu'il fait intervenir des phases de jeu au cours desquelles vous allez successivement faire avancer vos troupes sur la carte (phase de déplacement), leur assigner des cibles à attaquer ou leur demander de se défendre (phase d'attaque), et enfin vous installer confortablement pour admirer le résultat plus ou moins positif de votre stratégie (phase d'observation ou de résolution). Cela signifie en d'autres termes que vous allez, phase par phase, étape par étape, unité par unité, devoir assigner chacun de vos ordres pour assembler pierre après pierre l'édifice de votre stratégie.

Pas de cadre de sélection, donc, puisque les unités se déplacent les unes après les autres, à la main. Là où RIM fait intervenir des éléments de stratégie temps-réel, c'est dans la mesure où lors des phases de déplacement, les unités alliées et ennemies se déplacent en même temps. Donc vous pouvez par exemple tenter de bloquer une unité ennemie en vous déplaçant rapidement dans sa zone de progression, sachant que l'ordinateur n'hésitera pas à faire de même à la moindre occasion. Il faudra également prendre en compte le champ de vision et le rayon d'action de chaque unité. Ainsi, il est souvent plus judicieux de déplacer un drone de reconnaissance en premier afin de localiser les unités ennemies, et ensuite positionner vos tanks de la meilleure façon possible. Il sera aussi indispensable de savoir utiliser les forces et faiblesses de chacune de vos unités, sachant que les unités aériennes peuvent par exemple atteindre des cibles que les unités au sol ne peuvent même pas voir.

On devra également apprendre à tirer partie du relief et des points stratégiques que peut offrir le terrain afin d'obtenir un avantage décisif lors de la résolution des attaques. Si RIM semble posséder tout ce que l'on peut attendre d'un jeu de ce type, il est flagrant de voir à quel point le jeu se révèle ennuyeux. Dans le même genre, on trouvera un Advance Wars sur GBA beaucoup plus prenant et tout aussi riche en possibilités. Ici, les affrontement s'éternisent et manquent de pêche, ce qui fait que l'on s'ennuie vite après seulement quelques tours.

Le pire c'est que le jeu ne peut même pas se rattraper au niveau de sa réalisation. Lors des phases de résolution, on nous demande « d'admirer », seulement le spectacle n'a rien d'hallucinant. Cette phase consiste juste en une étape laborieuse de résolution qui repose sur le même moteur 3D et n'impressionne guère par ses quelques effets lumineux résultant des diverses explosions. D'ailleurs les graphismes affichent un manque d'originalité qui n'a d'égal que la pauvreté des textures et l'absence de renouvellement au niveau des couleurs. Le design des machines de guerre adverses (mécaniques ou organiques) achève de rendre le jeu encore moins crédible. Bref, les puristes de la stratégie auront du mal à prendre RIM au sérieux. Le scénario ne motive absolument pas le joueur et les cinématiques font intervenir des personnages qui manquent cruellement de charisme. Je ne parle même pas des conditions de jeu absolument abjectes que cette version soi-disant « presque » finale m'a imposées pour faire ce test, mais dont ne devrait pourtant pas souffrir la version définitive, si l'on en croit les développeurs. Avec aussi peu d'attraits, RIM : Battle Planets risque bien vite de sombrer dans l'oubli.