Si Monopoly Tycoon reprend effectivement de nombreux éléments du jeu de plateau d'origine, il n'en suit pas pour autant son concept, et s'en éloigne même fortement pour donner lieu au final à un jeu de gestion/stratégie assez proche d'un Sim City. Face à un nombre variable de concurrents, vous incarnez un personnage ambitieux et calculateur qui aura pour objectif de faire fructifier son pactole de départ plus vite que ses opposants. Le jeu affiche pour cela une réalisation entièrement en 3D, qui permet d'apprécier l'allure générale de la ville où vont se dérouler les batailles financières les plus violentes de toute l'histoire du jeu vidéo. Difficile de retrouver là l'esprit du Monopoly originel sinon au travers des bandes de couleur qui jouxtent les pâtés de maisons et révèlent des noms enfouis profondément dans la mémoire de n'importe quel joueur digne de ce nom.

On retrouve avec nostalgie les incontournables rue de la Paix, des Champs Elysées, la gare St-Lazare et tous ces noms qui rappelleront chez certains des soirées animées où les coupures de 20000 volaient généreusement à travers une pièce saturée par l'ambition irraisonnée des candidats de sortir vainqueur d'une partie qui pouvait prendre des heures et dont on ne voyait que rarement le bout (à l'instar de cette phrase). Mais les développeurs de Deep Red, qui ont certainement connu ces moments-là, ont grandi, et ils se sont dit qu'il était temps de passer à quelque chose de plus sérieux. Voilà comment germa dans leur esprit Monopoly Tycoon, un jeu de gestion largement inspiré de Sim City et qui n'a finalement plus grand-chose à voir avec le jeu de plateau d'origine.

Destiné exclusivement aux amateurs de ce type de jeux, Monopoly Tycoon ne prétend pas pour autant détrôner les maîtres du genre. Disons qu'il apporte au genre quelques bonnes idées que l'on auraient souhaité mieux adaptées à une utilisation ludique, car il faut bien reconnaître que le soft ne s'annonce pas des plus passionnants. Après un passage obligé dans un tutorial certes complet mais carrément ennuyeux, on se hâte de lancer une partie solo pour mettre fin au supplice. Malheureusement l'impression première se confirme assez rapidement : les graphismes ne sont guère attrayants, les tableaux de statistiques s'accumulent par dizaine, et l'interface est on ne peut plus austère.

Maigre consolation, la version béta que nous avons reçue s'offre tout de même le luxe de proposer trois plateaux de jeu différents pour permettre au joueur de se retrouver en terrain connu. On passe donc rapidement sur les Etats-Unis et l'Angleterre pour afficher au plus vite le plateau français où l'on retrouve des noms de rues beaucoup plus familiers. Les gares jouent toujours un rôle crucial, de même que les centres d'énergie (compagnie des eaux, de gaz et d'électricité). Le soft permet toujours de construire des résidences ou des hôtels, mais il est désormais possible d'implanter divers commerces sont on choisira la nature et l'emplacement.

Mais si les lois générales du Monopoly sont respectées, le jeu déçoit par son rythme laborieux et son absence totale de fun. Les graphismes réalistes mais de qualité médiocre donnent un rendu austère et pas du tout attractif au soft. Un ton beaucoup plus naïf aurait certainement donné une allure toute autre et moins rebutante au jeu. Les enchères constituent d'ailleurs le seul moment un peu fun du jeu avec une bande son qui s'étoffe alors de quelques bruitages sympathiques surmontés des portraits caricaturés des candidats. Le jeu fait intervenir des scénario qui pimentent un peu des parties sinon bien ennuyeuses, à moins d'être un véritable fan de statistiques et autres colonnes de chiffres à n'en plus finir. Monopoly Tycoon devra donc faire ses preuves le jour du test, mais l'on peut déjà affirmer qu'il n'intéressera que les plus passionnés des jeux de gestion.