Kobojo, société française créée en 2008 (connue et reconnue pour ses productions Free to play avec des titres tels que Mutants: Genetic Gladiators) s'extirpe du carcan "jeux casu" avec son dernier jeu intitulé Zodiac, un RPG payant à l'acquisition. Annoncé au Tokyo Game Show 2014, une présentation ayant reçu les retours dithyrambiques de la presse, le projet Zodiac a ensuite réussi une levée de fond de 7 millions de dollars en 2015 tout en s'assurant la coopération de grands noms du J-RPG, pointures de l'industrie vidéoludique japonaise. Pouvoir s'appuyer sur Kazushige Nojima pour le scénario et Hitoshi Sakimoto pour la bande originale du jeu ainsi que les bruitages est un gage de qualité indéniable. Cependant, Zodiac offre bien plus qu'un amalgame de visages ressurgis du passé.
La version sur laquelle nous avons pu poser les mains est à quelques ajustements et fonctionnalités près celle présentée lors de l'E3 2015. Une version tournant sur les derniers modèles d'iPhone et iPad.
Un J-RPG à l’européenne
Zodiac, de par ses choix en termes de game design, s’oriente vers le J-RPG dans sa plus pure tradition avec la volonté avouée par les développeurs eux-mêmes de renouer avec le RPG d’antan, le RPG au tour par tour et ses glorieux Final Fantasy V, Final Fantasy VI … Le jeu de Kobojo est pour ainsi dire la fusion des sagas Final Fantasy et Valkyrie Profile dans leur jeunesse 2D avec une touche de Dragon's Crown. Et la version présentée durant cet aperçu s’était armée de la majorité des fonctionnalités attendues sur un RPG.
Entre exploration, combat et personnalisation, le titre de Kobojo reprend la structure si chère au genre. Montant son fidèle familier, un griffon à tête de tigre à dents de sabre, le héros, une fois libéré de cette éternelle prison où les développeurs aiment commencer leur scénario, explore les terres du monde d’Orcanon … entre items disséminés dans les niveaux, PNJ à rencontrer distillant de précieuses informations à propos de l’univers ou proposant des quêtes secondaires … Un classicisme nostalgique sachant se nourrir des dernières productions européennes (Child of Light, Edge of Eternity, Citizens of Earth …).
Le RPG a pour lui de proposer une véritable immersion au sein de son univers via la personnalisation du héros incarné par le joueur. Sur ce plan, Zodiac relève avec brio le défi. Sans jamais complexifier à outrance ses mécaniques de customisation, Kobojo offre un titre à la fois dense et accessible. Que ce soit par les équipements, les armes, l’arbre des aptitudes (+ de 100 skills à débloquer), les classes … chacun vivra une aventure unique faite de choix tout en permettant aux indécis d’alterner les plaisirs. Au nombre de 12 (entre Alchimiste, Sorcier, Guerrier), les classes appelées “Jobs” s’obtiendront au cours de l’aventure, dans la majorité des cas durant les quêtes principales bien que certaines soient liées à des quêtes secondaires.
Un jeu de rôle ne serait que l’ombre de lui-même sans sa dose quotidienne d’affrontements face à des rats, des golems de pierre et autres créatures issues d’une imagination débordante, pour un bestiaire de prime abord riche. Le système de combat reprend les archétypes d’un système au tour par tour “old school”. Aucun principe d’Active Time Battle ici, l’ordre des pro/antagonistes est annoncé en bas de l’écran. Seul un “stun” pourra changer le déroulement de la bataille.
Notre équipe de joyeux lurons se compose d’un PNJ rencontré durant l’aventure que vous pourrez choisir parmi une liste de plusieurs personnages, le personnage d’un ami (merci les réseaux sociaux) et bien entendu votre propre héros. Concernant la présence d’un ami dans votre partie, cela est finalement d’une simplicité enfantine. Si vous avez une connaissance jouant au jeu et présent dans votre liste de contacts Game Center ou PSN, son héros sera disponible pour participer à vos combats. Cela permettra donc à votre propre héros de combattre encore et encore et donc de “farmer” de l’expérience même en dehors de vos propres sessions de jeu. Une manière habile de couper court aux séances de “farming”. Et si d'amis vous êtes dépourvus, deux personnages vous seront proposés, piochés dans les héros des autres joueurs de Zodiac. Deplus, en cas de combat à la difficulté corsée, votre familier entrera en scène à la moindre invocation, infligeant d’importants dégâts à l’ensemble des adversaires présents.
Les Arts de la Plume, de la Note et du Pinceau
L’annonce d’une coopération franco-japonaise avec au générique la présence de grands noms du RPG nippon sut donner au projet une visibilité inespérée sur la sphère internationale. Avec 250 pages produites sur le scénario de Zodiac, sans compter les dialogues, Kazushige Nojima (scénariste sur Final Fantasy VII, Final Fantasy VIII, Final Fantasy X, Final Fantasy X-2, Final Fantasy XIII, Kingdom Hearts et Kingdom Hearts II) laisse sans nul doute l’empreinte de sa plume sur ce J-RPG. Il en va de même pour Hitoshi Sakimoto (compositeur de Final Fantasy Tactics, Final Fantasy Tactics Advance, Final Fantasy Tactics A2, Final Fantasy XII), premier à rejoindre le projet, et offrant à l’expérience Zodiac une ambiance sonore caractéristique des productions japonaises résonnant tendrement à l’oreille des fans de l'univers d’Ivalice.
Zodiac s’ouvre sur une introduction en dessin animé aux courbes, palettes de couleurs et rythme hommage rendus aux oeuvres du studio Ghibli et la série animée Les Chroniques de la Guerre de Lodoss. Un travail d’une finesse me laissant béa pour une cinématique de plusieurs dizaines de secondes laissant entrevoir le potentiel du titre. Kobojo envisage plus de 47 cinématiques ponctuant l’aventure. La découverte d’un nouveau job, la rencontre d’un boss … le studio japonais en charge de la production de ces courtes animations étoffe l’expérience par cette touche “animée” plaisante.
Et la direction artistique, une fois en jeu, confirme cette pensée primaire. Proche des productions du studio Vanillaware, l’écran Retina de l’iPad se mue en peinture vivante. Les décors, les personnages sont littéralement “peints à la main”.
Bien que les effets spéciaux, les particules et autres animations ajoutant de la vie à l’ensemble ne soient pas encore présents dans ce build, la claque graphique encaissée fut à la hauteur de l’attente suscitée.
L’arrivée de deux personnalités du RPG japonais sur le projet Zodiac aura surpris le petit monde du jeu vidéo. Voici l’anecdote à l’origine de cette collaboration. En octobre 2013, Mario Rizzo (CEO) et Julien Bourgeois (Game Director) se rendent au concert de Hitoshi Sakimoto donné sur Paris. Fan du compositeur, ils se procurent des places VIP donnant la possibilité de rencontrer l’artiste une fois la représentation terminée. Le concert touchant à sa fin, nos deux compères se rendent dans les coulisses et rencontrent finalement l’homme derrière les musiques de Final Fantasy Tactics. De fil en aiguille, la conversation change de cap, le projet Zodiac est présenté et l’idée d’une collaboration évoquée. Le musicien acquiesçant poliment. Quelques jours plus tard, le téléphone sonne annonçant l’arrivée de Hitoshi Sakimoto dans les locaux de Kobojo afin de discuter plus en profondeur d’un partenariat qui s’avèrera fructueux. Puis de rencontres en salons, de séances de travail en dîners non officiels, les membres clés de Kobojo rencontrent Kazushige Nojima ... une rencontre une nouvelle fois décisive. Touché par le projet, souhaitant s’extirper des productions AAA et poser sa plume sur un projet à taille humaine, le scénariste de Final Fantasy VII rejoint les rangs de l’équipe Zodiac.
Zodiac : Les 17 premières minutes de gameplay
Il y a si peu de vérités en ce bas monde que lorsque l'une d'entre elles nous explose au visage notre premier réflexe demeure la suspicion avant de s'abandonner dans les bras rassurant d'une créativité qui n'a en rien perdu de sa superbe. Zodiac chatoie l'oeil, une qualité graphique telle que le jeu peut se vanter d'être l'un des plus beaux titres sur iOS bien qu'il soit encore en développement. Le gameplay, quant à lui, baigne dans une nostalgie de chaque instant, reprenant les mécaniques des anciens J-RPG tout en y ajoutant cette touche contemporaine, rafraîchissant un genre qui conviendra dès lors au public à la fois occidental et japonais. Le projet de Kobojo s'annonce comme l'une des excellentes surprises de cette fin d'année 2015. Prévu sur iOS dans un premier temps, le jeu est d'ores et déjà annoncé sur PlayStation Vita afin de toucher les joueurs du pays du soleil levant.