Décidément, le joueur console subit de plus en plus les lois impitoyables du marketing. Dernière idée "géniale" issue des cerveaux de ceux dont le boulot consiste à nous vendre le plus de jeux possibles : varier un tant soit peu le contenu d'un seul et même titre selon qu'il s'agisse de la version destinée à telle ou telle console. Le fan se retrouve ainsi soumis à une torture qu'on pourrait apparenter au supplice de Tantale. Le prochain Rainbow 6, sous-titré Lockdown et que nous a présenté Ubi Soft, s'inscrit dans cette mouvance bien frustrante pour celui qui n'a pas toutes les consoles et donc un compte en banque de ministre. En effet, ce jeu devrait sortir simultanément sur PS2 et Xbox mais, sur la machine de Sony, on trouvera 16 missions solos contre 14 pour la 128-bits de Microsoft. Par contre, peut-être à titre de compensation, cette version là bénéficiera d'une carte multijoueur exclusive.

Voilà pour ce qui les divise, observons maintenant ce qui rassemble ces deux versions, à savoir l'esprit du jeu. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'on est bien loin des débuts de la série Rainbow 6. Le shoot très militaire à haute teneur de stratégie laisse ici la place à un principe plus orienté arcade. Oublié le cheminement par étape où l'on donne ses ordres à ses hommes et où on leur indique l'endroit où ils doivent les exécuter avant d'en obtenir d'autres une fois que le jeu est en pause. Dans "Lockdown", le commando progresse en temps réel pour contrer les plans diaboliques d'un milliardaire pas bien dans sa tête qui a mis la main sur un agent bactériologique. Menés par l'inoxydable Ding Chavez, déjà héros d'autres Rainbow 6, vos hommes se montrent aussi redoutables que leur chef et chacun possède sa spécialité au combat : fusil à pompe, explosif, informatique...

Outre la campagne solo, d'autres modes vous permettent de déverrouiller certaines armes spéciales très utiles dans les niveaux les plus avancés. Citons par exemple le mode "Terrorist Hunt", "Infiltrator" ou "Long Rush" où il s'agit d'abattre un maximum d'ennemis dans un temps imparti, chaque cible atteinte octroyant une poignée de secondes supplémentaires pour prolonger la partie. La campagne solo elle-même aura l'avantage de se dérouler à deux vitesses. Intercalés entre les missions à réaliser ou parmi le commando, certains niveaux vous placeront derrière la lunette d'un fusil de précision avec pour seul mot d'ordre de protéger vos hommes du haut d'un balcon et de leur permettre d'atteindre leur but en neutralisant ce que certains soldats appellent "l'opposition".

Pour conclure cette présentation, voici une petite interview croisée de Deck Waters de Red Storm (à droite sur la photo), chargé du développement de la version PS2 de Lockdown, et de Jean-Pascal Bambiotti d'Ubi Montreal (donc à gauche), studio qui s'est consacré à la version Xbox.

jeuxvideo.com > Deck, vous travaillez chez Red Storm. Avez-vous une quelconque relation dans le travail avec Tom Clancy ?

Deck Waters : Comme vous le savez, en plus d'être un auteur à succès, Tom Clancy est l'un des fondateurs de Red Storm. Mais aujourd'hui, depuis qu'il l'a vendu à Ubi Soft, il n'a plus vraiment un rôle très actif au sein du studio. Cela se limite à approuver le contenu des jeux qui utilisent son nom.

jeuxvideo.com > Le fait que les deux versions du Lockdown n'aient pas été développées par le même studio est-il le résultat d'une clause de contrat ou plutôt la preuve d'une vraie différence de compétence ?

Deck Waters : D'un commun accord, nous avons voulu que le développement soit le plus efficace possible. Et nous avons obtenu cette efficacité qui s'est traduite par un développement très court en travaillant de concert. A la base, le développement débutait sur la PS2 puis nous envoyions des éléments à Ubi Montreal qui en faisait de même. Pour parvenir à travailler ensemble, nous avons dû énormément partager et communiquer.

jeuxvideo.com > Jean-Pascal durant la présentation, vous avez abordé l'aspect technique de la version Xbox. Pourriez-vous nous donner des détails sur ce point ?

J-P Bambiotti : Du fait qu'elle dispose de plus de mémoire, la Xbox peut afficher plus d'éléments à l'écran et cela se traduit par des ombres dynamiques, des textures plus fines que la version PS2.

jeuxvideo.com > Et, Jean-Pascal, vous qui avez travaillé sur la version Xbox, quels sont les avantages de la PS2, à votre avis ?

J-P Bambiotti : Je ne pourrais pas l'expliquer en termes techniques mais je pense que la PS2 accorde plus de liberté dès qu'il s'agit de pousser le nombre de polygones qui composent les objets 3D. C'est juste une question de techniques qu'on peut utiliser avec cette console et qui ne fonctionnent pas sur Xbox.

jeuxvideo.com > Et vous, Deck ? Quels sont d'après vous les avantages dont disposent ceux qui développent sur Xbox ?

Deck Waters : Ils disposent de plus de mémoire dédiée aux textures et de polygones, tout du moins en théorie...

jeuxvideo.com > Cet épisode de Rainbow 6 est vraiment accessible par rapport aux débuts de la série. Pourquoi ne pas avoir carrément créé une nouvelle série délibérément orientée "arcade" ?

Deck Waters : Nous ne voulions pas tourner complètement le dos au "shoot-tactique-dans-lequel-on-dirige-un-commando". Reste que l'audience des premiers Rainbow 6, et je parle des versions PC, est un public très restreint. Il y a des fans, c'est sûr, mais rares sont les joueurs qui soient prêts à s'investir dans un shoot tactique trop réaliste où il faudrait mesurer chaque pas. De plus, même si nous avons voulu que ce jeu soit plus accessible, cela ne signifie pas que nous voulions qu'il soit "stupide". Tout en devenant plus agréable pour tout le monde, Lockdown conserve un côté stratégique indéniable et une difficulté assez sélective.

jeuxvideo.com > Thank you, Deck.

jeuxvideo.com > Merci Jean-Pascal.

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