Il y a quelques jours, à l'occasion du MKM Partners Event, le PDG de Take Two, Strauss Zelnick, a vanté les méthodes de travail de ses équipes, en apportant son analyse sur celles de ses concurrents. L'homme place ainsi sa compagnie en contre-pieds d'entreprises comme Activision-Blizzard et Ubisoft, en critiquant l'annualisation de certaines franchises.
Ce n'est pas le genre à mâcher ses mots. Strauss Zelnick, le PDG de Take Two, est un homme discret et apparaît moins souvent dans les médias que certains de ses homologues. Mais lorsqu'il parle, il distribue à gauche et à droite des petites claques qui rappellent que son entreprise se porte très bien, en suivant un chemin bien différent de ses principaux concurrents.
Ce sont nos confrères de Gamespot qui relaient ses propos, et ils sont très intéressants. L'homme refuse l'idée d'annualiser certaines licences de Take Two, expliquant que cela n'aurait aucun intérêt pour l'éditeur.
C'est une supposition. Si nous devions annualiser chacune de nos franchises, mettant de fait de côté tout le reste, les mathématiques le disent : nous serions dans une meilleure position. Mais qu'est-ce cela signifierait ? Eh bien, cela impliquerait que nous doublions nos effectifs. Cela impliquerait de remettre en question la qualité de ce que nous produisons. Et cela impliquerait que nous prenions le risque de lasser les consommateurs de nos franchises. Ce qu'il y a de mieux, chez Take Two, c'est que nos franchises ont l'air d'être permanentes. Elles sont aimées, et permanentes. Tandis que nos concurrents assèchent leurs franchises, ce qui signifie qu'ils doivent en créer d'autres, ce qui est extrêmement difficile à faire.
Et en effet. Si l'on prend l'exemple d'Ubisoft et de son Assassin's Creed, l'éditeur français a dû au fil des années enrichir son catalogue de nombreuses nouvelles IP. Ces dernières années, on a notamment eu droit à Watch Dogs, The Division ou encore The Crew. Lancer de nouvelles marques est extrêmement périlleux dans l'industrie du jeu vidéo, mais en suivant une méthode bien précise et grâce à ses talents de communication, Ubisoft a réussi à imposer ces licences, et à en retirer un certain bénéfice. L'idée est principalement de ne pas dépendre d'une seule licence, comme le confirme Zelnick. Selon lui, avant d'être racheté par Take Two, Rockstar était beaucoup trop dépendant du succès de GTA. Maintenant, le but pour l'éditeur américain est clair : ajouter suffisamment de nouvelles licences à son catalogue afin de pouvoir en ressortir une tous les ans, avec un roulement suffisamment important pour que chaque itération d'une même licence ne revienne pas trop souvent.
Nous pouvons avoir un planning de sortie vraiment très puissant, sans assécher nos licences. C'est notre objectif.
Si Zelnick essaie clairement de se donner le bon rôle, au moment où l'annualisation de certaines franchises est remise en question autant par la presse que par les joueurs, il ne faut pas oublier certaines réalités. Car si la méthode Take Two est différente de celle d'Ubi ou d'Activision, il s'agit toujours de se faire de l'argent. Take Two génère certes moins de revenus que ces deux éditeurs, mais leurs bénéfices sont loins d'être négligeables. Ubisoft et Activision sont deux grosses machines qui emploient des milliers de personnes à travers le monde, tandis que Take Two est autrement plus modeste. Zelnick oublie également de parler de licences comme NBA 2K ou WWE 2K, qui reviennent chaque année, ou du modèle économique extrêmement profitable de GTA V et surtout de son mode online, qui a déjà rapporté plus de 500 millions de dollars, rien qu'en micro-transactions. Et la méthode n'est pas forcément gage de qualité, comme l'a prouvée la sortie récente de Mafia III, qui malgré de réelles qualités souffre de nombreux défauts techniques, et d'une construction parfois caduque.
Vidéo-test : notre avis sur Mafia III en quelques minutes