Vous l'avez peut-être vu passer, mais depuis quelques jours une campagne de prévention contre différentes formes d'addiction a démarré. Et aux côtés des habituelles drogues légères ou dures et alcool, on peut y trouver... le jeu vidéo.
On est un peu énervé, en ce moment, au Syndicat National du Jeu Vidéo. Lundi, l'INPES (l'Institut National de Prévention et d'Education pour la Santé), en association avec la Mildeca (la Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites Addictives) a lancé une toute nouvelle campagne de prévention, ciblant notamment les adolescents, pour les mettre en garde des risques de conduites addictives en cas de consommation d'alcool, de diverses drogues, et... de jeux vidéo. Le jeu vidéo, mis au même niveau que l'une des premières raisons de mortalité en France ? Il n'en fallait pas plus pour que le syndicat sorte fourches et torches.
Cannabis, alcool, jeux vidéo, tous dans le même sac
C'est probablement ce qui a fait le plus réagir le SNJV : la campagne est en fait composée de trois courtes vidéos, chacune entièrement dédiée à l'un des maux des "jeunes consommateurs" : le premier met en scène une certaine Maïa, et traite des problèmes d'addiction à l'alcool ; le second nous parle d'Alex, qui a manifestement du mal à se passer de ses cigarettes qui font rire ; et la dernière, elle, plus curieuse, est donc dédiée aux jeux vidéo.
Problème, la science ne s'est toujours pas prononcée quant aux phénomènes d'addiction concernant le jeu vidéo, et si aucun consensus n'existe réellement, la tendance serait plutôt à dire que, non, "les jeux vidéo n'entrent pas dans la liste des addictions", comme le rappelle d'ailleurs Guillaume de Fondaumière, président du SNJV.
Grossiers clichés ou mauvaise interprétation d'une partie du public ?
Ce qui n'a pas manqué de faire réagir, également, c'est la vision donnée des joueurs via le clip qui dépeint Nico, le "gamer addict", comme l'archétype du "no-life", à la fois gros, sale et asocial. Un portrait des plus charmants et stéréotypés qui n'a pas plu du tout au syndicat. A tel point qu'ils ont choisi de contacter la Ministre de la Culture, Fleur Pellerin, ainsi qu'Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat Chargée du Numérique, pour dénoncer cette "stigmatisation des joueurs".
Néanmoins, si l'on se reporte à la page Internet de la campagne, celle-ci explique justement que :
Ces spots mettent en scène les visions caricaturales et fantasmées induites par des conduites potentiellement addictives
Dans le clip dédié aux jeux vidéo, "Nico" est présenté à la fois comme un héros de jeux vidéo, un enfant vissé à son siège auto, un joueur de poker, puis en caricature du no-life ; comme pour Maïa et Alex, sa représentation à l'écran change en fonction des personnes qui le regardent : lui-même, sa mère, ses amis, son père... Il s'agirait donc de ne pas se focaliser sur cette image en particulier, qui n'en est qu'une parmi plusieurs autres, toutes volontairement caricaturales.
Une campagne maladroite mais pas dénuée d'intérêt
Si l'on peut effectivement s'interroger sur la pertinence de comparer de facto jeux vidéo, alcool et drogues, il faut aussi admettre que des comportements potentiellement néfastes existent bel et bien, et s'il n'est sans doute clairement pas aussi dangereux de consommer "trop" de jeux vidéo que d'alcool ou de cannabis, une étude récente affirmait qu'un ado français sur huit avait un "usage problématique" des jeux vidéo. De quoi inquiéter certains parents qui auraient bien besoin d'être rassurés. Du côté de la Mildeca, le but est clair : prévenir tous les risques, même les plus minimes.