Incroyablement populaire au Japon, la série Monster Hunter s’exporte en Europe depuis presque 15 ans maintenant. Popularisée par ses différentes versions PSP, Capcom délaisse quelque peu Sony en 2010 pour transférer la licence chez Nintendo. Après un Monster Hunter Tri en demi-teinte sur Wii et un épisode 3 Ultimate sorti à la fois sur Wii U et 3DS, le quatrième épisode voit le jour en septembre 2013 au Pays du Soleil Levant. Malheureusement, cet opus n’a pas vu le jour chez nous, Nintendo et Capcom préférant sans doute attendre une version améliorée du jeu pour envisager une publication à l’internationale. Mais l’attente prend aujourd’hui fin avec la sortie de Monster Hunter 4 Ultimate (Monster Hunter 4G en version japonaise), sur 3DS uniquement. Bonne nouvelle, le jeu propose pas mal de nouvelles fonctionnalités, un mode online, mais aussi le retour de créatures très appréciées par les chasseurs vétérans.

Avant de débuter ce test, il est bon de faire un petit rappel pour les néophytes. La saga Monster Hunter (MH) propose au joueur d’incarner un chasseur plongé dans un monde peuplé de monstres à affronter. Bonne nouvelle pour les plus courageux, ces derniers sont la plupart du temps bien plus gros que vous. Au-delà du fait de protéger les habitants de différents villages, la chasse permet surtout de récolter divers composants à utiliser pour élaborer de meilleures armes et armures afin d’aller traquer des créatures plus puissantes encore. Tout l’intérêt de la saga réside dans le challenge proposé par chacune de ces rencontres. Ne comptez pas sur un affichage de la barre de vie des monstres car l’état de santé d’une créature se juge ici par ses mouvements, sa fatigue ou par l’intégrité de ses différentes parties physiques (carapaces, cornes, peau, etc.). Derrière des contrôles simples (X et A pour attaquer, B pour esquiver et R pour des effets propres à chacune des armes), se cache un système de jeu exigeant, réactif et incroyablement gratifiant une fois le gameplay pris en main.

L'éditeur permet de modifier l'apparence de son chasseur et de son Felyne principal

L’autre mamelle de la saga réside bien évidemment dans son mode multijoueur permettant à un groupe de deux à quatre joueurs de coopérer pour la chasse. Historiquement pensé pour le local, le multijoueur s’est peu à peu ouvert au mode en ligne avec des épisodes tels que Monster Hunter Frontier Online, Monster Hunter Tri ou encore Monster Hunter 3 Ultimate (MH3U). La version 3DS de MH3U ne permettait malheureusement pas de jouer en ligne (à moins de passer par une Wii U). Monster Hunter 4 Ultimate corrige le tir en incluant un mode local couplé à un mode en ligne (via wi-fi) pour la première fois de la série sur consoles portables.

Le monstre crie et la caravane passe

Peut-être au détriment du plaisir immédiat, la série est connue pour ses débuts d’aventure un brin poussifs tant les mécanismes du jeu sont nombreux à expliquer au joueur. Déplacement, quête, craft, récolte, chasse, maniement des armes, attendez-vous à passer entre cinq et dix heures dans une bonne grosse phase de quêtes en mode tuto. La chose est salutaire pour un débutant, un peu moins lorsqu’on est un vétéran de la saga. Comme toujours heureusement, il est tout à fait possible d’aller se frotter à des défis un peu plus corsés en allant tout de suite effectuer des quêtes de Guilde. On comprend cette volonté de Capcom d'ouvrir la série aux nouveaux venus en les prenant fermement par la main pour les guider dans ce monde impitoyable ; toutefois, l'expérience de jeu gagnerait en intensité en proposant aux joueurs chevronnés de zapper ces quêtes destinées aux "newbies" (farm de compo, de potions). Fini la sédentarité des précédents épisodes, le joueur fait désormais partie d’une caravane itinérante de voyageurs n'hésitant pas à plier régulièrement bagage pour aller de l'avant.

Val Habar, sa caravane, ses échoppes et ses couleurs chatoyantes

Le scénario solo tourne ici autour d’un mystérieux artefact, morceau de carapace dorée provenant d’une mystérieuse créature dont le leader du campement n’aura de cesse de vouloir percer les mystères. Il est aussi question d’un étrange virus capable de contaminer les créatures pour les faire entrer dans une fureur noire. Les quêtes du village nous feront constamment visiter de nouvelles zones ; on voyagera ainsi des vastes étendues colorées des Steppes Ancestrales aux sombres cavernes de la Cavité Submergée en passant par les étendues glaciales de la Mer Gelée. Absent de la version de base, le désert refait son apparition pour nous offrir son lot de chasse torrides face aux Diablos (pensez à vos boissons fraîches !).

Les différentes zones sont nombreuses, variées et débordent de mystères

Un nouveau monde à explorer

MH4U offre donc une très grande variété de paysages propices à l’exploration. Les différents effets (lave, vent, tempête de neige ou de sable) sont convaincants et participent à l’immersion du joueur au sein d’un écosystème que l’on sent vivant et cohérent. Néanmoins, et comme sur l’épisode MH3U, certaines sous-zones ne profitent pas du même soin et semblent assez vides, de même pour quelques arrière-plans en mode JPEG pas forcément du meilleur rendu. Notez au passage que le titre exploite particulièrement bien le hardware de la New 3DS, les ombres sont plus détaillées, les fps plus stables, la distance d’affichage un poil plus importante, les temps de chargement réduits, la 3D plus agréable à l’oeil et le second stick tombe naturellement sous le pouce. Possesseurs de 3DS classiques, pas d’inquiétude à avoir, hormis un framerate moins stable et, pour peu que l’on dispose d’un Circle Pad Pro, l’expérience de jeu demeure sensiblement la même que sur la nouvelle portable de Nintendo. Mais tout comme MH3U, l’aliasing reste encore bien prononcé du fait de la résolution faiblarde de la console (800 x 240 pixels). Le plus important au final est que le jeu reste parfaitement lisible et artistiquement maîtrisé.

3DS XL, même modèle avec Pad circulaire Pro et New 3DS

Du côté des monstres, l’expertise de Capcom au fil des épisode se ressent au premier coup d'oeil. Les créatures disposent en effet d’une modélisation de première qualité accompagnée du niveau de détail nécessaire à l’immersion. Comme toujours, il est possible de briser certaines parties de leur anatomie afin de les affaiblir et de récolter certains composants particuliers. La patate des coups et la rage déployée par certains grands monstres ne souffre pas de la taille modérée de l’écran. Seul le framerate sur 3DS classique fait quelquefois des siennes en mode solo avec des chutes constatées entre 40 et 50 fps, amplifiées en mode multijoueur dans les zones les plus chargées en détails graphiques ou contre les gros monstres. Le New 3DS affiche en revanche un taux de rafraîchissement d'image bien plus stable en solo et en multi.

Vertical no Limit

Parmi les fonctionnalités introduites par MH4, la nouvelle dimension verticale des combats renforce de belle manière la dimension action-stratégie du gamplay. S'il était déjà possible d’escalader certaines parois pour changer de zone, le joueur est maintenant en mesure de s'agripper à la grande majorité des murs afin de se créer de nouvelles opportunités d’approche des combats. S’accrocher à une paroi permet par exemple de sauter sur un monstre pour effectuer des attaques aériennes capables de le renverser. S’en suit alors une phase de rodéo sur son dos durant laquelle on ne se gênera pas pour poignarder sa cible. Le monstre tentera bien sûr de vous éjecter en remuant dans tous les sens.

Au joueur donc d’alterner via un mini-jeu entre sa jauge de préhension (via la gachette droite) et le martèlement des coups de dague (via le bouton X). Une fois la jauge d’endurance du monstre arrivée à son terme, la créature sera alors renversée s’offrant ainsi aux coups les plus dévastateurs. En multi, les autres joueurs devront néanmoins se méfier de ne pas frapper le monstre lorsqu’un chasseur le chevauche, au risque de le désarçonner. Ils pourront en revanche profiter du QTE pour aiguiser leur arme, boire une potion ou préparer leurs attaques.

Combat et escalade, deux éléments désormais indissociables

Du level design au comportement des monstres, tout semble avoir été pensé autour de cette verticalité. Le moindre petit rebord peut être utilisé pour porter des attaques sautées avec tous les types d’armes. De leur côté, les monstres n’hésiteront pas à prendre de la hauteur pour vous surprendre avec de nouvelles attaques. Une bonne partie du nouveau bestiaire introduit dans MH4 profite de cette dimension plus aérienne du gameplay ; en bon primate, le Kecha Wacha s'agrippe aux lianes, la Nerscylla, nouvelle espèce d’arachnoïde, évolue sur sa toile. Le gameplay se paye donc un nouveau dynamisme porté par la fluidité de l’escalade. Cette verticalité remplace dans les faits les combats sous-marins introduits avec Monster Hunter Tri. Au grand bonheur de nombreux fans, il n’y a donc plus de phases aquatiques dans cet épisode.

Le retour des têtes connues

Côté bestiaire, Monster Hunter 4 Ultimate possède tout simplement le plus grand panel de monstre de la saga avec 98 créatures au casting (23 petits et 75 grands monstres). Pour rester dans le domaine des chiffres, sachez que 85 d’entre eux proviennent d’anciennes générations. Remettons les choses en perspective : MH Freedom Unite comptait 58 grands monstres, Monster Hunter Tri seulement 18 et le dernier épisode en date dans nos contrées, MH3U, en affichait 51. A cet impressionnant tableau s’ajoute un point non négligeable pour les fans de la première heure : une bonne partie des créatures emblématiques des premières et secondes générations de la saga sont de retour après une absence remarquée dans les derniers opus.

On retrouve ainsi le plaisir d’affronter le Tigrex (et ses satanées sous-espèces), le Kirin (afin de pouvoir se crafter le set d’armure pour les personnages féminins), ou bien, pêle-mêle, l’Akantor, le Rajang, le Teostra, le Kushala Daora, sans oublier le Fatalis et ses meurtrières variantes. Du côté des nouvelles têtes (introduites depuis l’épisode 4 ou pour la première fois dans cet épisode Ultimate), les batraciens font leur apparition avec le Tetsucabra, une grenouille pelleteuse fort énervée, le Zamtrios, un requin terrestre aussi glacial que dangereux, sans oublier le Gore Magala, un dragon noir corrompu par une bien étrange peste. Par rapport à MH4, cette version Ultimate n’introduit que deux véritables nouveaux monstres, le Seregios, une wyverne à écailles et un dragon acien nommé le Gogmazios, les 8 autres ajouts ne sont en fait que des sous-espèces de créatures déjà existantes.

Tigrex, Seregios et Zamtrios, entre tradition et nouveauté

Le virus de Frénésie fait lui aussi partie des ajouts de cette quatrième génération. Plutôt destiné aux quêtes de rang supérieur, les monstres infectés par ce dernier deviennent plus puissants et peuvent même revenir à la vie une fois vaincus. Dans ce mode spécial, ils se comportent comme s'ils étaient constamment en mode Rage, leurs yeux deviennent rouges et ils émettent une fumée noire et pourpre. Pour ne rien arranger à la dangerosité de la situation, lorsqu’un monstre infecté vous frappe, il peut vous transmettre le virus. Les dégâts subis sont alors augmentés et la capacité de guérison naturelle est annihilée. Outre quelques consommables, la seule façon de se guérir est de frapper suffisamment le monstre pour repousser l’infection. L’action permet aussi de profiter d’un buff d’affinité (+ 15% de chance de critiques) pendant une période limitée. Ce système ajoute une tension supplémentaire ainsi qu’une dimension stratégique très intéressantes à certaines rencontres. A haut niveau, la plupart des créatures supérieures au rang G seront infectées par le virus.

Un arsenal pour tous les goûts

Deux nouvelles armes font leur apparition dans cette quatrième génération portant l’arsenal utilisable à 14 instruments de combat. Changer d’arme, s’essayer à de nouveaux gameplays et tenter de maîtriser au mieux certaines de ces armes est l’un des grands points forts de la saga Monster Hunter. N’est-ce pas d’ailleurs pour elles (et les armures bien sûr) que le joueur passe des heures à farmer un monstre (qui a dit Rubis Rathalos / Rathian ?) ? Les deux nouveautés peuvent être perçues comme des déclinaisons d’armes déjà existantes. L’Insectoglaive, un bâton accompagné d’un scarabée, mélange la fluidité des épées longues et le système de buff du Cor de chasse mais dépend cette fois d’attaques à distance. La Volto-Hache se veut un savant mélange d’Epée et Bouclier et de Morpho-Hache.

Fluide et gracieux, l'Insectoglaive n'en demeure pas moins une arme redoutable

L’Insectoglaive est une arme atypique au gameplay rythmé ; l’idée est de marquer à distance le monstre grâce à des phéromones puis d’envoyer l’insecte (Kinsecte) accroché à votre poignet frapper la zone ciblée. En fonction de la partie du corps touchée, le scarabée rapportera un buff de couleur conférant au joueur un bonus spécifique. Rouge pour une augmentation de la puissance d’attaque, orange pour de la défense supplémentaire, blanc pour un boost de vitesse et enfin vert pour un petit soin personnel d’appoint. Tout l’intérêt sera ici d’arriver à combiner les différents statuts pour bénéficier de puissants effets sur la durée (voir notre Gaming Live). La palette de mouvements et de combos disponibles sera quant à elle impactée par ces combinaisons. Enfin, élément non négligeable, le bâton permet de se projeter en l’air à la manière d’une perche afin d’effectuer de puissantes attaques sautées capables de renverser les monstres. La philosophie de cette arme est donc en totale adéquation avec la verticalité insufflée à l’épisode par Capcom.

La Volto-Hache est une arme bien équilibrée combinant de nombreux atouts. En mode Epée et Bouclier, le joueur est capable de bloquer de nombreuses attaques tout en assenant des coups afin de charger les fioles de l’arme. Une fois ces dernières remplies, il faut transférer leur puissance vers le mode Hache au risque de voir l’arme rebondir sur l’adversaire (ceci peu importe son tranchant). En maintenant la gâchette droite et le bouton d’attaque, le personnage combine son bouclier et son épée pour créer une imposante hache capable d’assener des coups dévastateurs chargés en effets élémentaires ou de KO. Les armes existantes ont quant à elles reçu un ou plusieurs nouveaux mouvements ainsi qu’une attaque aérienne à effectuer lors d'un saut depuis les corniches. De nombreux équilibrages sont aussi intervenus pour les armes jugées trop puissantes. Il y en aura donc pour tous les goûts en matière de gameplay dans cet épisode.

Il faudra constamment alterner entre les modes Epée et Bouclier et hache avec la Volto-Hache

Un contenu gargantuesque !

Comme dans tous les épisodes de la série, la campagne solo (les quêtes de village) n’est en réalité que la partie émergée de l’iceberg. MH4U déborde littéralement de contenu : quêtes de Guilde, arènes et activités annexes promettent des centaines d’heures de jeu. Et comme si tout ça ne suffisait pas, une zone d’exploration libre vient encore générer une dose de gameplay sans fin. Assez proche du principe de la zone de chasse de Monster Hunter Tri/3 Ultimate, elle s’en éloigne (et en mieux) sur bien des points. Ici, le joueur n’est pas limité par un nombre de morts et peut chasser des monstres apparaissant aléatoirement au sein d’un environnement généré lui aussi au hasard. Le joueur pourra décider de rester le temps qu’il voudra dans la forêt, chaque monstre liquidé (il y en aura 5 au maximum par run) permet d’augmenter ses chances de recevoir une quête de Guilde spéciale à la sortie de la zone.

La Grande Forêt Inconnue offre un terrain de chasse libre

Ces missions gagnent en niveau et en difficulté à mesure qu’on les achève. Mais le jeu en vaut la chandelle puisque des récompenses spéciales sous forme de reliques sont à débloquer. Ces artefacts obtenus en minant ou en récompense de quêtes devront être rénovés au moyen d’abrasifs. Armes rares et puissantes, armures au skin unique, talismans déjà sertis, plus la quête sera de haut niveau, plus la récompense sera élevée. Le joueur fera ainsi progresser la difficulté de ces missions spéciales jusqu’au niveau 140 où il croisera des monstres bien plus puissants que ceux du rang G, souvent infectés par le virus (en mode Apex en version anglaise) et terriblement dangereux.

Une autre nouveauté fera plaisir aux fans, les Felynes sont de retour ! Appelés ici Camarades (ou Palicoes en anglais), ils reprennent du service après avoir été remplacés par des Shakalaka bien moins charismatiques dans les précédents épisodes. Tout comme dans Monster Hunter Portable 3rd, vous pourrez améliorer leurs armes et armures en récupérant des débris lors des quêtes. Deux camarades peuvent se joindre à vous durant les quêtes, un principal et un secondaire. En travaillant en duo, ils pourront réaliser des “duos combo” sur les monstres. Attention toutefois à bien gérer leur barre de motivation grâce à des repos réguliers sous peine de voir l’efficacité de leurs talents diminuer. Des nouveaux camarades font leur apparition scénarisée tout au long de la progression solo afin de fournir des talents et des rôles particuliers (soigneur, buffer, récolteur, etc.). Pendant les quêtes, notre petite équipe de camarades restés au bercail prendra part à une variété de mini-jeux et d'activités secondaires comme la pêche au gros de retour ici.

La bande-son remplit toujours aussi bien son rôle avec ses thèmes épiques à souhait durant les combats et ses douces mélodies dans les villages ou durant l’exploration. Pour les plus mélomanes, il est même possible d’aller confortablement s’installer à l’amphithéâtre de la cité de Dundorma pour écouter une liste de plusieurs morceaux chantés par une diva. Si elle ne présente aucun autre intérêt que celui du simple plaisir et de la relaxation, la fonction démontre une nouvelle fois tout le soin apporté par Capcom à cet épisode de la saga. Notez pour finir que Capcom et Nintendo vont aussi régulièrement proposer de nouveaux contenus au jeu via des DLC gratuits à télécharger depuis le jeu : quêtes spéciales offrant des armes inédites, apparences déjantées pour ses camarades (Link, Megaman, personnages d’Animal Crossing, Chun Lee), le mariage des deux sociétés japonaises se passe plutôt bien.