Le casque vissé sur la tête. Un jean déchiré et un T-shirt délavé pour seule protection, le pilote enfourche sa moto faisant hurler le pot d’échappement dans un râle annonçant le spectacle à venir. La main desserre le frein tandis que l’accélération soulève la roue avant. Le premier obstacle se franchit sans heurt, une poutre métallique de quelques centimètres d’épaisseur, puis vient le tour de 2 containers maladroitement entassés. La roue avant se bloque … le corps du pauvre malheureux est projeté et à l’impact se désarticule devenant, au bruit des os brisés, une simple poupée de chiffon. Malgré une mise en contexte des plus sommaire faite d’images statiques à la manière d’une bande dessinée, deux jeunes gens, habiles un guidon entre les mains, défient les meilleurs motards de la région, CA Games préserve la nature profonde de son titre. Un jeu 100% arcade faisant l’éloge de tracés torturés et d’une difficulté rageuse.

Essorer la poignée avec doigté

Rock(s) Rider HD Edition ne réinvente en aucun cas le gas-oil chaud. Reprenant la majorité des mécaniques de gameplay de la licence Trials à l’exception des sempiternelles morts de fin de niveau, le titre de ECA Games assure l’essentiel. Porter le poids sur l’avant et franchir une pente abrupte avec aisance … Tirer sur le guidon et avancer tout en wheeling avec style et passer outre une caisse, un container … L’expérience se résume en quelques mots. Accélérer et freiner. Travailler l’équilibre de sa monture pour atterrir sur ses deux roues à plat peu importe l”inclinaison de la zone de réception. Les principes physiques suivent également les préceptes finlandais. Avec le terme aberration pour grande passion, le pilote et sa moto virevoltent, se redressent d’une position défiant la gravité ; une manière de garantir une maîtrise immédiate qui s’avère il est vrai un tantinet grossière.

Avec pour leitmotiv le tic tac du chronomètre, atteindre la fin d‘un niveau ne sera qu’une infime épate dans votre marche avant, cherchant par tous les moyens de trôner au sommet de la hiérarchie des pilotes. Avec un peu de persévérance, tout acharné du guidon se verra en mesure d’atteindre la ligne d’arrivée. Le génie se reconnaît dès lors aux précieuses secondes le séparant de son rival souvent artificiel et prenant pour symbole un simple record à battre bien que parfois, parfois seulement, un vrai défi vous soit proposé. Durant ces courses un peu particulières, un rival court en même temps que vous dans le niveau sur un tracé identique et parallèle au vôtre. Cette envie d’écraser la concurrence se traduit également par des médailles obtenues d’après votre réussite, celles-ci étant attribuées en premier lieu d’après le nombre de chutes et le temps requis pour compléter le tracé.

L’essence même de la franchise Trials est respectée. Apprendre la piste ... un apprentissage par l’échec. La refaire encore et encore et encore jusqu’à connaître la moindre parcelle de taule dépassant sur ce chemin vers la renommée. Cette marge de progression inhérente à ce genre de jeu est parfaitement restituée sur Rock(s) Rider HD Editon, le joueur s’améliorant à chaque chute, à chaque victoire, à chaque record tombé pour voir en définitive ses aptitudes de pilote grandir course après course.

Vivre sur le fil tout en équilibre

Voir sa monture défiée la gravité et sentir ses aptitudes guidon en main s’accroître est une chose …mais sans un terrain de jeu digne de ce nom pour les exprimer celles-ci se terrent restant en sommeil à notre plus grand désarroi. ECA Games, conscient de cet état de fait exploita son level design sans ménager le joueur. Après 2 3 niveaux en guise de tour de chauffe, les loopings, les explosions de barils et les back flips inopinés viennent agrémenter la paisible vie du rider. Les tracés dessinés sont tortueux dépassant souvent la définition même de ce mot et s’aventurant en territoire “torturé”. Entre marche arrière à l’aveugle, saut de l’ange, traînée enflammée faisant fondre vos pneus ou encore ces rails transformant pour quelques secondes une virée à moto en montagnes russes, les niveaux traversés mettront à l’épreuve votre perception et vos réflexes bien que des checkpoints soient disposés afin de vous faciliter un tant soit peu la vie.

A leur conception pensée pour la difficulté viennent s’ajouter divers bonus dans les niveaux ainsi que plusieurs défis qu’il vous faudra relever pour obtenir le Saint des Saints 100%. Battre un rival, atteindre la ligne d’arrivée en moins de XX minutes et XX secondes, trouver des tenues pour votre pilote ou des peintures pour votre moto, des pièces pour améliorer cette dernière, récolter un nombre précis d'étoiles … cet ensemble de quêtes secondaires vous poussera à explorer les niveaux. Malheureusement, un mal ancestral gâchera ce frisson de plaisir vous parcourant l’échine. Malgré un level design extrêmement bien pensé dans l’ensemble, votre roue avant aimera à se bloquer dans divers éléments du décor, votre fourche ira se blottir contre l’arrête d’une rampe … réduisant votre course à un tendre Restart malgré les checkpoints activés.

Les gaz d’un pot d’échappement, les flammes d’une explosion, les particules émises par les éléments du décor … Rock(s) Rider HD Edition se drape dans des graphismes qui n’auront en aucun cas à rougir de la concurrence. L’ambiance de hangar désaffecté se prête à l’univers “underground” dépeint. Les textures sont fines et la disposition des sources de lumière donne du volume à l’ensemble. Cette refonte HD est de qualité se permettant d’émettre à nos oreilles bourdonnantes une bande-son rock pêchue, indispensable pour recommencer le même niveau une bonne centaine de fois.

"Pimp my bike"

Tout comme son modèle, Rock(s) Rider HD Edition autorise le fan de mécaniques à une personnalisation à la fois du pilote, mais également de sa moto. Se limitant à de simples tenues et peintures, l’immersion par la customisation et donc l’attachement à l’expérience de jeu se veut quasi inexistante … Les nouvelles pièces pour votre moto glanées durant les courses s’installeront automatiquement. Les skins obtenus en explorant les niveaux n’apporteront aucune subtilité de gameplay et seul un sens exacerbé de l’esthétisme vous amènera dans les menus une fois la supercherie décelée. Changer de T-Shirt pour passer du noir au vert … Repeindre sa moto pour l’assortir à ses bottes … Voici la seule personnalisation à envisager.

Le titre de ECA Games est un jeu Premium vendu 2.99€ sur l’App Store et pourtant l’appétit du Free to play sût infecter l’expérience. De la Nitro pour augmenter la vitesse de votre monture (3.99€). Une cage pour garantir la sécurité de votre pilote (3.99€). Un sablier pour ralentir le temps et passer les obstacles délicats (1.99€). Et un pack regroupant tous ces bonus (7.99€). Voici en résumé le modèle économique de ce jeu se jouant finalement de nous. Avec son prix abordable et ses niveaux à la difficulté retord, ce dernier poussera le chaland à porter la main au porte-monnaie !